Afghanistan : reprise du dialogue entre les Occidentaux et les talibans

Le Monde 27 mars 2025
L’article met en lumière un changement majeur dans la politique occidentale vis-à-vis du régime taliban en Afghanistan. Il décrit comment, après une période d’incertitude et d’isolement diplomatique, plusieurs puissances occidentales, notamment les États-Unis et certains pays européens, ont discrètement renoué des liens avec les autorités talibanes.
- Un basculement vers la realpolitik
L’un des principaux enseignements de l’article est que l’Occident semble avoir privilégié une approche pragmatique plutôt que de maintenir une posture de principe. Si la communauté internationale dénonçait encore récemment la répression des libertés, en particulier celles des femmes, la lutte contre le terrorisme et la nécessité de préserver une influence dans la région semblent avoir pris le dessus. Ce revirement illustre la tension entre idéalisme et pragmatisme dans les relations internationales.
- Un dialogue sous haute discrétion
L’article révèle que les contacts entre les services de renseignement américains et talibans, d’abord confinés à Doha, se sont récemment intensifiés avec des rencontres directes à Kaboul. Cette évolution est hautement symbolique : en foulant de nouveau le sol afghan, les agents américains amorcent une normalisation progressive des relations, même si elle reste officieuse.
- Le levier des prisonniers
L’article insiste sur le rôle clé des échanges de prisonniers dans ce rapprochement. Plusieurs citoyens américains et un ancien soldat canadien ont été libérés en échange de détenus talibans incarcérés aux États-Unis. Ces libérations, loin d’être anecdotiques, illustrent un premier pas vers la reconnaissance mutuelle, bien que cette reconnaissance reste informelle et tactique.
- Une normalisation progressive des relations ?
Le ministre des Affaires étrangères taliban, Amir Khan Muttaqi, s’est exprimé en des termes conciliants, appelant à établir des « relations politiques et économiques » avec les États-Unis. Il cherche ainsi à légitimer son régime sur la scène internationale en insistant sur la nécessité de dépasser les séquelles de la guerre.
- Un enjeu stratégique global
L’Afghanistan reste une zone clé en Asie centrale, non seulement pour des raisons de sécurité (présence de groupes terroristes), mais aussi pour des intérêts géopolitiques plus larges (rivalité entre puissances, routes commerciales, ressources minières). L’Occident semble vouloir éviter un vide stratégique qui profiterait à la Chine ou à la Russie, ce qui explique ce repositionnement progressif.
Conclusion
L’article met en évidence une évolution majeure dans la posture des puissances occidentales face aux talibans. Après une phase de rejet et de sanctions, la realpolitik reprend le dessus, poussant les États-Unis et certains pays européens à renouer des liens avec le régime afghan. Si ce dialogue reste discret et motivé par des intérêts sécuritaires et stratégiques, il marque une première étape vers une possible réintégration des talibans dans la communauté internationale. Cette évolution pose néanmoins une question morale et politique : jusqu’où l’Occident est-il prêt à aller pour préserver ses intérêts, au détriment des valeurs qu’il défendait jusqu’ici ?
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