La Lettre d’Afghanistan 25 juillet 2025

numéro 32

EDITO de La Lettre d’Afghanistan

En interdisant la contraception, les Talibans ne se contentent plus de bannir les femmes de l’espace public, de l’école, de l’hôpital, ou du marché. Ils étendent leur entreprise totalitaire jusque dans le corps des femmes. Sous couvert de religiosité, leur décision de supprimer le birth spacing – l’espacement des naissances – relève d’un dessein plus radical, plus destructeur, et peut-être plus stratégique : celui de provoquer une lente érosion démographique, doublée d’un effondrement sanitaire et social, que subira tout le peuple afghan.

La maternité forcée, dernier maillon de la chaîne d’oppression

Depuis 2021, l’accès à la contraception en Afghanistan s’est effondré. Les départements hospitaliers de planification familiale – autrefois nommés Family Guidance Associations – ont été fermés. Les campagnes de sensibilisation ont cessé. Les pharmacies sont menacées. Les sages-femmes et médecins sont muselés. Le mot d’ordre est clair : une femme afghane digne est une femme fertile, docile, silencieuse. La logique patriarcale et théocratique des Talibans n’autorise plus à choisir si, quand ou combien d’enfants avoir. C’est une maternité contrainte, sans soin, sans pause, sans avenir.

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LETTRE FROM WOMANPOST

Nous, les signataires influents de cette lettre, exprimons notre solidarité avec les femmes courageuses d’Afghanistan.
Ensemble, nous attirons l’attention sur leur sort et lançons un mouvement qui transcende les frontières pour susciter un changement durable.

L’effacement systématique des femmes dans les domaines de l’éducation, du sport, de la politique et de la société en Afghanistan est désormais manifeste, révélant une volonté d’éliminer toute présence féminine dans le pays.

Nous n’écrivons pas cette lettre pour les Nations unies, les gouvernements ou la communauté internationale.
Nous écrivons cette lettre pour l’Histoire, afin que chacun sache que nous n’avons pas gardé le silence face à la situation dramatique que vivent les femmes afghanes.

Nous nous unissons pour créer un mouvement social d’ampleur.
Nos mains croisées sont un symbole de refus de toute injustice.

Ceci est un appel à l’action : à chaque figure influente de montrer son soutien par un message et de se tenir du bon côté de l’Histoire.
Nous reviendrons.


Afghanistan : L’Apartheid de Genre, un Crime Contre l’Humanité

La Régression Systématique des Droits des Femmes en Afghanistan sous le Régime des Talibans : Une Analyse Approfondie des Lois et de l’Impact sur la Société

I. Résumé

Depuis leur retour au pouvoir en août 2021, les Talibans ont entrepris un démantèlement systématique des droits fondamentaux des femmes et des filles en Afghanistan. Cette politique de ségrégation de genre, largement condamnée par la communauté internationale, est de plus en plus caractérisée comme un « apartheid de genre ».1 Le présent rapport détaille les décrets spécifiques promulgués par les Talibans et analyse leurs profondes répercussions socio-économiques, psychologiques et physiques sur les femmes afghanes, en s’appuyant sur les observations d’organisations internationales de défense des droits humains et d’associations dédiées comme NEGAR.

Les actions des Talibans constituent un système institutionnalisé de discrimination, méticuleusement conçu pour effacer les femmes de la vie publique et les soumettre à un degré extrême de subordination. Malgré une condamnation internationale généralisée et des pressions diplomatiques, le régime a constamment durci ses politiques.1 Le consensus croissant au sein des experts des Nations Unies, en particulier, milite en faveur de la reconnaissance formelle de l’ »apartheid de genre » comme un crime contre l’humanité. Cette démarche est perçue comme une étape cruciale visant à renforcer la responsabilité des Talibans et à mobiliser une réponse internationale plus efficace.2 L’intégration de ce concept dans le droit international n’est pas une simple évolution terminologique ; elle représente une tentative de mieux appréhender et de contrecarrer la nature institutionnalisée et idéologique des attaques du régime contre les femmes et les filles afghanes, là où les cadres juridiques existants se sont avérés insuffisants pour capturer l’ampleur de la privation de droits.2

Lire la suite : chronologie et rapport UN WOMEN


23 juillet 2025
Je t’écris à toi, homme afghan. Pas au monde, pas aux journalistes insensibles, mais à toi, mon frère, mon compatriote, mon compagnon de honte.
Je ne veux pas que ces mots franchissent les frontières. Non par peur, mais par honte. Une honte comme une épine coincée dans la gorge : nous sommes la seule nation au monde à fermer consciemment la porte de l’école à nos filles.
Nous ne nous sommes plus battus. Nous nous sommes rendus. Non à la balle, non à la logique, mais à l’habitude. L’habitude du silence, de l’indifférence, du regard cloué au sol. Aujourd’hui, nous achetons du pain, nous prions, et demain nous oublierons que nos filles soupirent derrière une porte fermée.
Je ne te parle plus de l’Europe. Regarde le Pakistan : Malala, au bord de la mort, a crié que « l’éducation est un droit ». Regarde l’Iran : des femmes comme Taj al-Saltaneh ont construit des écoles dès le siècle dernier. En Turquie, les filles sont à l’université depuis cent ans. En Inde, Savitribai Phule a ouvert au XIXe siècle une école pour les filles pauvres. Ce ne sont ni l’Europe, ni des rêves : ce sont nos voisins, d’hier et d’aujourd’hui.
Et nous ? Nous qui fûmes un jour plus avancés que beaucoup d’entre eux :
Sous le règne d’Amanullah Khan et de la reine Soraya, nous avons fondé des écoles pour les filles. Dans les années 60 et 70, nos filles sont devenues médecins, avocates, enseignantes. Après 2001, des millions de filles ont été scolarisées.
Et aujourd’hui ? Ces mêmes filles crient : pain, travail, éducation ! Et toi, homme afghan, tu restes silencieux.
Mais nous avons eu, auparavant, une Histoire. Si Balkh est la mère de la langue persane, si Hérat est le berceau de l’art islamique, si Rabi’a Balkhi est née de cette terre et que Goharshad Begum y fonda écoles et universités, alors cette terre n’a jamais été celle du silence des femmes. C’est nous qui l’avons rendue silencieuse.
Et sache-le : une Histoire qui s’oublie elle-même est condamnée à mourir. Et si nous privons nos filles du savoir, ce n’est pas seulement notre avenir que nous détruisons, mais aussi les racines de notre passé.
Cette terre avait élevé des femmes au sommet de la culture. Aujourd’hui, les filles de cette même terre regardent l’école à travers des barreaux de fer.
Je ne te demande pas d’être un héros. Je te demande seulement de te réveiller. De ne pas te taire.
Ton silence est une chaîne. Ton consentement, une trahison.
La beauté de ce combat, c’est quand femmes et hommes se tiennent côte à côte. Les Talibans ne craignent pas les armes. Ils craignent notre unité. Ils craignent ta fraternité avec ta sœur.
Lève-toi. Non pour sauver la femme, mais pour sauver l’humain. Pour te sauver toi-même.
Car la liberté de la femme est aussi la tienne. Et une patrie qui enchaîne ses femmes n’a pas d’avenir.

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