d’après le rapport d’Afghanistan Analysts Network

Un pays vulnérable face à une menace invisible

L’Afghanistan, pays montagneux et enclavé, est depuis longtemps confronté à des conditions climatiques extrêmes. Cependant, le changement climatique intensifie ces difficultés, menaçant la stabilité économique et sociale du pays. Malgré sa contribution minime aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, l’Afghanistan subit de plein fouet les effets du réchauffement climatique. Avec des pertes économiques atteignant jusqu’à 18 % du PIB en année de sécheresse, la situation devient alarmante. Mais quels sont les vrais coûts de cette crise et pourquoi le pays n’a-t-il pas accès aux fonds nécessaires pour s’adapter ?

Un impact économique dévastateur

Les effets du changement climatique se manifestent principalement par une augmentation de la fréquence et de l’intensité des catastrophes naturelles.

• Inondations : Elles causent des dégâts majeurs aux infrastructures, détruisant routes, ponts et zones agricoles. En 2024, une série d’inondations a entraîné plus de 600 millions de dollars de pertes.
• Sécheresses : L’Afghanistan, où l’agriculture représente 33,7 % du PIB et emploie la majorité de la population, souffre d’un manque croissant d’eau. En année sèche, les pertes agricoles peuvent dépasser 3 milliards de dollars.
• Glissements de terrain et avalanches : Affectant les zones montagneuses, ces phénomènes isolent les communautés et rendent les secours plus difficiles.

Les chiffres sont alarmants : en année normale, le pays perd en moyenne 550 millions USD à cause du climat, 860 millions en année humide et jusqu’à 3,1 milliards USD en année de sécheresse.

Conséquences sociales et sociétales

Le changement climatique ne touche pas seulement l’économie ; il aggrave aussi les inégalités et la pauvreté :

• Exode rural et migrations : Des milliers de familles quittent leurs terres asséchées pour trouver refuge en ville, accentuant la précarité urbaine.
• Tensions sociales et conflits : La raréfaction des ressources, notamment de l’eau, alimente des conflits locaux entre communautés et avec les pays voisins.
• Santé publique : La hausse des températures augmente les cas de maladies respiratoires et de malnutrition.

Un accès bloqué aux financements climatiques

Alors que l’Afghanistan aurait théoriquement droit à des financements pour l’adaptation climatique, plusieurs obstacles se dressent :

• Avant 2021, le pays avait accès à des fonds pour financer des projets climatiques. Cependant, avec la prise de pouvoir des Talibans, 28 projets totalisant 826 millions USD ont été suspendus.
• Les institutions internationales ne reconnaissant pas le gouvernement actuel, l’Afghanistan ne peut plus bénéficier directement des fonds du Fonds Vert pour le Climat ou de la Banque mondiale.
• Seules quelques ONG et agences de l’ONU parviennent à financer des initiatives, mais elles restent insuffisantes pour couvrir les besoins urgents.

Quelles solutions pour un avenir plus résilient ?

Malgré cette situation critique, des solutions existent :

• Développement de l’agriculture résiliente : Promouvoir des cultures résistantes à la sécheresse, comme le jujube.
• Réhabilitation des systèmes d’irrigation traditionnels (karez) : Une solution efficace et peu coûteuse.
• Investissements dans les énergies renouvelables : L’utilisation de l’énergie solaire permettrait de réduire la dépendance aux énergies fossiles et d’améliorer l’accès à l’électricité.
• Coopération internationale indirecte : Les pays du Golfe, la Chine et l’Inde pourraient fournir des aides ciblées, contournant les blocages diplomatiques.

Conclusion : Une urgence climatique et économique

L’Afghanistan est l’un des pays les plus vulnérables au changement climatique. Sans accès à des fonds internationaux et avec une économie fragilisée, le pays risque de plonger dans une crise encore plus profonde. Il est urgent que la communauté internationale trouve des moyens d’aider l’Afghanistan à s’adapter aux nouvelles réalités climatiques, faute de quoi des millions de vies seront affectées par une catastrophe économique et humanitaire sans précédent.