Que faire avec les Talibans ?

Merabuddine Masstan a été vingt ans durant l’homme de confiance du commandant Massoud en tant qu’interprète-traducteur, puis responsable de l’Ambassade d Afghanistan à Paris, de 1998 à 2002. Artisan infatigable de l’amitié franco-afghane, Il est considéré comme la mémoire de la résistance afghane.

Quarante cinq mois se sont écoulés depuis la prise de Kaboul par les Talibans. Quarante cinq mois de régression, de persécutions, de tortures, d’exécutions, de lapidations, d’humiliations, d’emprisonnements, de négation absolue des libertés fondamentales. Il faut cesser de faire semblant : l’autorité talibans n’est pas un gouvernement, c’est une organisation criminelle déguisée en autorité religieuse qui a pris toute la population en otages. Et à ce titre, il ne mérite ni reconnaissance officielle, ni dialogue, ni intégration internationale.


Le talibanisme n’est pas une simple idéologie conservatrice et extrémiste. C’est une véritable menace globale, une forme contemporaine de totalitarisme fondée sur la terreur, l’ignorance, la soumission et la destruction de toute pensée libre. En cela, il s’oppose à tout ce que la communauté internationale prétend défendre : les droits humains, la dignité des femmes, la liberté de conscience, la souveraineté populaire, le progrès des sociétés et le pluralismes socio-cuturelles.
Les Talibans ont méthodiquement et délibérément fermé les écoles traditionnels; surtout pour les jeunes filles, effacé les femmes de l’espace public, interdit la musique, les livres, les débats.


Ils transforment les écoles normales en madrassa (équivalent du centre d’endoctrinement d’extrémistes-terroristes).
Les journalistes sont emprisonnés, tortures, les minorités ethniques et religieuses persécutées, forces de reconvertir à la religion talibans, les opposants torturés ou exécutés. La vie des citoyens ordinaires est aujourd’hui un cauchemar institutionnalisé.

Et pourtant, ces mêmes Talibans réclament aujourd’hui un siège à l’ONU, des ambassades, des aides internationales. Ils veulent les avantages de la reconnaissance officielle, sans en accepter les devoirs. C’est une imposture politique et morale.


Il faut être clair : reconnaître les Talibans, dans les conditions actuelles, reviendrait à légitimer un régime d’apartheid sexuel, de persécution religieuse et de destruction du savoir. Mais surtout accepter la déstabilisation régionale et de l’extrémisme etnico religieuse qui dépassera sans aucune les frontières de l’Afghanistan. Ce serait envoyer un signal mortel aux autres forces extrémistes dans la région et dans le monde : que l’impunité paie, que la violence est récompensée, que l’obscurantisme peut gouverner.


Comme le régime d’apartheid en Afrique du Sud, le talibanisme, comme idéologie et comme pratique, doit être désigné aussi comme un crime contre l’humanité. Il vise à anéantir un pan entier de la population — les femmes, les penseurs, les minorités — non pour ce qu’ils font, mais pour ce qu’ils sont. C’est une logique d’effacement qui s’apparente aux pires entreprises génocidaires du XXe siècle. Le parallèle avec les nazis (ou les khmers rouges), souvent jugé excessif, n’est plus une hyperbole : c’est une mise en garde.


Les dirigeants talibans, tout comme leurs principaux idéologues et commandants, doivent être identifiés, poursuivis, et jugés devant des tribunaux internationaux. L’impunité nourrit la répétition. Il est temps de faire du talibanisme un précédent juridique clair : aucune idéologie fondée sur la négation de l’humain ne peut être traitée comme un acteur légitime.

Le talibanisme est aussi une véritable menace pour la paix et stabilité régionale. Imaginons les talibans accompagné de quelques autres groupes terroriste-extrémistes, propageant leurs mentalités déstabilisatrices et destructrices chez les autres musulmans en Asie Centrale, en Chine, en Inde et… partout dans le monde. Que se passerait-il dans 3 ou 4 ans..?!

Le talibanisme n’a rien avoir avec l’esprit et les valeurs véritable d’une Islam tolérant. Le talibanisme est idéologie violente et dangereuse, inventée par des stratèges aventuriste.
Le talibanisme n’est pas une affaire de la culture ou de la tradition afghane. C’est un test pour le monde libre. Et il ne peut y avoir qu’une réponse : ni oubli, ni reconnaissance — mais LA JUSTICE !



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