Afghanistan : Un pays en proie à des violations massives des droits humains en 2024

KABOUL, Mars 2025 – L’organisation afghane de défense des droits humains Rawadari a publié un rapport accablant sur la situation des droits humains en Afghanistan en 2024. Bien que le pays ait enregistré une diminution des attentats-suicides et des explosions, d’autres formes de violations ont connu une hausse inquiétante.
Selon le rapport, le nombre d’exécutions extrajudiciaires, d’arrestations arbitraires et de disparitions forcées a considérablement augmenté. En particulier, les exécutions de civils accusés de collaborer avec des groupes d’opposition aux Talibans ont doublé. La mise en œuvre stricte de la loi sur la « promotion de la vertu et la prévention du vice » (PVPV) en août 2024 a également accentué les restrictions sur les droits des femmes, les privant totalement d’éducation et de nombreuses libertés fondamentales.
Des assassinats et disparitions en hausse
Le rapport souligne que 435 personnes ont été tuées dans des attaques ciblées et extrajudiciaires en 2024, soit une hausse par rapport à l’année précédente. Les anciens fonctionnaires du gouvernement afghan et leurs familles figurent parmi les principales victimes de ces assassinats.
Par ailleurs, les disparitions forcées ont bondi de 70 %, avec 51 cas enregistrés dans 10 provinces. Les détenus disparaissent souvent après leur arrestation par les Talibans, et leurs familles restent sans nouvelles.
Détentions arbitraires et torture généralisée
L’année 2024 a vu une hausse de 42 % des détentions arbitraires et illégales, touchant au moins 885 personnes, dont des journalistes, des militants et d’anciens militaires. Les prisonniers sont soumis à des tortures systématiques, comprenant des passages à tabac, des chocs électriques et des simulations de noyade.
Un témoignage évoque des méthodes de torture inhumaines : “J’ai été suspendu au plafond, battu avec des câbles électriques et privé de sommeil pendant plusieurs jours.” Les Talibans empêchent également toute surveillance indépendante des conditions de détention, accentuant l’impunité.
Droits des femmes : une oppression accrue
Le rapport décrit un recul dramatique des droits des femmes en Afghanistan. Elles sont interdites d’éducation au-delà du niveau primaire, privées de travail et soumises à des restrictions de déplacement sévères. Le non-respect du code vestimentaire imposé par les Talibans entraîne arrestations et humiliations publiques.
Dans certaines provinces, les autorités contrôlent activement les commerces et interdisent aux femmes de se rendre seules dans les lieux publics, renforçant l’isolement et la dépendance.
Discrimination et persécution des minorités
Les minorités ethniques et religieuses continuent d’être victimes de discriminations systémiques, avec un accès limité aux services publics et à l’emploi. Des conversions forcées à la jurisprudence hanafite sont signalées chez les chiites ismaéliens, tandis que les membres d’autres minorités sont écartés des décisions gouvernementales.
Un appel à la communauté internationale
Face à ces violations massives, Rawadari appelle à une mobilisation internationale pour exiger des mécanismes de responsabilisation et de protection des droits humains. La situation en Afghanistan, marquée par des atteintes systématiques aux libertés fondamentales, interpelle sur l’inaction de la communauté internationale face à un régime qui bafoue ses engagements.
Le rapport conclut que la répression des Talibans en 2024 constitue un crime contre l’humanité et appelle à des sanctions ciblées et une surveillance accrue de la situation.
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