Le plan « Mosaic » : un nouvel habillage diplomatique pour blanchir les Talibans ?

Alors que la « paix » se dessine dans des salons feutrés, loin des cris de Kaboul et du silence des femmes afghanes, un nouveau plan de l’ONU — encore discret, mais déjà dénoncé — fait son apparition : l’Initiative Mosaic. Son nom évoque l’inclusivité. Sa mise en œuvre, selon plusieurs militants des droits humains, évoque plutôt la capitulation.

Dans une déclaration virulente publiée récemment, l’Alliance des activistes afghans pour les droits humains met en garde contre une nouvelle trahison de la communauté internationale. Leur message est clair : le plan Mosaic, en l’état, n’est pas une sortie de crise — c’est un projet de légitimation progressive du régime taliban.

Une feuille de route écrite sous influence

Derrière les bonnes intentions affichées — formation d’un gouvernement inclusif, garanties antiterroristes, levée des sanctions, déblocage des avoirs gelés — les critiques pointent une consultation biaisée, menée avec des acteurs régionaux liés à des réseaux extrémistes, et la participation directe des Talibans. Le processus s’opère dans l’ombre, sans les voix de celles et ceux qui incarnent la société civile afghane : femmes, déplacés, journalistes, exilés.

« Ce n’est pas un chemin vers le salut, c’est une recette pour une nouvelle crise », tranche la déclaration. L’Alliance dénonce également le rôle ambigu de la MANUA, qu’elle accuse d’avoir délaissé sa mission humanitaire pour devenir une plate-forme politique au service d’un groupe coupable de crimes de guerre et de violations massives des droits fondamentaux.

Légitimer l’inacceptable

Le cœur du scandale : l’attribution potentielle du siège de l’Afghanistan à l’ONU à un représentant taliban. Un tel geste, estiment les défenseurs des droits, reviendrait à accorder une reconnaissance implicite à un régime illégitime et violemment répressif. Cela porterait un coup fatal à l’architecture internationale des droits humains et ouvrirait la voie à une « normalisation » de la tyrannie sous couvert de pragmatisme diplomatique.

« On ne construit pas l’avenir sur l’exclusion des femmes, la persécution des minorités, la suppression de la presse et l’exil de la société civile », martèle le communiqué.

Une alternative : la société afghane, pas les armes

L’Alliance appelle à une refondation du processus international. Pas en légitimant les Talibans à travers des canaux de pouvoir, mais en écoutant les voix de la résistance civile, en engageant les femmes, les jeunes, les intellectuels, les militants de terrain. Bref, en rompant avec la logique du rapport de force armé pour revenir à une légitimité populaire.

La demande est simple : un processus transparent, fondé sur la justice, les droits, la démocratie — pas un arrangement tactique entre puissances régionales et groupes armés.

Après l’abandon, le maquillage ?

La multiplication des initiatives diplomatiques creuses et technocratiques, qu’elles s’appellent Doha, « Approche globale » ou Mosaic, laisse planer une menace sérieuse : celle d’un blanchiment progressif d’un régime qui reste, dans les faits, une organisation terroriste responsable d’un apartheid de genre et de crimes de masse.

À chaque tentative de format politique qui exclut le peuple, on renforce les Talibans. Et chaque fois qu’on négocie dans leur dos, les Afghan·es perdent une voix, une école, une vie.

La seule mosaïque qui tienne aujourd’hui en Afghanistan, c’est celle des ruines et des silences. Une mosaïque que les femmes, les résistants, les artistes et les exilés essaient encore de reconstituer, à mains nues, pour que l’histoire ne se termine pas sur une compromission.



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