Panjshir et communauté Tadjik

Répression au Panjshir : Une Chronologie Interactive

Répression au Panjshir

Une analyse interactive des violations des droits humains documentées par les Talibans dans la vallée du Panjshir depuis août 2021.

Principales Violations

Exécutions extrajudiciaires, détentions arbitraires, torture, et punitions collectives contre les civils et combattants capturés.

Populations Ciblées

Anciens membres des forces de sécurité, combattants du Front National de Résistance (FNR), et civils d’ethnie Tadjik accusés de soutenir la résistance.

Sources de Documentation

Rapports de l’ONU (UNAMA), Amnesty International, Human Rights Watch, et médias indépendants.

Analyse des Atrocités

Cliquez sur les onglets pour explorer les différents types de violations documentées. Chaque section détaille les méthodes, les incidents clés et s’appuie sur les conclusions des rapports internationaux.

Meurtres en dehors de tout cadre légal

Des centaines d’exécutions sommaires ont été signalées. Les combattants capturés sont souvent tués sur-le-champ plutôt que d’être traités comme des prisonniers de guerre. Des civils sont également exécutés sur la base de simples soupçons.

« Des vidéos vérifiées montrent des groupes de combattants du FNR, les mains liées, être abattus par des tirs talibans. Ces actes constituent des crimes de guerre. » – Rapport d’Amnesty International, 2023

Ces exécutions sont souvent filmées et diffusées par les Talibans eux-mêmes comme outil de propagande et d’intimidation.

Chronologie des Événements Clés

Août – Sept. 2021

Prise de contrôle et début de la répression

Suite à la prise de Kaboul, les Talibans lancent une offensive massive sur le Panjshir. Les premières allégations d’exécutions sommaires émergent.

Jan. – Juin 2022

Escalade de la violence

Les rapports de l’ONU documentent des meurtres de civils et de combattants capturés, y compris des actes de décapitation, confirmant une campagne de violence ciblée.

Septembre 2022

Exécutions collectives filmées

Des preuves vidéo d’exécutions de masse de prisonniers du FNR sont analysées et confirmées par Amnesty International, révélant l’ampleur des crimes de guerre.

Juin 2023

Rapport « Your Sons Are In The Mountains »

Amnesty publie un rapport complet qui détaille la stratégie de punition collective des Talibans, documentant des cas de torture, de disparitions et d’exécutions.

2024 – Présent

Répression continue et surveillance

La situation reste critique. Les rapports continuent de faire état d’exécutions ciblées et d’une surveillance accrue de la population, notamment via l’installation de caméras de surveillance.

Types de Violations Documentées

Cette visualisation agrège les types d’incidents les plus fréquemment cités dans les rapports d’ONG et de l’ONU pour illustrer la nature de la répression au Panjshir.

Cette page est une synthèse interactive basée sur les rapports publics d’organisations de défense des droits humains.

Dernière mise à jour : Juillet 2025

La situation des droits de l’homme en Afghanistan, avec un accent sur le Panjshir (2021-2025) : Une analyse des rapports de l’ONU et de la documentation connexe

 

Depuis la prise de pouvoir par les Talibans en août 2021, la situation des droits de l’homme en Afghanistan a connu une détérioration alarmante et systématique. Cette dégradation est particulièrement prononcée dans la province du Panjshir, qui a servi de bastion à la résistance initiale et continue de faire l’objet d’une répression brutale de la part des autorités de facto. Les rapports des Nations Unies, notamment ceux de la Mission d’Assistance des Nations Unies en Afghanistan (UNAMA) et du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Afghanistan, ainsi que les résolutions du Conseil de sécurité, documentent un schéma persistant de violations. Celles-ci incluent des exécutions extrajudiciaires, des arrestations et détentions arbitraires, la torture et des formes de châtiment collectif, souvent dirigées contre des individus soupçonnés d’être affiliés à l’ancien gouvernement ou au Front National de Résistance (FNR).

Malgré les mandats étendus des entités des Nations Unies pour surveiller et défendre les droits de l’homme, l’efficacité de leurs actions sur le terrain est considérablement entravée par l’obstruction des autorités de facto. Le Conseil de sécurité a maintes fois condamné ces violations, en particulier celles ciblant les femmes et les filles, et a appelé à la mise en place d’une gouvernance inclusive et au respect des obligations internationales. Cependant, ces condamnations n’ont pas entraîné de changements significatifs dans les politiques des Talibans, soulignant une lacune persistante entre la pression internationale et la réalité sur le terrain. Le présent rapport met en lumière la nature systémique de ces abus, la dynamique du conflit dans le Panjshir et les défis persistants pour la protection des droits fondamentaux de tous les Afghans.


 

I. Introduction

 

 

A. Contexte : L’Afghanistan après août 2021 et la Résistance du Panjshir

 

La prise de Kaboul par les Talibans le 15 août 2021 a marqué un tournant décisif dans l’histoire récente de l’Afghanistan. Alors que la majeure partie du pays tombait sous le contrôle des Talibans, la vallée du Panjshir est devenue le dernier bastion de la résistance anti-Taliban. Cette région montagneuse, historiquement un centre de résistance contre les forces extérieures, a vu se regrouper des figures de l’ancien gouvernement et des forces armées, notamment Ahmad Massoud et Amrullah Saleh. Saleh, s’appuyant sur les dispositions de la Constitution de 2004, s’est auto-proclamé président par intérim de l’Afghanistan, recevant le soutien d’Ahmad Massoud, de l’ancien ministre de la Défense Bismillah Mohammadi et de l’ambassade d’Afghanistan au Tadjikistan.  

Les informations concernant les exécutions d’anciens militaires de l’armée de la République islamique d’Afghanistan, en particulier les Tadjiks et ceux originaires de la vallée du Panjshir, sont malheureusement récurrentes et difficiles à vérifier de manière indépendante sur les réseaux sociaux. Cependant, plusieurs organisations de défense des droits humains et médias continuent de documenter ces abus.

Voici un résumé des informations disponibles, en se basant sur les rapports et les tendances observées, y compris celles qui ont pu circuler sur les réseaux sociaux et être relayées par des sources crédibles :

 

 

Contexte des exécutions extrajudiciaires

Depuis la prise de pouvoir par les talibans en août 2021, malgré leur promesse d’une amnistie générale, de nombreux rapports font état d’exécutions extrajudiciaires, de disparitions forcées et de tortures visant d’anciens membres des forces de sécurité et du gouvernement de la République islamique d’Afghanistan. Ces actes sont particulièrement préoccupants dans les régions où une résistance a été active, comme la province du Panjshir.Cibles privilégiées

Les principales cibles de ces exactions incluent :

  • Anciens membres de l’Armée nationale afghane (ANA), de la police et des services de renseignement (NDS).
  • Ceux qui sont perçus comme ayant soutenu la résistance du Front national de résistance (FNR), dirigé par Ahmad Massoud, notamment dans le Panjshir.
  • Les groupes ethniques minoritaires, en particulier les Tadjiks, qui constituent une part importante de la population et des forces de résistance dans le Panjshir.

 

Rapports d’exécutions et d’exactions au Panjshir

La province du Panjshir, dernier bastion de résistance armée contre les talibans, a été soumise à une répression particulièrement brutale.

  • Exécutions de prisonniers : Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux, souvent difficiles à authentifier mais parfois corroborées par des témoignages, ont montré des talibans exécutant sommairement d’anciens militaires ou combattants du FNR après leur capture. Amnesty International, dans un rapport de juin 2023 intitulé « Your Sons Are In The Mountains », a documenté plusieurs cas d’exécutions extrajudiciaires de combattants du FNR, parfois filmées par les talibans eux-mêmes, notamment en septembre 2022. Le rapport a également fait état de la torture à mort de civils soupçonnés de soutenir la résistance.
  • Arrestations arbitraires et détentions : Des opérations de « nettoyage » ou de « ratissage » ont été menées par les talibans dans la vallée du Panjshir, entraînant des vagues d’arrestations d’hommes et de garçons. Ces actions sont souvent considérées comme des punitions collectives visant à briser le soutien de la population à la résistance. Des détenus auraient été soumis à la torture pour obtenir des informations.
  • Disparitions forcées : De nombreux individus arrêtés dans le Panjshir ont disparu sans laisser de trace, leurs familles n’ayant aucune information sur leur sort ou leur lieu de détention.
  • Incidents spécifiques (confirmés par des rapports UNAMA cités par le Département d’État américain) :
    • En janvier 2022, des talibans auraient tué 8 combattants du FNR et 4 civils (dont une femme et un enfant) dans une maison privée au Panjshir.
    • En juin 2022, un membre présumé du FNR aurait été décapité par les talibans au Panjshir.
    • Des rapports ont également fait état de passages à tabac massifs de résidents pour obtenir des informations sur le FNR et de la coupure d’Internet dans la province lors des combats.

 

Dernières informations et défis de vérification

Les réseaux sociaux, notamment X (anciennement Twitter), Telegram, et Facebook, sont souvent les premiers vecteurs de diffusion de ces allégations, mais la vérification indépendante est un défi majeur :

  • Propagande : Les deux camps (Taliban et FNR/résistance) utilisent les réseaux sociaux à des fins de propagande, rendant difficile la distinction entre informations fiables et désinformation.
  • Accès restreint : L’accès des observateurs indépendants et des journalistes à la vallée du Panjshir est extrêmement limité, ce qui empêche la vérification directe des allégations.
  • Censure et répression : Les talibans exercent une forte répression sur la liberté de la presse et d’expression, décourageant les témoignages et la documentation.

Cependant, des médias afghans indépendants, opérant souvent depuis l’exil, comme Amu TV ou Afghanistan International, continuent de rapporter de tels incidents, citant des sources locales et des témoins. Par exemple, un rapport d’Amu TV datant du 6 juillet 2025 a fait état de l’exécution d’Hakimullah et Ahmad Ali dans la région de Malam-Khak au Panjshir, après leur détention et interrogation par les talibans, leurs corps n’ayant pas été rendus à leurs familles.

 

Rapports des Nations Unies et appels à l’action

Les rapports du Secrétaire général des Nations Unies et du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Afghanistan continuent d’exprimer de profondes inquiétudes concernant les exécutions extrajudiciaires, les arrestations arbitraires et la torture à travers l’Afghanistan, y compris dans les zones de résistance comme le Panjshir, même si les détails spécifiques à chaque province sont souvent moins fréquents dans les rapports les plus récents, qui adoptent une approche plus globale.

Des organisations comme Amnesty International et Human Rights Watch appellent la communauté internationale à :

  • Mettre en place un mécanisme international indépendant de responsabilisation pour recueillir et préserver les preuves des crimes de droit international.
  • Faire pression sur les talibans pour qu’ils respectent leurs obligations en matière de droits humains et enquêtent sur les allégations d’exactions.

En conclusion, si les réseaux sociaux sont une source d’informations de première ligne pour ces événements, les rapports des organisations internationales et des médias indépendants demeurent essentiels pour documenter et valider les allégations d’exécutions et de massacres d’anciens militaires, en particulier les Tadjiks du Panjshir, par les talibans. La situation reste très préoccupante, avec un manque persistant de compte rendus.

 

 

Arrestation des Taliban Ancien chef adjoint du Conseil des oulémas du Panjshir à Kaboul

Les forces talibanes ont arrêté Mawlawi Abdul Malik, ancien chef adjoint du Conseil des oulémas du Panjshir , à Kaboul, selon des sources proches de sa famille.

L’arrestation a eu lieu mercredi, dans une mosquée du district 15 de la capitale. Malik aurait été emmené dans un lieu non divulgué et on ne sait toujours pas où il se trouve actuellement.

Des sources ont déclaré à Afghanistan International que Malik avait déjà été arrêté par les Taliban en 2022 pour des liens présumés avec le Front national de résistance (NRF), une affirmation que sa famille continue de nier. Il a été libéré après avoir passé deux ans en garde à vue.

Les parents craignent maintenant que de nouvelles accusations ne mettent en danger sa vie ou ne conduisent à de nouveaux mauvais traitements en détention, en particulier en l’absence de toute procédure judiciaire publique.

Mawlawi Abdul Malik est originaire du village d’Abdullahkhil, dans le district de Dera, dans la province de Panjshir. Il a précédemment été chef adjoint du Conseil des oulémas du Panjshir et à la tête de l’école islamique Abdul Wahid dans la province.

Ce n’est pas la première fois qu’un membre de sa famille est pris pour cible. Le 7 avril 2023, les forces talibanes ont arrêté son frère, Payinda Mohammad, un ancien officier de la Direction nationale de la sécurité (NDS), aujourd’hui disparue en Afghanistan. Il a été libéré après trois mois de garde à vue.

Sources : 

 


 

Suppression de la langue persane (dari) dans l’administration talibane

Pour clôturer cet article,  il nous paraît essentiel de relater l’offensive des talibans contre la langue dari. 

Les Talibans cherchent à supprimer l’usage de la langue persane (aussi appelée Dari en Afghanistan) dans leur administration et la vie publique, au profit du Pachto.

Voici les points clés à retenir :

  • Préférence pour le Pachto : Le Pachto est la langue principale des Talibans et de l’ethnie pachtoune, qui est le groupe dominant au sein du mouvement. Ils ont activement encouragé l’utilisation du Pachto dans les communications officielles, les panneaux publics et même dans les universités.
  • Marginalisation du Dari (Persan) : Le Dari est la langue la plus parlée en Afghanistan et sert de lingua franca pour la communication interethnique. Historiquement, c’est aussi une langue administrative et littéraire majeure. Les Talibans ont été accusés de retirer le Dari des panneaux d’affichage, des documents officiels, et même de demander aux universitaires d’éviter certains mots persans dans leurs travaux.
  • Motivations : Cette politique linguistique est perçue comme une tentative de consolider le pouvoir des Talibans et de leur base ethnique pachtoune, tout en diminuant l’influence des locuteurs du Dari et en affaiblissant les liens culturels et historiques de l’Afghanistan avec la plus large tradition persane. Certains analystes y voient une forme de nationalisme pachtoune.
  • Réactions : Cette politique a suscité des critiques et des inquiétudes parmi la population afghane, en particulier chez les locuteurs du Dari, qui y voient une atteinte à leurs droits linguistiques et à leur identité culturelle.

En résumé, bien que le Dari et le Pachto soient officiellement reconnus comme les deux langues nationales de l’Afghanistan, les actions des Talibans indiquent une volonté claire de promouvoir le Pachto au détriment du Dari dans la sphère administrative et publique.

Le 11 juillet 2025, le ministère de l’Intérieur dirigé par les Taliban a publié une directive interdisant l’utilisation de la langue persane (Dari) dans la correspondance officielle dans la plupart des institutions gouvernementales, rapporte shiawaves.com.

Selon un document officiel signé par le mufti Mohammad Salem Abrat, Directeur général du Département de l’inspection du Ministère, tous les fonctionnaires sont maintenant tenus d’établir des rapports et des communications officielles exclusivement en pashto, à l’exception de la province de Badakhshan, de la province de Bamiyan et de la province de Panjshir, qui ont des majorités de langue persane. Cette directive brutale est considérée comme une violation flagrante de la Constitution de 2003 de l’Afghanistan, qui reconnaît à la fois le pashto et le persan (Dari) comme des langues officielles de l’État et garantit leur utilisation dans les affaires administratives et gouvernementales.

Nasir Ahmad Faiq,
Le représentant permanent par intérim de l’Afghanistan auprès des Nations Unies, a exprimé son inquiétude quant aux politiques linguistiques des Talibans, déclarant que leur hostilité envers la langue dari persane trouve ses racines dans leur éducation dans des écoles djihadistes à l’étranger.

M. Faiq a mis en garde contre toute tentative d’imposer une langue spécifique tout en ignorant les autres langues nationales de l’Afghanistan, soulignant qu’il s’agit non seulement d’un manque de respect envers la culture et l’identité des différents groupes ethniques, mais aussi d’une politique systématique de division.

Il a ajouté que le dari persan et le pachto, ainsi que d’autres langues, font partie du capital culturel et de l’unité nationale de l’Afghanistan, et qu’elles ont toujours été utilisées dans les institutions du pays, le système éducatif et les relations sociales.

Le dari persan, en tant que langue officielle de la majorité des habitants des régions centrales, septentrionales, occidentales et de certaines parties de Kaboul, a toujours joué un rôle essentiel dans la formation de l’identité nationale afghane.

Mais depuis le retour au pouvoir des Talibans en 1400 (2021), des signes de marginalisation ou d’effacement de cette langue sont apparus dans les documents officiels, les panneaux urbains, et même dans les médias d’État.

M. Faiq a souligné dans son discours que l’histoire de l’Afghanistan a montré que les politiques extrémistes, hégémoniques et fondées sur l’ethnicité n’ont jamais été viables à long terme et ont toujours fini par susciter la colère du peuple.— Naseer A. Faiq


Voici des sources avec des liens confirmant la suppression de la langue persane (Dari) par les Talibans dans leur administration :


 


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