La Lettre d’Afghanistan 21 août 2025numéro 35
à l’initiative de l’association NEGAR, soutien aux femmes d’Afghanistan Aujourd’hui, le rassemblement de protestation des différents groupements des Afghans résidents en France est organisé en coordination avec le mouvement mondial de protestation du 14 au 17 août qui vise à commémorer le 15 août, date sombre de la délivrance de l’Afghanistan au groupe terroriste des talibans. Déclaration mondiale – 15 août 2025 Nous, femmes protestataires, activistes civils et politiques, défenseur·e·s des droits humains, universitaires et représentant·e·s des communautés minoritaires et exilées, publions cette déclaration à l’occasion du quatrième anniversaire de la remise de l’Afghanistan au groupe terroriste des Talibans. Nous exprimons notre profonde inquiétude face à la situation actuelle du pays et à la tendance dangereuse à légitimer ce groupe terroriste. Depuis le retour au pouvoir des Talibans, les femmes ont été totalement exclues de l’éducation, de l’emploi et de la vie publique. Les enfants sont contraints d’apprendre des idéologies extrémistes. Des dizaines de groupes terroristes régionaux et internationaux sont présents et actifs en Afghanistan. La liberté d’expression a été anéantie et plusieurs couches de la population afghane, en particulier les groupes ethniques et religieux, sont confrontées à une discrimination structurelle, à des déplacements forcés, à la confiscation de leurs terres et à une violence systématique. Des millions de personnes ont été forcées à fuir le pays et vivent dans des conditions précaires et instables, souvent menacées d’expulsion ou de détention. Des milliers d’anciens militaires, de journalistes et d’activistes politiques sont poursuivis, emprisonnés ou exécutés. Conformément à la Charte des Nations Unies, à la Déclaration universelle des droits de l’homme, aux Conventions de Genève et à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), les actes des Talibans – y compris l’apartheid de genre, l’exclusion des minorités et les violences ciblées – peuvent être qualifiés de crimes contre l’humanité au sens de l’article 7 du Statut de Rome de la Cour pénale internationale et relèvent également du terrorisme structurel. Nous mettons en garde contre toute forme d’engagement, de coopération ou de normalisation des relations avec les Talibans, car cela équivaut à légitimer les crimes de ce groupe terroriste. Les États qui choisissent cette voie violent non seulement leurs obligations internationales, mais deviennent aussi complices du renforcement d’un régime illégitime et violent. Nous demandons que • Aucun État ne reconnaisse les Talibans et que ce groupe reste inscrit sur la liste des organisations terroristes • Les politiques des Talibans envers les femmes soient reconnues comme un apartheid de genre. Les tribunaux et gouvernements internationaux ont la responsabilité de le reconnaître et de le poursuivre en justice • Les États démocratiques reconnaissent les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis par les Talibans et appuient leur poursuite devant les juridictions internationales • Tout financement destiné aux dirigeants talibans soit interrompu et que l’aide humanitaire à l’Afghanistan soit distribuée selon des mécanismes transparents et responsables • Les pays hôtes cessent les expulsions forcées de réfugiés afghans et adaptent leurs politiques migratoires afin de prioriser la protection des femmes, des enfants et des militant·e·s • Les Nations Unies, la Cour pénale internationale et les institutions de défense des droits humains établissent des mécanismes urgents et contraignants pour enquêter sur les crimes des Talibans et protéger les victimes ainsi que les familles en danger • Les États mettent fin à tout dialogue avec les Talibans et engagent des discussions réelles avec le peuple afghan et les représentant·e·s de la société civile pour convenir d’un mécanisme de transition politique # طالبان_را_به_رسمیت_نشناسید DontRecognizeTaliban#
Lettre adressée sur Facebook par Houmayoun Tandar, ambassadeur à Ahmad Massoud et Yasin Zia, leaders des fronts de la Résistance Nationale d’Afghanistan et du Front de la Liberté pour l’Afghanistan
Homayoun Tandar est un homme politique et un diplomate afghan. Ancien compagnon de feu du commandant Massoud, il a été représentant de la résistance afghane auprès de l’ONU à Genève, puis ambassadeur de l’Afghanistan auprès de l’Union européenne et de l’OTAN à Bruxelles, avant de devenir membre du Conseil national de sécurité afghan. Chers Ahmad Massoud et Dr Yasin Zia, Vous m’êtes tous deux chers et je vous apprécie profondément. Je considère que votre renom et votre victoire sont le renom et la victoire de nous tous. J’ai lu qu’une organisation non gouvernementale pakistanaise organise une réunion à Islamabad et y a convié plusieurs associations, personnalités, jeunes et femmes. L’initiative est positive. Je n’ai aucune objection à la participation du Front basé à Ankara, des chercheurs, savants, intellectuels, élites, anciens ministres, parlementaires, femmes et autres. Je leur souhaite la bienvenue et espère que leur participation sera fructueuse. Mais en ce qui concerne le Front National de Résistance et le Front pour la Liberté, j’ai une opinion différente. J’espère qu’aucun de vous deux, ni vos représentants, ne participerez à cette réunion. Ce point de vue n’est motivé par aucun sentiment ou attachement lié à notre passé historique. Je ne permets pas que l’émotion ou l’affection prenne le pas sur la raison politique. Les propositions et décisions doivent être guidées par le sang-froid. Vous, et ce que vous représentez, êtes à un niveau plus élevé, plus digne, que ce type de rencontres dans la conjoncture actuelle. Comme vous le savez, l’Asie du Sud traverse depuis peu des bouleversements stratégiques. Les dynamiques régionales changent de façon inattendue. Depuis deux mois, un mouvement imprévisible est en train de se former. Le gouvernement du Pakistan, et surtout l’armée, redéfinissent la place de leur pays. C’est un jeu complexe et à plusieurs niveaux. Dans ce jeu, toutes les puissances cherchent leurs propres intérêts, en utilisant et en instrumentalisant les autres. Concernant le Pakistan, et si l’on se réfère à l’époque du djihad, les « autorités » voient dans cette réunion – et particulièrement dans votre éventuelle participation – au moins deux objectifs : Utiliser votre présence comme instrument de pression sur les Talibans afin de résoudre les tensions entre Kaboul et Islamabad. Disposer d’un atout ou d’un gage dans le grand jeu régional et international.
Vous savez bien qu’un « instrument de pression » ou un « pion » n’a, en soi, ni valeur ni importance. Ce ne sont même pas des acteurs secondaires. Je ne vois aucun bénéfice politique, militaire ou diplomatique pour vos deux fronts à participer à cette rencontre. Je crois que le moment n’est pas opportun pour votre présence à Islamabad. Je souligne toutefois qu’une compréhension lucide de la situation impose de reconnaître que, tôt ou tard, l’Afghanistan aura un besoin vital d’une relation avec le Pakistan, fondée sur les intérêts supérieurs du salut du pays face au régime despotique, sectaire et extrémiste des Talibans. J’ai la certitude qu’au moment venu, les dirigeants de vos deux fronts prendront l’initiative et poseront les bases d’une relation équilibrée avec Islamabad. Je le répète avec insistance : n’assistez pas à cette réunion, ni vous ni vos représentants. Sachez que, quoi qu’il en soit, vous demeurez dans mon cœur.
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