La Lettre d’Afghanistan 17 juillet 2025
numéro 31

La femme qui s’est dressée contre la tyrannie

Je suis Suhaila Kaamili, une femme façonnée par une souffrance sans fin. Depuis que je suis devenue assez grande pour distinguer le bien du mal, quelque chose au fond de moi refusait de s’arrêter. La société dans laquelle j’ai grandi ne reconnaissait pas les femmes – moi y compris – comme des êtres humains. Des croyances délabrées, des discriminations flagrantes et subtiles, et un regard qui voyait les femmes non pas comme des personnes mais comme des ombres en marge, tourmentaient constamment mon cœur.

Dès ces premières années, un rêve a pris racine en moi. Je voulais entrer à la Faculté de droit. J’aspirais à me réapproprier – par la connaissance et la résilience – ce qui avait été refusé aux femmes. Et à la fin, avec une détermination sans faille, j’ai réalisé ce rêve. J’ai obtenu un diplôme en droit et j’ai commencé mon parcours en défendant les femmes, en sensibilisant et en luttant contre l’injustice.

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L’apartheid de genre devrait être un crime international

Par Heather Barr , Macarena Saez et Stacey-Leigh Manuel

Les États membres des Nations Unies formulent actuellement leurs positions sur un projet de traité visant à prévenir et à punir les crimes contre l’humanité, en prévision d’une réunion du comité préparatoire prévue en janvier 2026, qui posera les bases des amendements et des négociations approfondies sur un projet de traité à l’étude depuis 2019. Certains États et défenseurs des droits de l’homme sont particulièrement favorables à l’ajout d’une clause reconnaissant l’apartheid de genre comme un crime international. Cela représente une occasion unique de combler une lacune du droit international afin de protéger les droits – et la vie – des femmes et des filles.

Au cours des quatre prochaines années, les États proposeront des amendements et débattront du projet de traité à l’Assemblée générale des Nations Unies. Ce processus, défini dans une résolution de décembre 2024 , devrait s’achever en 2029. Le résultat final se veut un ajout essentiel au droit international. Alors que les crimes contre l’humanité se multiplient dans le monde, il n’existe actuellement aucun traité international spécifique et exhaustif pour prévenir et punir ces crimes odieux, en particulier ceux commis hors d’un contexte de conflit armé. L’absence de traité spécifique contribue à minimiser la gravité des crimes contre l’humanité, ce qui nuit à leur compréhension par le public et à la réponse des gouvernements. L’absence de traité signifie également l’absence d’un organisme d’experts dédié à l’interprétation et au suivi de son application, et les voies de recours en cas de violation de la responsabilité des États sont limitées.

Les défenseurs des droits des femmes ont identifié des moyens par lesquels le traité devrait également renforcer les protections internationales des droits des femmes et des filles, notamment en faisant de l’apartheid sexuel un crime en vertu du droit international.

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Rapport sur l’intersectionnalité et les droits de l’homme : Garantir l’accès à la santé maternelle en Afghanistan

Objectif de l’étude

L’étude vise à explorer comment les identités sociales telles que le genre, l’origine ethnique, la classe, le handicap et l’orientation sexuelle contribuent aux multiples couches de discrimination et d’inégalité auxquelles les femmes afghanes sont confrontées dans l’accès à la santé maternelle et aux soins gynécologiques7. Le rapport souligne le besoin urgent d’examiner l’état actuel de la santé maternelle en Afghanistan et les obstacles persistants auxquels les femmes sont confrontées pour accéder aux services de santé essentiels, en particulier depuis la prise de pouvoir par les Talibans en août 20218.

Fondements théoriques

La recherche s’appuie sur la théorie de l’intersectionnalité, un cadre qui aide à comprendre la nature interconnectée des problèmes sociaux tels que le colonialisme, le racisme, le sexisme et le nationalisme9. Le terme « intersectionnalité » a été inventé par Kimberlé Crenshaw en 1989, et il souligne comment la convergence de multiples formes de préjugés crée des schémas distincts de désavantage10. En outre, l’étude s’appuie sur la pensée féministe noire, qui critique le modèle additif de l’oppression et met l’accent sur l’interconnexion des systèmes de pouvoir, notamment la race, la classe et le genre11.

Méthodologie

La recherche utilise une méthodologie multifacette comprenant une recherche documentaire juridique traditionnelle et des données de première main collectées par le biais d’entretiens semi-structurés12. Un total de 31 entretiens ont été menés dans 14 provinces d’Afghanistan (Badakhshan, Bamyan, Baghlan, Daikundi, Herat, Jowzjan, Faryab, Nimroz, Kaboul, Paktika, Paktia, Nangarhar, Mazar et Sar-e-Pol)13.

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