La Lettre d’Afghanistan 5 juin 2025
L’Afghanistan parle, debout et libreCette semaine, La Lettre s’efface un instant pour laisser place aux voix afghanes. Elles viennent de toutes parts : d’un champ de bataille dans le Panjshir, d’un exil européen, d’un studio de poésie clandestin, d’un message anonyme sur les réseaux. Ce sont des mots de résistance, de lucidité, de chagrin parfois — mais jamais de renoncement. À lire ces textes, on comprend une chose : le silence n’a pas gagné. Malgré la répression, malgré l’exil, la parole afghane vit, pense, écrit, débat et construit. Poètes, anciens ministres, militantes, combattants ou étudiants en diaspora : cette édition en témoigne. Et si les Talibans veulent imposer une parole unique, ces voix montrent qu’un autre Afghanistan existe encore — dans chaque vers, dans chaque idée, dans chaque refus de se taire. 12 juin 2025 à 18h30 – Théâtre de la Concorde – PARIS avec la participation de Shoukria Haidar, présidente de Negar, soutien aux femmes d’Afghanistan « Elle se soulève telle une ruine dans les rues, liberté Sous les lames, les poignards et la fusillade, liberté. Ô fille de Kaboul, tourbillons de vents en furie De ta gorge serrée à chaque fois s’élance la liberté. » Mahtâb SâheHead of AFF political committee. #StopHazaraGenocide Daoud Naji est, depuis septembre 2024, le chef du comité politique du Front pour la liberté de l’Afghanistan (AFF).L’Afghanistan Freedom Front est un groupe armé anti-taliban opérant sur l’ensemble du territoire afghan, formé en mars 2022. La direction de l’AFF comprend notamment l’ancien chef d’état-major général, le général Yasin Zia
Le texte publié par Daoud Naji sur X est une réflexion profondément humaniste et éclairée sur la nature complexe, fluide et évolutive de l’identité. En voici une traduction intégrale en français, avec un effort de clarté et de fidélité au ton : L’identité n’est ni une réalité simple, ni univoque. Elle n’est ni purement ethnique, ni entièrement construite et culturelle. Elle est un mélange, une combinaison de dimensions innées et acquises, multifacettes, diverses, mais aussi fluides et évolutives. Nos ancêtres – comme ceux de la plupart des peuples du monde – ont, à un moment donné de l’histoire, eu une autre religion (avant l’islam, comme les Européens avant le christianisme), d’autres langues qu’ils parlaient – certaines aujourd’hui disparues – et d’autres croyances ont depuis pris leur place. Lire la suite et n’oubliez pas de réserver votre place, il n’est pas trop tard 👇
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Dans les rues poussiéreuses de Kaboul, les marchés de Kandahar, les champs de l’Urozgan ou les ateliers de Khost, des enfants afghans peinent sous le poids de la survie. Ils portent des briques, des jerrycans d’eau, des plateaux de pain ou des seaux de graisse. Ce sont les visages invisibles d’une tragédie silencieuse : celle d’une enfance volée par la pauvreté, la guerre, et un régime fondé sur l’exclusion. Depuis le retour au pouvoir des Talibans en août 2021, le travail des enfants a explosé. Selon l’OCHA, 19 % des enfants afghans sont désormais forcés de travailler, souvent dans des conditions dangereuses et inhumaines. Derrière chaque chiffre, une vie mutilée : celle de Zahra, 11 ans, qui vend du maïs grillé pour nourrir ses frères ; de Wali, 12 ans, apprenti mécanicien aux mains noircies par la graisse ; ou de Farid, 7 ans, qui pèse les passants au marché pour gagner de quoi acheter du pain.
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L’OTAN, ou Organisation du traité de l’Atlantique Nord, est l’une des plus grandes organisations politico-militaires au monde. Elle a débuté avec 12 membres et en compte aujourd’hui 32. L’organisation dispose d’un pouvoir militaire et politique influent et a joué un rôle essentiel dans le maintien de l’unipolarité de l’Occident. Après les attentats du 11 septembre contre les tours du World Trade Center, l’OTAN a activé pour la première fois l’article 5 de son traité — stipulant qu’« une attaque contre l’un des membres est considérée comme une attaque contre tous » — et est intervenue en Afghanistan sous la bannière de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS), deux ans après l’invasion américaine et la chute du régime taliban.
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Il flotte dans l’air des démocraties occidentales comme un parfum de renoncement. À mesure que les générations passent, les valeurs qui ont porté l’essor de la civilisation libérale — liberté d’expression, droits humains, égalité devant la loi, souveraineté populaire — semblent s’effriter sous le poids d’un individualisme consumériste, d’une fatigue historique, et d’une désorientation morale. Les discours politiques se vident, les institutions peinent à inspirer confiance, et la mémoire collective s’use, comme si le confort avait désarmé les peuples. Ironie tragique : au même moment, à des milliers de kilomètres, dans les montagnes et les vallées d’un pays ravagé par le despotisme, des hommes et des femmes prennent tous les risques pour défendre précisément ces mêmes idéaux. Ce pays, c’est l’Afghanistan. Et ces hommes et ces femmes, ce sont les résistants afghans.
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Depuis l’effondrement de la République islamique d’Afghanistan le 15 août 2021 et le retour au pouvoir des Talibans, les Afghan·es — dans le pays et dans la diaspora — débattent, principalement en ligne, de la manière dont le monde devrait traiter avec un régime de facto qui ne bénéficie ni de légitimité interne ni de reconnaissance diplomatique formelle. Cette conversation numérique est influencée par un réseau vaguement structuré d’influenceurs liés aux Talibans, qu’on peut raisonnablement qualifier de lobbyistes. Ces personnalités, souvent bien connues, utilisent X (ex-Twitter), Facebook, Telegram et d’autres plateformes pour promouvoir les intérêts des Talibans, façonner l’opinion publique, défendre leurs politiques et maintenir un lien entre Kaboul et le reste du monde — bien qu’aucun État n’ait reconnu officiellement leur régime.
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Synthèse du document : « Epilogue to the war: Afghanistan reports the lowest well-being in recorded history » « La satisfaction de vie moyenne en Afghanistan après la prise de pouvoir des Talibans est la plus basse jamais enregistrée dans l’histoire des études sur le bien-être subjectf.
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Le 5 mai, alors que les Pays-Bas célèbrent la liberté conquise au prix du sang, des larmes et des sacrifices, l’ambassade d’Afghanistan aux Pays-Bas a décidé de témoigner sa loyauté envers le contraire de la liberté. Le nom de « République islamique d’Afghanistan » et le drapeau national tricolore, symbole de la résistance à la tyrannie et de l’espoir d’un Afghanistan libre, ont été retirés du site web et des réseaux sociaux de l’ambassade. Cela n’a pas eu lieu n’importe quel jour, mais le jour de la Libération.
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Le 28 mai, Journée mondiale de la santé menstruelle, passe sous silence en Afghanistan. Dans un pays où les Talibans ont interdit l’école aux filles au-delà du primaire, le mot « règles » est devenu un tabou social, un non-dit médical, une menace silen…
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L’Afghanistan a connu une dégradation systématique des institutions démocratiques, des libertés civiles et des droits des femmes depuis le retour au pouvoir des talibans en août 2021. Autrefois, l’Afghanistan émergeait prudemment comme un État démocratique, avec une participation active de la société civile. Aujourd’hui, il nous rappelle avec force ce qui se passe lorsque la communauté internationale se désengage prématurément de transitions politiques fragiles. Alors que les talibans consolident leur contrôle autoritaire, imposent l’apartheid sexuel et isolent les voix de l’opposition, une question pressante se pose : quelle responsabilité le monde porte-t-il dans la protection des aspirations démocratiques qu’il a autrefois contribué à nourrir ? Cet article soutient qu’un soutien international renouvelé aux acteurs démocratiques en Afghanistan est non seulement un impératif moral, mais aussi une nécessité stratégique pour la stabilité régionale et mondiale.
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Nous sommes les fils et les filles de l’Afghanistan – membres des forces spéciales et militaires qui, après les attentats terroristes du 11 septembre 2001, ont combattu aux côtés des troupes américaines dans une lutte acharnée contre le terrorisme. Notre combat n’était pas seulement pour la défense de notre patrie, mais aussi pour la sécurité mondiale et les valeurs qui protègent le monde libre des menaces extrémistes. Avec un engagement indéfectible, nous nous sommes entraînés, avons combattu, avons été blessés et avons été témoins du martyre de nos camarades aux côtés des forces américaines. Ces sacrifices n’étaient pas le fruit du devoir, mais le fruit d’une foi partagée en une cause et une alliance communes.
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Il ne s’agit pas seulement de censure, mais d’isolement culturel. Il s’agit d’une tentative de couper le peuple afghan du savoir, du débat et du monde. Il s’agit de contrôler la façon dont les gens pensent, ce qu’ils apprennent et comment ils imaginent l’avenir. Ce qui est en danger, c’est bien plus que la littérature. C’est la mémoire, l’identité et le droit de penser librement.
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L’Afghanistan, pays aux sous-sols d’une richesse exceptionnelle, pourrait s’appuyer sur ses ressources minières pour construire une économie durable, réduire la pauvreté et soutenir son développement. Pourtant, depuis la prise du pouvoir par les Talibans en août 2021, ces ressources sont l’objet d’une spoliation systématique, dans un silence quasi-total de la communauté internationale. Ce pillage organisé, dépourvu de tout fondement légal, détruit non seulement l’environnement, mais compromet aussi les droits économiques des citoyens et l’avenir même du pays.
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Nous nous souvenons encore du jour de la chute de Kaboul. Nombre d’Afghans ayant travaillé aux côtés des Américains dans des missions militaires, diplomatiques et de développement ont immédiatement compris les risques auxquels ils étaient exposés sous le régime taliban, qui les considérait non pas comme des civils, mais comme des traîtres et des infidèles. Ces partenaires afghans des États-Unis savaient que rester sur place signifiait un grave danger, voire la mort.
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L’un des aspects méconnus — mais révélateurs — de la souveraineté limitée de l’Afghanistan est la provenance de ses billets de banque. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’Afghani, monnaie nationale, n’est pas produit localement. Il est, depuis plusieurs années, imprimé en France, dans les ateliers de la société Oberthur Fiduciaire, spécialiste de la fabrication sécurisée de devises.
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