Protestation contre la quatrième réunion de Doha
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Arian Nasiri
Dirigeant exécutif | Renforcer l’autonomie des communautés grâce à l’éducation, à la technologie et à l’innovation commerciale
27 juin 2025
Légitimer les talibans, ignorer le peuple afghan
Les 29 et 30 juin 2025, le quatrième cycle du processus dit de Doha se tiendra dans la capitale du Qatar, accueilli par le gouvernement qatari sous les auspices des Nations unies. Des représentants des talibans, des pays de la région, des institutions financières internationales et de la MANUA participeront à la réunion. Cependant, à l’instar des précédents, ce rassemblement, ostensiblement conçu pour façonner l’avenir de l’Afghanistan, exclut une fois de plus délibérément les voix authentiques du peuple afghan, en particulier les femmes, les acteurs de la société civile et les opposants au régime répressif des talibans.
Ce que l’on appelle aujourd’hui le processus de Doha est en fait une continuation déformée des négociations qui ont commencé à l’origine dans le but de mettre fin à la guerre américaine en Afghanistan. Lancé en 2020 dans le cadre d’un accord entre les États-Unis et les talibans, sans la participation de l’ancien gouvernement afghan ou de la société civile, il a effectivement accordé aux talibans une reconnaissance internationale en tant que partie légitime aux négociations.
Après la chute de Kaboul en août 2021, le processus ne s’est pas arrêté. Au lieu de cela, il s’est transformé en une série plus formelle de réunions dirigées par les Nations Unies à Doha. Pourtant, en substance, ces réunions perpétuent la même erreur stratégique : mettre la population afghane à l’écart tout en normalisant les talibans en tant que gouvernement de facto de l’Afghanistan.
Il est profondément troublant que des institutions telles que les Nations Unies, la MANUA et l’État du Qatar continuent de fournir des plates-formes officielles à un groupe connu pour sa nature extrémiste, misogyne et autoritaire. Le Processus de Doha a cessé d’être un forum de dialogue national inclusif et est devenu une plate-forme unilatérale utilisée par les Taliban pour consolider leur position politique et diplomatique.
En reconnaissant les talibans comme les « représentants légitimes de l’Afghanistan », ces institutions violent non seulement les principes des droits humains, mais privent également des millions d’Afghans de leur droit fondamental à l’autodétermination.
Les talibans ont clairement indiqué qu’ils n’avaient pas changé. Ils continuent d’exiger l’exclusion des opposants politiques, des femmes et des voix indépendantes de toute forme de dialogue. Leur insistance à contrôler l’ordre du jour et à déterminer la liste des participants révèle une intention claire : imposer un récit monolithique et autoritaire et faire taire toute dissidence.
Dans ce contexte, le rôle de l’ONU, en particulier par l’intermédiaire de la MANUA, a été profondément troublant. Malgré ses revendications de neutralité, la MANUA a dans la pratique facilité la consolidation du pouvoir des talibans en soutenant un processus qui exclut la majorité de la société afghane. Organiser des réunions répétées sans représentation significative des femmes, des minorités et des acteurs démocratiques ne renforce pas la légitimité, mais renforce l’injustice.
Par de telles actions, l’ONU a contribué à institutionnaliser un régime qui gouverne par la peur et l’exclusion. Son silence face à la répression brutale des talibans et son rôle actif dans la convocation de ces pourparlers s’apparentent à une complicité dans la construction d’un ordre politique fondé sur la coercition et le mensonge. La poursuite de cette approche poussera inévitablement l’Afghanistan vers un conflit interne plus profond, peut-être une autre guerre civile, avec de graves conséquences régionales.
Si un nouveau conflit éclate en Afghanistan, la responsabilité n’incombera pas uniquement aux talibans. Elle retombera également carrément sur les institutions internationales, en particulier les Nations Unies, qui ont choisi l’opportunisme politique plutôt que la vérité, et la diplomatie plutôt que la justice.
La quatrième réunion de Doha, comme les précédentes, manque de légitimité morale et politique. Elle ne représente pas le peuple afghan et n’ouvre pas la voie à la paix. Au lieu de cela, elle renforce l’autoritarisme et l’exclusion politique sous le couvert de l’engagement international.
Si la communauté internationale recherche vraiment une paix durable en Afghanistan, elle doit aller au-delà des processus d’exclusion comme ceux de Doha et soutenir un dialogue national véritablement inclusif, qui inclut tous les secteurs de la société afghane : les femmes, les minorités, les jeunes, les intellectuels et les victimes du régime taliban.
Tant que cela ne se produira pas, toute négociation mettant en scène uniquement les talibans tout en excluant le peuple n’apportera pas la paix, mais une répétition douloureuse de l’histoire, une insulte à la dignité de toute une nation.
Et la question demeure : si demain, des régimes comme les talibans, construits sur la même logique et les mêmes méthodes, accèdent au pouvoir ailleurs avec un soutien diplomatique, quel message cela enverra-t-il sur l’avenir des droits de l’homme, de la justice et de l’ordre mondial ?
Sources :
2️⃣ Pour les déclarations du Front pour la liberté de l’Afghanistan (AFF) :
Site officiel aff-afghanistan.org
3️⃣ Article d’Arian Nasiri :
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4️⃣ Pour les déclarations des États au Conseil de sécurité :
https://press.un.org/fr/2025/cs16096.doc.htm
Voir aussi sur notre site la section Bibliographie ONU + CPI
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