« Travailler la peur au ventre » : en Afghanistan, la radio des femmes fermée par les talibans retrouve les ondes
12/04/2025
Récit
Privée de diffusion pendant cinq semaines par les talibans, Radio Begum, qui diffuse des programmes éducatifs pour les femmes, a repris du service mi-mars, mais deux employés sont toujours en prison en Afghanistan. Pour la première fois, les équipes racontent le traumatisme qu’elles ont traversé.
Par Ariane Riou
Le 12 avril 2025 à 10h10
Marina Golbahari (au premier plan, en juin 2024, à Paris) surmonte ses peurs et sa tristesse en travaillant pour les femmes restées en Afghanistan. LP/Arnaud Dumontier
Tous se souviennent de cette journée, presque à la minute près. Le 4 février, Hamida Aman, la fondatrice de Radio Begum, dresse un bilan des activités avec ses équipes dans les locaux de son ONG, Begum Organization for Women, rue Ordener, à Paris (XVIIIe). Un de ses employés débarque, paniqué, dans la salle de réunion : « Il y a un problème avec Kaboul. » Des talibans ont investi leurs bureaux d’Afghanistan. Ils ordonnent l’arrêt immédiat de la radio. La peur s’installe.
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« Mon angoisse, c’était qu’ils embarquent des femmes », raconte Hamida Aman, en se triturant les doigts. La cheffe d’entreprise connaît bien les risques. À Kaboul, les policiers perquisitionnent des ordinateurs, des câbles, du matériel. Deux salariés, des hommes, sont conduits au poste. Les minutes s’étirent. À Paris, on pleure, on se ronge les sangs. « La distance fait qu’on se sent impuissants. On ne savait pas ce qu’il se passait, glisse Hamida Aman. Mais on était conscients que ce jour-là pouvait arriver. »
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