L’identité, une construction fluide et plurielle

Head of AFF political committee. #StopHazaraGenocide.

Le texte publié par Daoud Naji sur X est une réflexion profondément humaniste et éclairée sur la nature complexe, fluide et évolutive de l’identité. En voici une traduction intégrale en français, avec un effort de clarté et de fidélité au ton :


L’identité n’est ni une réalité simple, ni univoque. Elle n’est ni purement ethnique, ni entièrement construite et culturelle. Elle est un mélange, une combinaison de dimensions innées et acquises, multifacettes, diverses, mais aussi fluides et évolutives.

Nos ancêtres – comme ceux de la plupart des peuples du monde – ont, à un moment donné de l’histoire, eu une autre religion (avant l’islam, comme les Européens avant le christianisme), d’autres langues qu’ils parlaient – certaines aujourd’hui disparues – et d’autres croyances ont depuis pris leur place.

Même dans la dimension dite « innée » ou ethnique de l’identité, la science a démontré qu’aucun être humain actuel ne possède un ADN « pur » ou issu d’un seul et unique lignage.

Quant à sa dimension culturelle, il est évident que les éléments identitaires peuvent être profondément changeants.

Prenons l’exemple évident de l’impact de la migration sur l’identité : une personne née de parents afghans, née en Iran ou au Pakistan pendant l’exil, puis ayant grandi en Europe ou en Amérique, ayant été scolarisée et devenue citoyenne de ce pays, mais qui ne sait ni lire ni écrire la langue de ses parentsqui est-elle, identitairement parlant ? A-t-elle la même identité que ses parents ? Aime-t-elle l’Afghanistan autant qu’eux ? Sa langue de pensée est l’anglais ; sa mémoire émotionnelle peut être plus proche de celle d’un camarade nigérian que de celle de ses cousins restés en Afghanistan. N’est-elle pas, identitairement, une personne différente ?

Pendant des milliers d’années, l’identité de genre a été définie de manière binaire : homme ou femme. Mais, que cela nous plaise ou non, aujourd’hui, l’identité de genre ne se résume plus à cette dualité. Elle est désormais multiple et diverse.

Et si même l’élément du genre – longtemps perçu comme purement biologique – a fini par évoluer, il n’est pas difficile d’admettre que les autres aspects de l’identité puissent, eux aussi, être changeants, voire choisis.

Si l’on aborde la question de l’identité sous cet angle, alors la plupart des conflits identitaires récents, y compris sur les réseaux sociaux ou dans l’espace public en Afghanistan, trouvent une logique et une solution durables. Mieux encore : leur vanité apparaît au grand jour.

Laissons les individus définir eux-mêmes leur identité.

Autre point : la convergence et la coopération dans les sociétés modernes reposent sur la pensée partagée, et c’est ce qui les rend plus durables.

Les individus modernes se rassemblent autour d’objectifs communs, de valeurs partagées, de réflexions collectives — et non plus autour d’identités rigides. Ainsi, des identités diverses peuvent coexister, unies par ces objectifs et ces valeurs.

Le poète Rûmî (Mawlana Jalaluddin Mohammad Balkhi) nous a indiqué la voie, il y a des siècles :

Il est des Hindous et des Turcs qui partagent la même langue,
Et des Turcs entre eux qui sont comme des étrangers.

La vraie langue est celle du cœur ;
La communion des âmes vaut mieux que la langue partagée.

Nous ne pourrons éviter de tomber dans le puits obscur des Mollahs de l’obscurantisme qu’en suivant le chemin montré par Rûmî.

 

 



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