Crise du logement et violations des droits humains pour les rapatriés en Afghanistan

Une Crise Humanitaire Sans Précédent
L’Afghanistan est confronté à une crise humanitaire et de logement alarmante, exacerbée par les déportations massives d’Afghans depuis l’Iran et le Pakistan. Plus de 1,9 million d’Afghans ont été forcés de retourner dans leur pays en 2025, dont plus de 1,5 million d’Iran et 300 000 du Pakistan. Rien que depuis le 24 juin de cette année, l’Iran a déporté au moins 410 000 personnes, y compris des milliers d’enfants non accompagnés. Ce mouvement de population d’une ampleur inédite submerge des infrastructures déjà fragiles et dévastées par des années de conflit et de sous-financement.
Le Marché du Logement Sous Tension
Les conséquences de ces retours forcés sont immédiates et désastreuses sur le marché du logement, en particulier dans des villes comme Herat et Kaboul. La demande a explosé, entraînant une flambée des loyers. Des habitations qui coûtaient autrefois 3 000 à 4 000 Afghanis (AFN) se louent désormais 7 000 AFN, et celles à 10 000 AFN atteignent 15 000 à 20 000 AFN. Cette augmentation de 40 à 50 % des loyers rend le logement inaccessible non seulement pour les rapatriés, qui arrivent souvent démunis, mais aussi pour les familles afghanes à faible et moyen revenu. Les agents immobiliers de Herat rapportent recevoir plus de 100 demandes par jour sans avoir de propriétés à proposer.
Une Économie en Ruines et un Gouvernement Impuissant
La crise du logement n’est que la partie émergée de l’iceberg d’une économie afghane en lambeaux. Le pays fait face à un taux de chômage supérieur à 30 %, rendant quasi impossible pour les rapatriés de trouver un emploi et, par conséquent, un toit. Beaucoup s’endettent lourdement, ayant vendu leurs biens ou emprunté pour tenter d’émigrer.
Face à cette catastrophe, la réponse des autorités talibanes est jugée largement inefficace. Malgré leurs avertissements aux propriétaires contre des hausses de loyer « injustifiées », ces mesures sont ignorées, faute de protection juridique pour les locataires. Les projets de logements abordables annoncés en 2022 n’ont pas vu le jour, principalement en raison du manque de fonds et d’expertise technique. L’isolement international du régime taliban et sa concentration sur la « survie politique et le contrôle religieux » plutôt que sur le développement des infrastructures ou la planification urbaine, paralysent toute initiative significative.
Des Conditions de Sécurité Inacceptables et des Violations du Droit International
Le plus alarmant est le danger persistant en Afghanistan, dénoncé par les experts en droits humains des Nations Unies. Ils ont exhorté l’Iran et le Pakistan à cesser immédiatement les déportations, affirmant que l’Afghanistan n’est pas un pays sûr pour les rapatriés. Ceux qui sont forcés de revenir sont confrontés à de réels risques de persécution, de menaces et de représailles violentes. Les violations systématiques des droits fondamentaux, notamment pour les femmes et les jeunes filles (privées d’éducation et d’emploi public), ainsi que pour les anciens fonctionnaires, journalistes, défenseurs des droits humains et membres de minorités ethniques et religieuses, sont monnaie courante.
Ces déportations massives pourraient constituer une violation du droit international, en particulier du principe de non-refoulement, qui interdit de renvoyer des individus vers un lieu où ils risquent d’être persécutés. Les agences d’aide humanitaire, déjà sous pression, soulignent que plus de 23,7 millions de personnes – plus de la moitié de la population – ont besoin d’une aide humanitaire en 2025, et les retours forcés aggravent cette situation.
Un Appel Urgent à la Coopération Internationale
Les agences internationales d’aide appellent désespérément à une intervention urgente. Elles plaident pour des initiatives de logement abordable, la création d’emplois et un soutien social, craignant que des millions de personnes ne basculent plus profondément dans la pauvreté. La coordination avec les autorités talibanes reste difficile en raison des conditions politiques et de la réticence des pays donateurs à légitimer le régime.
Pour Farooq, Hamidullah et d’innombrables autres familles, l’avenir est incertain. Ils sont retournés dans leur patrie, mais se retrouvent sans abri, privés d’espoir et de protection. Sans une action concertée de la communauté internationale et des solutions durables, les centres urbains afghans risquent l’effondrement, entraînant une instabilité sociale accrue et un cercle vicieux de nouvelles migrations irrégulières.
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