État des lieux des camps terroristes en Afghanistan et au Pakistan (mai 2025)

État des lieux des camps terroristes en Afghanistan et au Pakistan (mai 2025)

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Depuis le retrait des forces américaines en août 2021 et le retour des Talibans au pouvoir, l’Afghanistan et les zones tribales pakistanaises ont connu une résurgence inquiétante des activités terroristes. Des dizaines de camps de formation, de commandement ou de transit opèrent dans une relative impunité, en exploitant les fractures sécuritaires et les complicités politiques de longue date.

🔹 Afghanistan : sanctuaire en reconstruction

Depuis la reprise de Kaboul par les Talibans, plusieurs groupes armés — islamistes radicaux ou terroristes transnationaux — ont reconsolidé leur présence dans différentes régions du pays. La majorité d’entre eux opèrent en dehors de tout contrôle étatique formel, mais parfois avec le silence complice ou la coopération indirecte du régime taliban.

Les principales zones identifiées :

  • Nangarhar et Kunar (Est) : bastions historiques de l’État islamique au Khorasan (ISKP). Ces provinces frontalières du Pakistan abritent des camps d’entraînement, des caches d’armes et des cellules de planification. Le terrain montagneux et la proximité avec les zones tribales pakistanaises facilitent les mouvements discrets.
  • Helmand, Kandahar (Sud) : repaires traditionnels des Talibans et des réseaux Haqqani. Certains camps servent à la fois de centre de recrutement et de transit pour des combattants étrangers, en particulier issus des anciennes zones de guerre comme la Syrie.
  • Badakhshan et Takhar (Nord-Est) : présence confirmée de combattants d’Al-Qaïda d’Asie centrale (principalement ouzbeks, ouïghours et tadjiks). Certains camps opèrent en lien avec le Mouvement islamique d’Ouzbékistan (IMU) et le Parti islamique du Turkestan.

Les rapports du SIGAR (inspecteur général américain) et du South Asia Terrorism Portal estiment qu’au moins 25 camps ou bases terroristes sont actuellement actifs en Afghanistan, dont une dizaine liés à l’ISKP. Malgré les promesses de « neutralité » affichées par les Talibans, ces groupes profitent d’une tolérance tacite et de rivalités internes qui empêchent toute véritable action sécuritaire.

🔹 Pakistan : un foyer devenu vulnérable

Le Pakistan, longtemps considéré comme le parrain historique du jihad régional, voit aujourd’hui les flammes qu’il a alimentées se propager sur son propre territoire. Plus de 45 groupes armés ou terroristes sont actuellement actifs, selon les dernières données du South Asia Terrorism Portal.

Trois zones particulièrement sensibles :

  • Tribal Areas / Khyber Pakhtunkhwa (Nord-Ouest) : les districts frontaliers comme Waziristan, Bajaur, Mohmand restent le cœur du Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP), qui mène des attaques contre l’armée pakistanaise depuis des bases mobiles ou semi-fixes. Plusieurs rapports font état de camps d’entraînement clandestins et d’ateliers d’armement artisanaux.
  • Balochistan (Sud-Ouest) : au-delà de la rébellion séparatiste baloutche, cette province abrite aussi des éléments d’Al-Qaïda, du Lashkar-e-Jhangvi, et d’autres groupes sectaires actifs contre la minorité chiite hazara. Des caches et camps ont été signalés autour de Quetta et dans les zones rurales.
  • Punjab méridional : plusieurs madrasas radicales fonctionnent comme centres de recrutement pour des groupes comme Lashkar-e-Taiba ou Jaish-e-Mohammed, même si les camps sont souvent plus dispersés que dans les zones tribales.

Bien que l’armée pakistanaise mène ponctuellement des opérations antiterroristes, elle peine à démanteler durablement ces infrastructures. Certains camps se reconstituent après chaque offensive, profitant de complicités locales, de failles de gouvernance et d’un appareil sécuritaire fragmenté.

🔹 Une menace transfrontalière persistante

Les camps terroristes en Afghanistan et au Pakistan ne sont pas des résidus isolés. Ils constituent un système enraciné, produit de décennies de politiques ambiguës, d’interventions étrangères, et de luttes régionales instrumentalisées.

  • L’ISKP reste la menace transnationale la plus dangereuse, avec des capacités de projection hors d’Afghanistan.
  • Le TTP, lui, a renforcé ses liens avec les Talibans afghans, et rêve d’instaurer un émirat dans le nord-ouest pakistanais.
  • Al-Qaïda, plus discrète, conserve des bases de soutien et d’endoctrinement, avec une possible résurgence à long terme.

L’inaction actuelle, qu’elle soit volontaire ou contrainte, offre à ces groupes l’espace nécessaire pour se réorganiser. Une réponse purement sécuritaire ne suffira pas. Il faudra briser les alliances toxiques, tarir les financements, et mettre fin à la complaisance étatique qui, depuis trop longtemps, alimente le terrorisme régional.

🔹 Rapports officiels et bases de données spécialisées

  1. South Asia Terrorism Portal (SATP)
    • Base de données la plus complète sur les groupes armés actifs en Asie du Sud
    • Informations utilisées : liste des groupes actifs au Pakistan (45 groupes en 2025), nombre d’attentats, zones d’influence
    • https://www.satp.org
  2. SIGAR – Special Inspector General for Afghanistan Reconstruction
    • Rapports trimestriels de janvier et avril 2025 analysés :
      • Camps liés aux Talibans, ISKP et Al-Qaïda identifiés comme actifs
      • Liens indirects entre aide internationale et réseaux terroristes

United Nations Analytical Support and Sanctions Monitoring Team (2023–2024)

  • Informations sur les activités d’Al-Qaïda, ISKP et le Mouvement islamique d’Ouzbékistan (IMU) en Afghanistan
  • Notamment : regroupements dans le Badakhshan, activités de formation dans le sud-est (rapport S/2024/75)

UNAMA (United Nations Assistance Mission in Afghanistan)

  • Rapports sur la sécurité dans les provinces de Nangarhar, Kunar et Helmand
  • Témoignages sur la recrudescence des attaques de l’ISKP contre civils et Talibans

🔹 Sources secondaires et analyses complémentaires

  • Zan Times, 13 mai 2025
    • “The objectives and consequences of Pakistan’s three decades of support for terrorism” par Mohammad Qasim Erfani
    • Donne le cadre géopolitique et historique du soutien pakistanais aux Talibans, au TTP et à d’autres groupes
  • International Crisis Group & Brookings Institution
    • Études sur la stratégie de « profondeur stratégique » du Pakistan et l’échec des contre-insurrections dans les zones tribales
  • The Diplomat / Al Jazeera / BBC Urdu (2023–2025)
    • Enquêtes de terrain sur les madrassas radicales, les repliements d’Al-Qaïda, et les affrontements entre TTP et armée pakistanaise



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