Talibans et État islamique : deux visages d’un même fondamentalisme
Talibans et État islamique : deux visages d’un même fondamentalisme
Alors que les Talibans et l’État islamique (EI) apparaissent souvent comme rivaux, leur opposition masque des fondements idéologiques étonnamment similaires. Derrière des différences de façade – historiques, culturelles et géographiques – se cachent des visions du monde communes, qui justifient la violence au nom d’une interprétation extrême de l’islam et aspirent à imposer une gouvernance religieuse absolue.
Une base idéologique commune
Les deux groupes sont ancrés dans le salafisme djihadiste, une idéologie prônant un retour aux origines de l’islam, une application stricte de la charia, et une lutte armée (djihad) contre les infidèles et les « apostats ». Si les Talibans revendiquent une fidélité à la jurisprudence hanafite deobandie et que l’EI s’inscrit dans la mouvance salafiste takfirie, les pratiques observées sur le terrain révèlent des convergences frappantes. L’interprétation autoritaire de la religion, la volonté d’ériger un État islamique théocratique, et le rejet radical de toute forme de pluralisme ou de dissidence, les unissent bien plus qu’ils ne les distinguent.
La violence comme instrument sacralisé
Un des mécanismes fondamentaux de ces deux mouvements est l’usage systématique de la violence comme outil de gouvernance et de purification religieuse. Le recours au takfir – l’excommunication des musulmans jugés déviants – permet à l’EI, en particulier, de justifier l’élimination de tout opposant. Les Talibans, bien que plus modérés dans leur rhétorique, appliquent des principes similaires pour maintenir leur emprise sur la société afghane, utilisant la terreur pour imposer leur autorité religieuse.
Deux formes d’État islamique
L’EI a tenté de restaurer le califat, en proclamant en 2014 un empire islamique global dirigé par Abou Bakr al-Baghdadi. Cette tentative a visé à fédérer l’ensemble des musulmans sous une autorité unique et incontestable, dans une logique expansionniste assumée. Les Talibans, eux, revendiquent un émirat islamique d’Afghanistan, centré sur une gouvernance plus locale mais tout aussi théocratique. Le titre de « Commandeur des croyants », porté par leur chef Haibatullah Akhundzada, confère à ce dernier une autorité religieuse quasi-prophétique. Récemment, le ministre de l’Éducation taliban a même déclaré que lui obéir revenait à connaître le Prophète – une affirmation révélatrice de la nature messianique du pouvoir taliban.
Leadership et structure autoritaire
Dans les deux organisations, le pouvoir est concentré entre les mains d’un leader absolu. Le calife pour l’EI, l’émir pour les Talibans, exerce une autorité sans partage. Il n’y a pas de place pour la critique, ni de mécanisme de contre-pouvoir. Cette centralisation extrême favorise l’endoctrinement, la discipline militaire, et le contrôle social total, piliers de leur vision d’un État islamique parfait.
Conclusion
Talibans et État islamique ne sont pas des ennemis idéologiques, mais des frères ennemis d’un même radicalisme religieux. Leur rivalité ne doit pas masquer leurs convergences : dans leur projet politique, leur usage de la violence, leur rejet de la diversité religieuse, et leur culte de la soumission à un leader sacré. Comprendre cette proximité idéologique est essentiel pour mieux anticiper les dynamiques de l’extrémisme islamiste contemporain.
Dans les sociétés où l’extrémisme religieux prévaut, les premières victimes sont souvent les femmes ; Les groupes extrémistes tels que les talibans et l’EI sont des exemples clairs de cette réalité. Dans les deux systèmes, au lieu d’être reconnues comme des individus indépendants dotés de droits et de libertés, les femmes sont devenues un outil de réalisation de l’idéologie, de perpétuation de la génération et de renforcement de la structure patriarcale. Bien qu’il puisse y avoir des différences entre ces deux groupes dans certaines de leurs pratiques, il n’y a aucune distinction dans leur nature oppressive et misogyne.
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