Natiq Malidzada a fait l’objet d’une tentative d’assassinat le mois dernier à Londres, par un islamiste
Cet article cité au bas de la page écrit par un lobbyiste taliban reconnu, est habilement conçu pour illustrer parfaitement le faux dilemme suivant : les États-Unis doivent soit « s’engager » avec les talibans, soit laisser l’Afghanistan s’enfoncer davantage dans un djihad violent.
Il faut tout d’abord saluer la créativité de l’auteur. Il a usé d’une tactique manipulatrice pour présenter une option contre une autre de manière si approfondie qu’elle accapare l’esprit du lecteur, lui donnant l’impression que ces deux options sont les seules possibles, sans aucune autre. Il a formulé le débat en termes si restrictifs pour orienter le lecteur vers un « engagement » avec les terroristes, comme si nous étions contraints de choisir le moindre de deux maux monstrueux. Il croit que tout le monde est stupide et qu’il peut les tromper.
Or, il existe une troisième option : renverser le régime terroriste en donnant du pouvoir au peuple d’AFG, qui résiste déjà et lutte pour sa liberté. Dans ce scénario, on ne choisit pas entre deux terroristes, mais on renforce la troisième option, victime de ces deux fléaux, et on lui permet de lutter pour sa liberté. Une véritable alternative ne doit pas consister à culpabiliser en optant pour ce choix « le moins pire ».
L’Amérique, autrefois symbole d’espoir et de liberté, ne doit pas sombrer au point de légitimer un régime qui brutalise ouvertement les femmes, abrite des terroristes, enlève des ressortissants étrangers et demeure un fier foyer de groupes extrémistes violents. L’auteur tente de propager l’idée étrange selon laquelle l’établissement d’une présence diplomatique américaine à Kaboul permettrait à des équipes de renseignement spécialisées de gérer les menaces. C’est d’une naïveté absolue.
Imaginez la rapidité avec laquelle ces soi-disant « équipes spécialisées » se retrouveraient en danger, sous le contrôle du groupe même qui a déjà pris des otages américains, ce que l’auteur lui-même a mentionné et continue de suggérer. Le bilan des talibans est jonché d’enlèvements, de tortures et de meurtres de ceux qu’ils considèrent comme des ennemis ou des monnaies d’échange commodes. Nul besoin d’être un expert en contre-terrorisme pour comprendre le danger colossal que représente le stationnement d’une petite équipe d’ambassade, sans parler des opérations de renseignement, entre les mains d’un groupe comme les talibans.
Et soyons honnêtes, si ces équipes tentaient ne serait-ce que de recueillir des renseignements contre Al-Qaïda, qui les protégerait ? Qui agirait pour détruire ces membres d’Al-Qaïda ? Le réseau Haqqani qui abritait le chef d’Al-Qaïda à deux pas du palais d’Arg ? Les talibans eux-mêmes se vantent d’avoir ouvert des milliers de madrasas djihadistes pour assurer l’avenir du terrorisme en utilisant l’endoctrinement comme une arme pour laver le cerveau des générations futures. Il est donc plus qu’absurde de suggérer que les États-Unis comptent sur une « présence diplomatique limitée » pour fraterniser avec les dirigeants talibans afin de lutter contre le terrorisme.
Plus absurde encore est l’idée que la réouverture d’une ambassade pourrait permettre de « récupérer le matériel militaire » abandonné. Sérieusement ? La plupart de ce matériel est soit endommagé, soit démonté pour en récupérer les pièces détachées, soit activement utilisé par les forces de sécurité talibanes. S’attendre à ce qu’ils le remettent poliment est illusoire. Et même s’ils le faisaient, la réparation de ces véhicules et de ces armes coûterait aux États-Unis plus cher que leur valeur actuelle. On trouve ensuite l’argument selon lequel les États-Unis doivent se rapprocher des talibans pour empêcher la Chine de dominer l’Afghanistan. Absurde !
Après les slogans « les talibans ont changé » et « les talibans sont antiterroristes », la nouvelle tendance est « empêcher l’influence de la Chine ». Javed affirme que les talibans considèrent toujours les États-Unis comme un « partenaire privilégié », ce qui permet à Washington d’exploiter cette situation. L’auteur est pleinement conscient du ridicule de ses propos, mais il prend un risque insensé et tente quand même sa chance. Oui, la Chine exerce une influence considérable sur le régime taliban. Oui, Pékin considère l’Afghanistan comme un pays propice à l’extraction de ressources. L’ouverture d’une ambassade américaine annulera-t-elle tout cela d’une manière ou d’une autre ? Les talibans ne partagent aucun lien idéologique avec les États-Unis ni avec la Chine ; ils recherchent ressources et légitimité partout où ils peuvent les trouver. S’ils peuvent jouer avec la Chine et les États-Unis, ils le feront sans hésiter.
www.nytimes.com /2025/02/17/opinion/trump-afghanistan.html Les États-Unis ne peuvent plus ignorer la menace qui plane sur l’Afghanistan Javid Ahmad 17/02/2025
Le président Trump a promis une nouvelle approche américaine audacieuse face au monde. Nulle part ailleurs, cela n’est plus urgent qu’en Afghanistan. Non seulement ses dirigeants talibans ont écrasé la dissidence et privé les femmes et les filles du pays de leurs droits ; ils ont également pris des Américains en otage et permettent à l’Afghanistan de servir de centre névralgique à des réseaux djihadistes violents comme Al-Qaïda. Nous savons tous ce qui s’est passé le 11 septembre 2001, la dernière fois qu’une telle situation s’est produite. L’administration Trump est confrontée à un choix difficile : laisser l’Afghanistan sombrer davantage dans le djihadisme ou s’engager pragmatiquement avec les talibans. L’engagement est, bien sûr, un argument difficile à défendre, compte tenu de la brutalité du régime et du passé douloureux des États-Unis en Afghanistan. Mais traiter directement avec les talibans pourrait être le seul moyen d’obtenir suffisamment d’influence pour minimiser les menaces potentielles graves pour la sécurité nationale et les intérêts des États-Unis. L’approche de l’administration Biden – ni renverser le régime ni normaliser les relations – a permis aux talibans de consolider leur pouvoir sans espoir d’influence positive des États-Unis. L’Afghanistan exige de la realpolitik – privilégier les résultats aux idéaux. Les aspects « America first » de M. Trump, axés sur la conclusion d’accords, pourraient offrir le cadre approprié. L’administration Trump devrait au moins établir une présence diplomatique limitée en Afghanistan, voire rouvrir l’ambassade américaine à Kaboul, afin de faciliter les contacts réguliers avec les dirigeants talibans, l’objectif ultime étant de déployer des équipes de renseignement spécialisées dans le pays pour détecter et répondre aux menaces potentielles.
La politique de l’administration à l’égard des talibans reste floue, mais il y a des raisons de croire que M. Trump adopterait une nouvelle approche. Il a critiqué la politique américaine passée en Afghanistan, la jugeant excessive et irréaliste. Il a également déjà pris des mesures audacieuses à son égard. En 2020, sa première administration a négocié l’accord entre les États-Unis et les Taliban, mis en œuvre ultérieurement par le président Joe Biden, qui a mis fin à la plus longue guerre des États-Unis. Abonnez-vous à la newsletter Opinion Today. Recevez chaque matin de la semaine une analyse experte de l’actualité et un guide des grandes idées qui façonnent le monde. Plus récemment, M. Trump a clairement exprimé son intérêt pour la récupération du matériel militaire, évalué à 7 milliards de dollars, abandonné par les États-Unis. Il a également déclaré que l’immense base aérienne de Bagram aurait dû rester sous contrôle américain afin de contrer la puissance chinoise dans la région. Ces objectifs sont impossibles à atteindre sans contact direct avec les Taliban.
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