Afghanistan: même au sein des talibans, l’interdiction de l’école pour les filles fait débat

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Afghanistan: même au sein des talibans, l’interdiction de l’école pour les filles fait débat

09/04/2025

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Repéré sur NBC

En Afghanistan, les filles et les femmes n’ont pas accès à l’enseignement secondaire depuis que les talibans ont repris le pouvoir, en 2021. Cependant, cette interdiction ne semble toujours pas faire l’unanimité au sein du groupe dirigeant. À l’instar de nombreuses familles, au moins un ministre aurait d’ailleurs déjà quitté le pays pour pouvoir scolariser ses enfants. Trois responsables talibans ont même révélé anonymement à NBC News que certains de leurs membres appellent à lever les restrictions, tant elles sont devenues répressives.

Les trois hommes ont souligné l’existence d’une division grandissante entre les talibans ultra-conservateurs de Kandahar, la ville où réside le chef suprême du groupe Haibatullah Akhundzada, et les membres plus modérés de Kaboul, la capitale. Les trois responsables, bien qu’affiliés aux factions plus radicales des talibans, affirment que leurs points de vue sur l’éducation des filles divergent, ajoutant que leur interdire d’aller à l’école fût une erreur.

 

Certains responsables talibans auraient «ouvertement exprimé leur soutien à l’éducation des filles, estimant que cela aurait un impact sur les dirigeants», a déclaré l’un des responsables à NBC News. «Malheureusement, au lieu de recevoir favorablement leurs suggestions, certains les ont mal accueillies, comme si elles s’opposaient aux dirigeants.»

Le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, a nié quant à lui toute tension au sein du gouvernement, tout en soulignant l’existence occasionnelle de «divergences d’opinion au sein de la population».

Fuir pour espérer trouver mieux ailleurs

Pourtant, le 18 janvier de cette année, Sher Mohammad Abbas Stanikzai, le vice-ministre afghan des Affaires étrangères par intérim, s’est prononcé contre cette interdiction. Lors d’une cérémonie de remise de diplômes dans la province orientale de Khost, il a déclaré que les talibans «commettaient une injustice» en interdisant l’école aux filles, ajoutant que cela ne dépendait pas de la charia, mais plutôt de «notre choix personnel ou de notre nature» et qu’il n’y a «aucune excuse pour cela, ni maintenant ni à l’avenir».

Quelques jours après ces déclarations, Sher Mohammad Abbas Stanikzai a quitté le pays pour les Émirats arabes unis. Il aurait refusé de rentrer, malgré la visite du vice-Premier ministre afghan, Abdul Ghani Baradar, ont confirmé les trois responsables talibans. Selon l’un d’entre eux, son départ n’est autre qu’une nouvelle marque de protestation contre des «politiques illogiques et irresponsables».

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Un rapport de l’Unicef indique qu’avec la rentrée scolaire d’avril 2025, près de 2,2 millions de filles ont été privées d’éducation dans le pays. Selon Sahar Fetrat, chercheuse afghane à Human Rights Watch, peu d’indices indiquent que les talibans reviendront sur leur politique, ce qui pousse certaines familles à risquer leur vie pour fuir le pays. «Beaucoup de familles n’ont pas été persécutées à proprement parler mais sont parties parce qu’elles voulaient éduquer leurs filles», a-t-elle déclaré, ajoutant que leurs voyages sont souvent «très risqués et effectués de manière tout à fait illégale».

Gaisu Yari, chercheuse afghane au Think Tank Wilson Center, partage cet avis et affirme qu’il est peu probable que les talibans reviennent sur l’éducation des filles: «Les principes des talibans sont difficiles à changer, surtout en ce qui concerne les femmes. Les décrets ont non seulement été établis comme des politiques, mais ont été intégrés dans la loi, ce qui les rend difficiles à annuler.»



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