Les Hazaras : un peuple persécuté et oublié

Le génocide des Hazaras : un examen juridique accablant
Un nouveau rapport intitulé « Le génocide des Hazaras : examen des violations de la Convention sur le génocide en Afghanistan depuis août 2021 » apporte un éclairage sans précédent sur la tragédie vécue par cette minorité chiite afghane. S’appuyant sur les critères de la Convention de 1948, l’étude démontre que les meurtres de masse, les déplacements forcés, les bombardements, la privation d’accès à la nourriture, aux soins et à l’éducation, ainsi que les attaques répétées contre les lieux de culte et les établissements scolaires constituent des actes de génocide.
Hazara : les éléments constitutifs d’un génocide
Pourquoi c’est juridiquement un génocide
- Groupe protégé (ethnique & religieux) : les Hazaras forment une ethnie distincte (hazaragi, traits asiatiques) et sont majoritairement chiites dans un pays à majorité sunnite.
- Actes matériels (actus reus) : meurtres massifs et répétés de civils hazaras (écoles, maternités, mosquées, marchés, mariages, transports), déplacements forcés, spoliation des terres et ressources vitales, atteintes graves physiques et mentales.
- Intention spéciale (mens rea) : ciblage explicite des Hazaras (revendications d’attentats, langage de haine), tri de passagers pour isoler des Hazaras avant exécutions, attaques contre symboles religieux et culturels, politique de terreur systématique.
Faits saillants et motifs de qualification
- Continuité historique : des pogroms du XIXᵉ (Abdur Rahman Khan) aux massacres contemporains (Afshar 1993, Mazar-e Sharif 1998, Bamiyan 1999-2001), la violence est persistante et ciblée.
- Modus operandi : cibles vulnérables (maternité, écoles de filles), décapitations et mutilations, stratégie de terreur visant la communauté en tant que telle.
- Atteinte aux moyens d’existence : expropriations, destructions de récoltes et de bétail, blocage de l’eau ; déplacements forcés (Wardak, Ghazni, Uruzgan, Daikundi, Kaboul…).
- Intention déductible : revendications d’attentats contre des cibles hazaras, séparation Hazaras/non-Hazaras lors d’attaques, rhétorique d’« infidèles / apostats », attaques de mosquées et centres culturels.
Mise en évidence des trois éléments (groupe protégé • actes matériels • intention spéciale) et de la nature étendue et systématique des attaques visant les Hazaras.
Hakimi, Mehdi J., The Genocide of Hazaras (October 30, 2022). Virginia Journal of International Law Online, Vol. 63 (2023), Available at SSRN: https://ssrn.com/abstract=4262465 or http://dx.doi.org/10.2139/ssrn.4262465
Le rapport met en évidence la responsabilité directe des Talibans, accusés non seulement de tolérer ces violences, mais aussi d’y participer. Il souligne que l’intention d’anéantissement est manifeste à travers les discours de haine, les politiques d’exclusion, la systématisation des expulsions et les attaques ciblées contre les jeunes filles hazaras. L’étude rappelle également que l’histoire des Hazaras est jalonnée de massacres – du XIXe siècle aux années 1990 – et que cette continuité de violences impunies constitue un facteur de risque majeur de génocide.
En appelant la communauté internationale à agir, le rapport fournit l’un des arguments les plus solides à ce jour pour mobiliser la CPI, la CIJ et les mécanismes onusiens afin de prévenir la disparition programmée d’un peuple oublié.
La population Hazara en Afghanistan 🇦🇫
Une ethnie persécutée, avec une histoire riche et une forte résilience.
Population
Pourcentage
Religion
Localisation Principale
- Le Hazarajat : Région montagneuse du centre, incluant les provinces de Bamiyan, Daikundi, et Ghor.
- Kaboul : Forte présence, notamment dans le quartier de Dasht-e Barchi.
- Diaspora : Importantes communautés en Iran, au Pakistan (Quetta) et dans le monde.
Faits Marquants
- Persécutions Historiques : Massacres sous le règne d’Abdur Rahman Khan à la fin du 19ème siècle.
- Vulnérabilité : Cibles d’attaques violentes par des groupes extrémistes comme l’EI-K.
- Résilience Culturelle : Connus pour leur artisanat, leurs sculptures (Bouddhas de Bamiyan) et leur musique traditionnelle.

Article réalisé avec l’aide de Perplexity
Les Hazaras : un siècle de persécutions
Du massacre fondateur (1890–1893) au « génocide lent » depuis 2021
Massacre fondateur
- Fatwas : Hazaras déclarés « infidèles »
- ≈ 50 % tués, déplacés ou réduits en esclavage
- Terres confisquées au profit des tribus pachtounes
Exclusion persistante
- Discriminations dans l’éducation, l’armée, l’administration
- Marginalisation politique et sociale durable
Massacre d’Afshar
- ≈ 1 000 civils hazaras massacrés
- Enlèvements, viols, pillages massifs
Massacre de Mazar-e-Charif
- 2 000–8 000 Hazaras exécutés
- Violences sexuelles, enterrements empêchés
« Génocide lent »
- Attentats contre écoles & mosquées (2023 : 53 morts, dont 46 jeunes filles)
- Expulsions et spoliations (ex. Bamiyan 2025)
- Interdictions de rituels chiites, confiscation de livres
- Discrimination dans l’aide humanitaire
XIXe siècle : le temps du massacre fondateur
À la fin du XIXe siècle, l’émir Abdur Rahman Khan lança une campagne de guerre sainte contre les Hazaras (1890–1893). Déclarés « infidèles » par des fatwas, ils furent massacrés, déplacés de force et réduits en esclavage. Près de la moitié de la population aurait disparu. Les terres fertiles du Hazarajat furent redistribuées aux tribus pachtounes ; des milliers de femmes et d’enfants furent vendus comme esclaves. Cette politique marqua durablement le rapport de l’État afghan aux Hazaras, désormais associés à l’exclusion, à l’infériorité et à la suspicion religieuse.
XXe siècle : discriminations et répressions
Tout au long du XXe siècle, les Hazaras restèrent marginalisés. Privés d’accès équitable à l’éducation, à l’armée et aux postes publics, ils vivaient en périphérie du pouvoir. Mais les épisodes les plus violents survinrent pendant la guerre civile des années 1990. En 1993, le quartier d’Afshar à Kaboul fut le théâtre d’un massacre d’environ 1 000 civils hazaras, exécutés et mutilés par des milices islamistes alliées au gouvernement. En 1998, après la prise de Mazar-e-Charif, les talibans massacrèrent entre 2 000 et 8 000 Hazaras, les accusant d’être des « kafirs » chiites. D’autres massacres eurent lieu à Yakawlang et dans plusieurs districts du Hazarajat.
2001–2021 : une protection illusoire
Avec la chute du premier régime taliban en 2001, certains Hazaras accédèrent à des postes politiques et universitaires. Mais les discriminations n’ont jamais disparu, et l’État islamique au Khorassan (ISIS-K), implanté après 2015, fit des Hazaras une cible privilégiée : attentats dans des mosquées chiites, explosions dans des écoles de jeunes filles, attaques contre des rassemblements civils. Des centaines de morts furent recensés, sans que l’État afghan n’assure une protection réelle.
1996–2001 et depuis 2021 : les deux régimes talibans
Lors de leur premier règne, les talibans avaient fait de la persécution des Hazaras une politique assumée. Le gouverneur de Balkh, Mullah Manan Niazi, proclamait publiquement : « convertissez-vous ou partez, sinon vous mourrez ». Cette idéologie a resurgi depuis leur retour au pouvoir en août 2021. Malgré des promesses d’amnistie, les talibans ont relancé les expulsions de villages hazaras, les confiscations de terres au profit des nomades kuchis, et tolèrent — voire participent à — des attaques contre des civils. Le 30 septembre 2023, un attentat dans un centre éducatif de Kaboul tua 53 jeunes étudiants, dont 46 jeunes filles hazaras. En 2025 encore, des familles entières ont été chassées de leurs maisons en Bamiyan.
Expulsions forcées des familles hazaras par les Talibans depuis 2021
Depuis la prise de pouvoir des Talibans en août 2021, la minorité hazara, déjà durement touchée par plus d’un siècle de discriminations et de massacres, est de nouveau la cible d’une politique systémique de dépossession et d’exclusion. Parmi les pratiques documentées figurent les expulsions forcées de familles hazaras de leurs terres et villages, la confiscation de maisons et la redistribution des biens au profit de partisans du régime, notamment des tribus nomades kuchis ou de combattants talibans.
Voir le dossier complet : chronologie, preuves et recommandations ➜Aujourd’hui, les organisations internationales parlent d’un « génocide lent » : les massacres ponctuels s’ajoutent à une stratégie d’effacement social et culturel. Interdiction des rituels chiites, confiscation de livres jugés « contraires à l’islam », discriminations dans l’accès à l’aide humanitaire, exclusion de l’éducation et des services publics. Les Hazaras, troisième communauté d’Afghanistan, sont menacés non seulement dans leur sécurité physique, mais aussi dans leur droit à exister comme peuple distinct.
👉 Cette synthèse montre que les violences contre les Hazaras ne sont pas des accidents isolés, mais un fil continu depuis plus d’un siècle. Elles ont pris la forme d’un génocide ouvert à la fin du XIXe siècle, puis de massacres cycliques au XXe siècle, et se poursuivent aujourd’hui sous la forme d’une extermination lente, largement ignorée dans les études classiques sur l’Afghanistan.

https://newlinesinstitute.org/rules-based-international-order/hazara-genocide-report
Le rapport du New Lines Institute for Strategy and Policy (septembre 2025) analyse de façon juridiquement rigoureuse les exactions contre la minorité Hazara en Afghanistan depuis août 2021, selon les critères de la Convention sur le génocide de 1948. Il expose une continuité historique des persécutions et soutient qu’il existe une base raisonnable pour qualifier les violences récentes contre les Hazaras, spécialement à partir du retour au pouvoir des Talibans et de l’action de l’État islamique-Khorasan (IS-KP), de génocide.
Le génocide de Hazara : examen des atteintes à la Convention sur le génocide en Afghanistan depuis août 2021
Points Clés
- Les Hazaras sont visés en tant que groupe ethnique et religieux, majoritairement chiite, protégé par l’article II de la Convention sur le génocide.
- Depuis août 2021, on observe une augmentation des attaques systématiques (meurtres de masse, déplacements forcés, violences sexuelles, destruction culturelle), attribuées principalement aux Talibans, à IS-KP et aux Kuchis.
- Les actes documentés couvrent des attaques contre écoles, hôpitaux, mosquées, mariages, transports civils, manifestations, lieux culturels et marchés, provoquant plusieurs milliers de morts, blessés et déplacés.
- Le rapport distingue l’actus reus (l’acte matériel : tuer, infliger des souffrances, créer des conditions menaçant la survie du groupe) et le mens rea (l’intention spécifique de détruire le groupe, dolus specialis), les deux étant attestés par les preuves réunies.
- Les auteurs principaux sont les Talibans et IS-KP ; le rapport pointe la complicité ou la défaillance de l’État afghan à prévenir ou punir ces crimes, en infraction avec ses obligations internationales.
Cadre Juridique et Recommandations
- La Convention sur le génocide impose à tous les États parties de prévenir et de punir le génocide, cette responsabilité n’étant pas limitée à l’Afghanistan.
- Le rapport suggère d’activer plusieurs mécanismes juridiques : enquête des Nations Unies, saisine de la Cour pénale internationale et de la Cour internationale de justice, usage de la compétence universelle, sanctions ciblées (“Magnitsky sanctions”).
Ambition et Portée
Le rapport vise à établir avec précision que les violences contre les Hazaras relèvent du crime de génocide tel que définit par le droit international, à travers l’étude des faits, du contexte historique et des critères juridiques (groupe protégé, actes prohibés, intention d’anéantissement).
Reposant sur une revue de sources ouvertes, de rapports d’ONG, d’enquêtes de l’ONU et de travaux scientifiques, le rapport suit la norme de « preuves suffisantes pour convaincre un observateur prudent ». L’accès à l’information est freiné par le refus des Talibans de laisser les organismes indépendants opérer, ce qui rend le travail de documentation difficile mais pas impossible.
Critères du Génocide
- Le groupe Hazara possède une identité culturelle, linguistique et religieuse proprement dite, largement reconnue. La majorité de la population est chiite duodécimaine.
- Actes prohibés : Les violences rapportées incluent meurtres, sévices graves, conditions destructrices de survie, violences sexuelles, privations, déplacements forcés, destruction de lieux de culte ou de culture.
- Intention : L’intention d’anéantissement (dolus specialis) ressort des discours publics, des slogans de haine, de la répétition des attaques ciblées, de la volonté affichée par certains groupes de détruire la communauté Hazara.
Responsabilité des États et Appel à l’Action
- Les Talibans, en tant qu’autorité de fait, sont directement responsables des crimes commis et de l’omission à protéger les Hazaras sur le territoire afghan.
- L’obligation de prévention et de sanction s’étend à tous les pays signataires de la Convention : la méconnaissance délibérée d’un risque de génocide est elle-même condamnable.
- Le rapport réclame : la création d’un mécanisme international d’enquête, la référence à la CPI et à la CIJ, l’activation de la compétence universelle par les juridictions nationales et l’application de sanctions individuelles.
Conclusion Analytique
Il s’agit d’un exposé exhaustif et argumenté selon les normes du droit international, démontrant que les violences contre les Hazaras depuis août 2021 s’inscrivent dans le crime de génocide. Le texte demande, en conformité avec la Convention de 1948, une mobilisation pour la prévention, la protection des victimes et la poursuite des auteurs, afin de cesser l’impunité et éviter la disparition programmée d’une minorité historiquement persécutée.
[Résumé élaboré à partir du rapport : New Lines Institute for Strategy and Policy, « The Hazara Genocide Legal Report », septembre 2025].FINAL-Hazara-Genocide_legal-report.pdf

Le deuxième rapport s’intitule
La lutte du peuple Hazara pour la survie et la dignité sous l’Afghanistan contrôlé par les Taliban
édité par
Hazara Council of Great Britain (HCGB)
All-Party Parliamentary Group on Hazaras (HAPPG)

La lutte du peuple Hazara pour la survie et la dignité sous l’Afghanistan contrôlé par les Taliban
Hazara Council of Great Britain (HCGB)
All-Party Parliamentary Group on Hazaras (HAPPG)
Ce rapport, rédigé par Halima Akbari et publié par le Hazara Council of Great Britain en août 2025, constitue une analyse détaillée de la situation actuelle des Hazaras sous le régime taliban en Afghanistan, documentant la continuité des persécutions et les mécanismes d’effacement systématique du groupe sur les plans politique, social et culturel.
Présentation Structurée
Origine et contexte
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Titre : The Hazara People’s Struggle for Survival and Dignity under Taliban-Controlled Afghanistan
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Auteur : Halima Akbari
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Commanditaires : Hazara Council of Great Britain (HCGB), All-Party Parliamentary Group on Hazaras (HAPPG)
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Date : 15 août 2025
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Objectif : Fournir un état des lieux juridique, politique et humain de la minorité Hazara en Afghanistan depuis le retour des Talibans, formuler des recommandations concrètes à l’attention de la communauté internationale face au risque génocidaire.
Constat général : Répression systémique
Le rapport documente la transformation rapide du pays en « blackhole de droits humains » où les institutions judiciaires et civiles ont été démantelées et remplacées par une application stricte d’une version extrême de la loi islamique sunnite. Les minorités, notamment les Hazaras (majoritairement chiites), sont ainsi privées de toute protection légale, exclues des fonctions publiques et de l’accès à l’aide humanitaire, et vulnérables à l’arbitraire des “proxies” du régime.
Crimes et mécanismes de persécution
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Violences, massacres et attaques ciblées : Meurtres, disparitions, attaques contre les écoles et les lieux de culte, notamment sous l’action du groupe État islamique-Khorasan (ISIS-K/ISKP).
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Discriminations structurelles : Exclusion des Hazaras de la distribution de l’aide internationale, éviction des postes publics (universités, commissions) et manipulation du recrutement dans les agences humanitaires sous influence du régime.
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Déplacements forcés et confiscation des terres : Les incidents récents à Bamiyan et Uruzgan illustrent la systématisation des expulsions et le favoritisme judiciaire envers les Kuchis (nomades).
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Effacement culturel et religieuse : Suppression de lois, fêtes et enseignements spécifiques aux chiites, attaques contre les processions religieuses, destruction de bibliothèques et de patrimoines culturels.
Le rapport retrace la longue histoire de persécutions contre les Hazaras, notamment sous le règne d’Abdul Rahman Khan (1880–1901), où furent orchestrés massacre, conversions forcées et esclavage. Il démontre que les méthodes anciennes (taxation arbitraire, confiscation, massacre) sont aujourd’hui réactivées par le régime taliban, s’inscrivant dans une continuité de l’effacement et de la marginalisation.
4. Analyse juridique et qualification du danger
Le rapport mobilise les définitions internationales du crime contre l’humanité et du génocide, soulignant que le schéma actuel — meurtres, destructions, expropriations, discours de haine et exclusion systémique — satisfait aux critères de la Convention sur le Génocide de 1948. Des voix et des instances (Genocide Watch, Human Rights Watch, ONU) ont alerté sur le risque génocidaire pesant sur la population hazara, appelée “slow genocide”.
Synthèse des recommandations
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Actions internationales urgentes
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Création d’un mécanisme d’enquête international indépendant ; ouverture d’une instruction spécifique à la CPI sur les crimes contre les Hazaras.
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Mise en œuvre de sanctions ciblées (gel d’avoirs, refus de visa) contre les acteurs talibans responsables des exactions et des expulsions.
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Conditionnalité de toute interaction diplomatique avec le régime taliban à la protection effective des minorités et à la restauration des droits des Hazaras.
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Protection humanitaire et accès à l’aide
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Clause de protection systématique dans la livraison de l’aide ; renforcement de réseaux Hazara pour l’accès direct aux biens humanitaires.
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Priorisation des Hazaras dans les évacuations, accès aux visas humanitaires et programmes de réinstallation d’urgence.
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Soutien à la société civile et conservation du patrimoine
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Appui aux ONG hazara pour la documentation des violations, protection des femmes, préservation de la mémoire et du patrimoine culturel.
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Surveillance internationale
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Mise en place d’un système d’alerte et de suivi par les instances internationals (ONU, Global Centre for Responsibility to Protect) pour prévenir les risques d’atrocités futures et maintenir la question Hazara à l’agenda mondial.
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Conclusion
Ce rapport constitue une démonstration rigoureuse et alarmante de la transformation de la persécution hazara en Afghanistan sous le régime taliban : elle n’est plus seulement ponctuelle mais systémique, multi-niveaux (judiciaire, économique, culturel) et s’apparente à un processus génocidaire lent. Il plaide pour une mobilisation internationale immédiate afin de documenter, sanctionner, protéger, et rétablir les droits fondamentaux du peuple hazara.

The Hazaras in Afghanistan: exclusion, minoritisation and resistance
Dr Niamatullah Ibrahimi
Voici le résumé et l’exégèse de l’article “The Hazaras in Afghanistan: exclusion, minoritisation and resistance” de Dr Niamatullah Ibrahimi (Melbourne Asia Review), qui analyse la persécution des Hazaras en Afghanistan, les mécanismes de leur exclusion, leur résistance et leur potentiel pour la réconciliation nationale.melbourneasiareview
L’article met en lumière l’histoire longue et tragique des Hazaras, minorité chiite en Afghanistan, systématiquement discriminée politiquement, économiquement, socialement et culturellement depuis la fin du XIXe siècle. Le processus de minoritisation résulte de politiques délibérées menées par des régimes dominants, notamment le régime d’Abdur Rahman Khan, les guérillas et le régime taliban. Les Hazaras ont subi massacres, esclavage, expulsions et confiscation de terres, des pratiques que de nombreux chercheurs qualifient de génocide.
Malgré une brève période d’amélioration post-2001, la reprise du pouvoir par les Taliban en 2021 a ravivé discriminations, violences ciblées (par les Taliban et ISIS-K), exclusion des instances politiques et privation des droits fondamentaux. Les femmes hazaras subissent une double marginalisation liée à leur genre et leur appartenance ethnique.
Face à ces persécutions, la communauté hazara développe un mouvement de résistance fondé sur les droits humains, la mobilisation politique, l’organisation associative, la participation au débat public et la revendication identitaire. Les mouvements comme l’Enlightenment Movement (Junbesh-e Roshnayi) et la diaspora, très active, exigent justice, reconnaissance des crimes passés (Afshar, Mazar-i-Sharif…), réparation et protection juridique.melbourneasiareview
L’article conclut que la fin de la persécution hazara est un enjeu central pour la construction d’une paix inclusive et durable en Afghanistan, nécessitant une réforme constitutionnelle, la lutte contre les inégalités structurelles et une représentation politique effective.
Exclusion, minoritisation et conflit
L’auteur expose que l’exclusion identitaire, la discrimination horizontale et la minoritisation ne sont pas accidents, mais des outils de domination utilisés par des régimes pour consolider le pouvoir au profit d’un groupe ethno-religieux majoritaire (à l’exemple des Pashtuns). Cette dynamique, observable mondialement, est à l’origine de conflits violents et de guerres civiles, et s’exprime tant par la privation des droits politiques et économiques que par la stigmatisation ou l’effacement culturel. En Afghanistan, les Hazaras subissent ce processus avec une intensité particulière.wikipedia+1
Histoire des violences contre les Hazaras
Depuis Abdur Rahman Khan (fin XIXe siècle), les Hazaras sont victimes de campagnes de génocide, de massacres, de confiscations et d’expulsions. Les discriminations perdurent tout au long du XXe siècle, à travers divers régimes. Les événements récents (massacre d’Afshar 1993, Mazar-i-Sharif 1998, attaques sous le règne taliban et par ISIS-K) illustrent la continuité des violences, aggravées par une idéologie qui exclut et délégitimise les chiites. Les femmes hazaras, à l’intersection du genre et de l’ethnicité, subissent des persécutions encore plus intenses.jurist+1
Résistance, conscience et mobilisation hazara
L’article insiste sur la capacité d’organisation, la politisation et l’émergence d’une conscience collective hazara autour de la revendication des droits humains, de la justice et de la mémoire. Depuis les années 1960, la société civile hazara, appuyée par la diaspora, documente les crimes, exige une réforme de la représentation et lutte pour la reconnaissance des persécutions passées. Les femmes, en particulier, jouent un rôle moteur dans les mobilisations, malgré la forte adversité.melbourneasiareview
Justice, inclusion et perspectives de réconciliation
L’auteur affirme que la résolution du problème hazara doit être au cœur du processus de réconciliation nationale : il ne s’agit pas d’une simple question de minorité mais de prérequis à la paix. Cela implique : reconnaissance des massacres historiques, mécanismes de justice transitionnelle, réformes constitutionnelles pour protéger la liberté religieuse et l’égalité, et lutte contre toutes les discriminations.sjsu+2
Par leur engagement en faveur des droits humains, les Hazaras jouent un rôle de catalyseur pour d’autres communautés marginalisées ; leur combat génère une solidarité intergroupes porteuse d’une nouvelle vision inclusive pour l’Afghanistan.
Conclusion
L’article de Dr Ibrahimi propose une lecture politique et sociale du sort des Hazaras, démontrant que leur exclusion et leur persécution structurelle sont emblématiques de la crise de l’État afghan. Il en fait une clé de lecture de la pacification et du renouveau institutionnel du pays : la défense des Hazaras – et des autres minorités marginalisées – est incontournable pour bâtir une paix juste, durable et pluraliste en Afghanistan.wikipedia+2
- https://www.melbourneasiareview.edu.au/the-hazaras-in-afghanistan-exclusion-minoritisation-and-resistance/
- https://en.wikipedia.org/wiki/Persecution_of_Hazaras
- https://thediplomat.com/2024/01/the-plight-of-hazaras-under-the-taliban-government/
- https://www.genocidewatch.com/single-post/the-taliban-genocide-of-hazaras-in-afghanistan
- https://en.wikipedia.org/wiki/Hazaras
- https://www.sjsu.edu/hri/docs/SJSU%20HRI%20REPORT_%20%20Human%20Rights%20Conditions%20for%20Hazaras%20in%20Afghanistan%20Under%20the%20Taliban%20Regime.pdf
- https://www.jurist.org/commentary/2024/05/hazaras-and-shias-violence-discrimination-and-exclusion-under-taliban/
- https://macmillan.yale.edu/stories/protecting-afghanistans-hazara-people-under-taliban-rule
- https://www.amnesty.org/en/location/asia-and-the-pacific/south-asia/afghanistan/report-afghanistan/
- https://www.lowyinstitute.org/the-interpreter/afghanistan-hazara-dread
- https://www.amnesty.org/en/latest/news/2022/09/afghanistan-taliban-torture-and-execute-hazaras-in-targeted-attack-new-investigation/
Dernier volet de ce dossier consacré au peuple Hazara , une étude de Sayed Reza Hussaini
déjà publié dans la Lettre d’Afghanistan du 27 juin 2025
Afghanistan 8.1 (2025): 29-52
Edinburgh University Press
https://doi.org/10.3366/afg.2025.0154
© The Author – Sayed Reza Hussaini
www.euppublishing.com/afg
Colonialisme interne et aliénation ethnoculturelle : une étude de cas sur les Hazaras en Afghanistan
Sayed Reza Hussaini est doctorant et maître de conférences invité à l’Université du Hertfordshire, au Royaume-Uni. Ses recherches actuelles portent sur la conception institutionnelle dans les sociétés profondément divisées, et plus particulièrement sur la Constitution afghane de 2004.
Cet article examine les processus sociopolitiques qui ont contribué à l’aliénation et à la marginalisation ethnoculturelles des Hazaras en Afghanistan, en s’intéressant à leur évolution historique et à leurs implications contemporaines. Il utilise la théorie de l’aliénation culturelle de Frantz Fanon comme cadre théorique et analyse de manière critique 20 réponses d’entretiens avec des membres de la communauté hazara. S’appuyant sur une analyse critique de l’histoire politique complexe et des hiérarchies ethniques de l’Afghanistan, l’article soutient que la violence structurelle, la discrimination systématique à l’encontre des Hazaras et leur exclusion des principales structures sociopolitiques ont joué un rôle essentiel dans l’adaptation d’une stratégie de survie fondée sur le déni de leurs origines ethnoculturelles. Ce déni se manifeste par la modification des identités ethniques sur les Tazkeras (cartes d’identité nationale), où les Hazaras s’identifient parfois comme Pachtounes, Tadjiks ou Qizilbashs. Cette falsification ethnique met en évidence des stratégies d’adaptation pour échapper à la discrimination et s’assurer des avantages socio-économiques.











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