L’Accord de Doha : Un Pacte Controversé et Ses Répercussions sur l’Afghanistan

Crédit photo : Le représentant américain Zalmay Khalilzad (à gauche) et le représentant des talibans Abdul Ghani Baradar (à droite) signent l’accord à Doha, au Qatar, le 29 février 2020. [Photo du Département d’État par Ron Przysucha/Domaine public]
D’après un document de Abdul Naser Noorzad, ancien maître de conférences à l’Université de Kaboul. Il est titulaire d’une maîtrise en études de sécurité nationale. Il a écrit plusieurs ouvrages sur la sécurité et la situation politique en Afghanistan et publié des dizaines d’articles en anglais, en persan et en espagnol. Ses recherches portent sur la sécurité et la politique.
29 mars 2025**
L’accord de Doha, signé entre les États-Unis et les talibans le 29 février 2020, marque un tournant historique dans les relations internationales et la politique de sécurité. Cet accord, négocié sous l’administration Trump, visait initialement à ouvrir la voie à la paix et à un retrait ordonné des forces américaines d’Afghanistan. Cependant, cinq ans plus tard, son impact réel est bien différent de ce qui était escompté.
Un Accord Sans Précédent
L’accord de Doha est unique en ce qu’il a été conclu directement entre les États-Unis et un groupe armé non étatique, les talibans, excluant ainsi le gouvernement afghan reconnu internationalement. Cette approche inédite a sapé les efforts pour un règlement politique inclusif et respectueux des droits humains, notamment ceux des femmes et des libertés politiques.
Faiblesses et Conséquences
L’accord souffrait de plusieurs faiblesses intrinsèques. Notamment, il manquait de mécanismes d’application adéquats pour garantir le respect des engagements, permettant ainsi aux talibans de violer leurs promesses sans conséquences significatives. De plus, il contredisait les obligations juridiques des États-Unis en vertu d’accords bilatéraux antérieurs avec l’Afghanistan.
Le retrait précipité des troupes américaines a non seulement permis aux talibans de prendre le contrôle du pays, mais a également conduit à l’effondrement du gouvernement afghan et à une crise humanitaire persistante. Des millions de personnes sont aujourd’hui dans le besoin, et les droits des femmes et des filles ont été gravement affectés.
Statut Juridique Complexe
Le statut juridique des accords entre États et groupes armés non étatiques reste complexe et évolutif. Bien que les talibans soient désignés comme entité terroriste, cela n’exclut pas la possibilité de dialoguer avec eux dans le cadre de négociations de paix. Cependant, leur capacité à conclure des accords contraignants est limitée.
Le Rôle des Haqqanis
Le réseau Haqqani, souvent perçu comme un atout stratégique pour le Pakistan, joue un rôle crucial dans la dynamique régionale. Les Haqqanis servent à maintenir l’influence pakistanaise en Afghanistan et à contrer les ambitions de l’Inde, de l’Iran et des pays d’Asie centrale. Leur influence s’étend également au trafic illégal et aux activités extrémistes, consolidant ainsi leur position dans la région.
Leçons pour l’Avenir
L’échec de l’accord de Doha souligne la nécessité de négociations de paix inclusives impliquant toutes les parties prenantes et intégrant des garanties en matière de droits humains. La communauté internationale doit tirer les leçons de ces échecs pour élaborer des accords de paix plus efficaces et juridiquement solides à l’avenir.
Alors que la seconde administration Trump est en place, il est crucial de réévaluer l’accord de Doha et de considérer sa répudiation pour envoyer un message fort à la communauté internationale. Isoler le régime taliban et renforcer les normes internationales contre la reconnaissance des régimes établis par la force sont des étapes essentielles pour garantir la stabilité et la justice dans la région.
Cet article met en lumière les défis et les leçons tirés de l’accord de Doha, offrant une perspective sur les dynamiques complexes des négociations de paix et les implications pour l’Afghanistan et la région.
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