Mariages forcés en Afghanistan : un retour en arrière tragique pour les droits des filles

Mariages forcés en Afghanistan : un retour en arrière tragique pour les droits des filles

Une image contenant plein air, herbe, habits, personne

Le contenu généré par l’IA peut être incorrect.

En Afghanistan, le mariage forcé demeure une pratique répandue, touchant particulièrement les jeunes filles. Selon les données de 2023, environ 28,7 % des femmes âgées de 20 à 24 ans ont été mariées avant l’âge de 18 ans

RAPPORT DE L’ODI TRADUIT EN FRANÇAIS

En Afghanistan, depuis le retour au pouvoir des Talibans en août 2021, les espoirs fragiles d’une société plus juste pour les femmes et les filles ont été brutalement anéantis. Parmi les conséquences les plus alarmantes de cette régression : la recrudescence des mariages précoces et forcés. Une étude récente de l’ODI, menée dans 11 provinces afghanes, dresse un constat édifiant.

Un phénomène en hausse sous l’effet des décrets talibans

Jusqu’en 2021, une lente évolution des mentalités laissait entrevoir une amélioration : l’idée que les filles ne devraient pas être mariées avant 18 ans gagnait du terrain, en particulier parmi les jeunes femmes instruites. Mais les Talibans ont fait voler ces progrès en éclats.

Privées d’école, de travail, de liberté de mouvement, les filles deviennent à nouveau des fardeaux pour des familles démunies, exposées à l’insécurité et à la peur d’un mariage imposé par un combattant taliban. Résultat : 69 % des personnes interrogées affirment connaître au moins une fille mariée à un âge jugé inapproprié.

Des chiffres préoccupants

Selon les données les plus récentes :

  • 28,7 % des jeunes femmes âgées de 20 à 24 ans ont été mariées avant leurs 18 ans.
  • En 2022-2023, 11,8 % des femmes l’ont été avant leurs 15 ans.
  • Les mariages précoces restent plus fréquents dans les milieux ruraux, pauvres, et chez les filles sans éducation formelle.

L’éducation reste le meilleur rempart : seulement 18 % des filles ayant atteint le second cycle du secondaire sont mariées avant 18 ans, contre plus du double chez celles ayant arrêté plus tôt.

Le mariage comme mécanisme de survie

Le mariage des filles est redevenu un mécanisme d’adaptation à la crise. Il est utilisé pour alléger la charge économique d’un foyer, préserver l’« honneur » de la famille ou éviter qu’une fille ne soit prise de force par un taliban. Dans certaines provinces, des rumeurs indiquent que les autorités locales demanderaient des listes de filles célibataires à marier.

Des pratiques culturelles persistantes, comme le baad (offrir une fille pour régler un conflit) ou le badal (échange de filles entre familles), continuent de renforcer la logique patriarcale.

Une résistance silencieuse mais déterminée

Malgré la répression, les femmes ne renoncent pas. Certaines envoient leurs filles dans des écoles clandestines, d’autres participent à des cercles de discussion en ligne ou montent de petites activités économiques à domicile. Cette résistance du quotidien, invisible mais vitale, empêche l’idéologie des Talibans de s’imposer sans contestation.

L’appel à la communauté internationale

Les auteurs du rapport lancent un message clair : la communauté internationale ne peut pas rester passive. Il est impératif de :

  • soutenir financièrement les familles pour réduire la tentation du mariage précoce,
  • rétablir l’accès à l’éducation pour les filles,
  • défendre les militantes afghanes,
  • refuser toute reconnaissance diplomatique d’un régime qui piétine les droits fondamentaux.

Le mariage des enfants n’est pas seulement une tragédie individuelle ; c’est un test moral pour le monde. Il est encore temps d’agir.



Abonnez vous à La Lettre


Vous pouvez vous désabonner à tout moment

Merci !

Vous recevrez régulièrement notre newsletter

Comments are closed