Mise à jour mensuelle sur la sécurité en Afghanistan (mai – 2025)

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Mise à jour mensuelle sur la sécurité en Afghanistan (mai – 2025)

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Mise à jour mensuelle sur la sécurité en Afghanistan (mai – 2025)

Résumé

En mai 2025, le régime taliban a intensifié son emprise sur le pouvoir par le biais d’une centralisation autoritaire, d’une application idéologique et d’une répression ciblée. Alors que des gains tactiques en matière de diplomatie régionale et de cohésion administrative interne ont été observés, le régime est confronté à des dissensions internes qui s’aggravent, à un mécontentement croissant de la population et à un malaise régional. Cette évaluation mensuelle dissèque six dimensions majeures du régime taliban, notamment la gouvernance, le contrôle social, la dynamique de la sécurité et les relations régionales.

  1. Consolidation du leadership et contrôle interne
  2. Le mollah Hibatullah Akhundzada est sorti exceptionnellement actif, se rendant à Kaboul et à Kandahar pour renforcer l’unité idéologique et affirmer un contrôle direct sur les opérations financières et de renseignement. L’autorité fiscale a été transférée à Kandahar, en contournant les structures bureaucratiques traditionnelles.

Ces mesures signalent une centralisation, mais soulignent également les divisions internes, en particulier au sujet de la Loya Jirga et des purges administratives.– Actions clés : Réduction du personnel dans les rangs militaires et civils, y compris dans le secteur de l’éducation.– Résultat : Intensification des frictions entre les dirigeants de Kandahari, le réseau Haqqani et les ministères de la Sécurité.

2. Talibanisation structurelle de la société

En mai, les talibans ont poursuivi le remodelage de la société afghane selon leur interprétation stricte de la doctrine religieuse :
– 46 nouvelles madrassas établies dans 9 provinces– Plus de 21 000 madrassas fonctionnant avec plus de 3 millions d’élèves– Fermeture de 800 centres d’alphabétisation pour filles soutenus par l’ONU à Logar, Paktia et Panjshir– Interdiction de la représentation d’images dans 18 provincesCette transformation systémique reflète les modèles autoritaires théocratiques, le démantèlement des institutions civiques et des cadres éducatifs modernes.

3. Intensification de la répression et retour au pouvoir par la peur

La résurgence des châtiments corporels et des détentions arbitraires reflète la stratégie des talibans de gouverner par la peur et la répression. En ciblant physiquement les dissidents présumés et en rendant la justice en dehors des cadres juridiques, le régime cherche à réaffirmer son contrôle et à dissuader la résistance organisée.
Cependant, ces tactiques risquent d’aggraver le ressentiment de la population et de favoriser une instabilité à long terme.

Malgré l’examen international et les rapports locaux, les talibans nient ces abus, dépeignant leur système judiciaire comme un réhabilitateur – une affirmation qui contredit fortement les preuves documentées.– Des flagellations publiques et des procès sommaires ont eu lieu dans 16 provinces.– 105 hommes et 11 femmes ont été fouettés en public pour des crimes moraux présumés (par exemple, relations extraconjugales, vol, consommation d’alcool, fugue de chez eux).– Arrestations arbitraires ciblées :  D’anciens membres des forces de sécurité—, Des membres de groupes d’opposition comme le Front de résistance nationale et le Front de la liberté—, Des journalistes, des militants et des manifestants locaux· En mai, des détentions et des mesures de répression ont été particulièrement observées dans les districts de Jurm, Shuhada et Argo dans la province du Badakhshan

● Des informations continuent de faire état de torture, d’exécutions extrajudiciaires et de coercition à l’encontre des familles des détenus.

4. L’engagement avec les minorités religieuses : tactique, pas authentique

Au cours du mois de mai, les talibans ont tenu des réunions avec les dirigeants de la communauté chiite et ont annoncé publiquement leur soutien à leurs cérémonies religieuses dans certaines régions. Cependant, ces gestes contrastent fortement avec les informations selon lesquelles des textes religieux chiites ont été confisqués ou brûlés dans plusieurs provinces.

Les talibans ont mis en place un département dédié au sein de leur appareil de renseignement pour gérer les affaires chiites, signalant une stratégie calculée visant à coopter des personnalités religieuses chiites à des fins de contrôle local et d’atténuation des critiques internationales. Cet engagement n’est pas le signe d’une tolérance religieuse, mais plutôt d’une politique délibérée de surveillance et d’influence.

Ces efforts semblent viser à prévenir l’émergence d’une résistance chiite organisée en offrant un hébergement superficiel tout en maintenant une dominance structurelle. L’interaction des talibans avec les minorités religieuses reste de nature tactique – une forme d’endiguement politique plutôt qu’un véritable pas vers l’inclusion ou le pluralisme.

5. Manœuvres régionales des talibans – Poursuite de la légitimité externe

En fin de compte, l’approche des talibans repose sur l’obtention d’une reconnaissance officieuse par le biais d’une diplomatie régionale soutenue. En cultivant des liens pragmatiques avec des États voisins et influents – en particulier la Russie, la Chine, l’Iran et l’Inde – le groupe cherche à contourner l’isolement mondial et à construire une légitimité de facto.

Cette stratégie met l’accent sur la coopération économique, la coordination de la lutte contre le terrorisme et l’inclusion symbolique dans les forums régionaux. Bien qu’un tel engagement ait permis de normaliser les relations avec certains acteurs, il reste transactionnel et prudent. Les préoccupations profondes des puissances régionales, notamment le terrorisme, la radicalisation idéologique et l’alignement géopolitique, continuent de limiter la portée de la confiance et de la reconnaissance officielle.

Ces préoccupations sont soulignées par une série de menaces spécifiques citées par les acteurs régionaux, notamment :– La présence présumée de plus de 20 groupes terroristes opérant depuis le sol afghan (comme l’a déclaré le ministre russe de la Défense à la fin du mois de mai) ;– Le débordement potentiel d’activités extrémistes en Asie centrale ;– L’agenda secret présumé des talibans dans leur engagement avec l’Occident ; et – La prolifération des madrasas religieuses, considérées comme vecteurs de radicalisation idéologique et de terrorisme futur.

6. Paysage sécuritaire – Déclin de l’activité de la résistance, renforcement du contrôle des talibans

Par rapport aux mois précédents, les opérations armées des factions de la résistance anti-talibans semblent avoir diminué à la fois en fréquence et en ampleur. Les groupes mettent maintenant l’accent sur la guérilla de faible intensité et les opérations tactiques localisées. Les talibans, à leur tour, ont consolidé leur emprise dans des provinces clés, notamment le Badakhshan, Takhar, Faryab et le Panjshir, en intensifiant les ratissages de sécurité et la surveillance.

Dans le même temps, des assassinats ciblés continuent de se produire dans diverses provinces, sapant la revendication des talibans d’une sécurité nationale globale. La persistance de ces attaques ciblées reflète la fragilité du contrôle des Taliban, en particulier dans les zones rurales et les districts agités.

Bien qu’ils aient une posture militaire dominante, les talibans sont confrontés à un mécontentement public croissant, à une attrition systémique dans leurs propres rangs et à une crise de légitimité sociale qui s’accélère. Son incapacité à fournir des services essentiels ou à gouverner de manière inclusive érode progressivement l’autorité qu’il cherche à consolider.

Conclusion et perspectives

Le mois de mai 2025 a été marqué par une nouvelle consolidation du régime taliban, caractérisée par une intensification de la répression, la promotion d’une idéologie religieuse extrémiste et l’affaiblissement systématique des institutions civiles. Les fractures internes au sein de la direction, le lancement de réformes économiques et militaires difficiles et les engagements tactiques avec les acteurs régionaux reflètent collectivement les efforts des talibans pour assurer la stabilité interne tout en recherchant une légitimité externe. Néanmoins, la répression locale omniprésente, l’escalade de la violence contre les femmes et le mécontentement social généralisé ont catalysé de nouvelles vagues de résistance ou de factionnalisme interne contre le régime taliban dans un avenir proche.



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