La résilience des femmes afghanes face à la normalisation de l’oppression

Quatre ans après la prise de pouvoir des talibans (août 2021), l’Afghanistan connaît l’une des crises des droits des femmes les plus extrêmes au monde. Les restrictions, désormais institutionnalisées, érodent les droits, plombent le développement et compromettent l’avenir de 21 millions d’Afghanes. L’Alerte Genre d’ONU Femmes (août 2025) en dresse un panorama appuyé sur enquêtes de terrain, sondages téléphoniques et cycles de consultations menés avec la MANUA et l’OIM entre 2022 et 2025.

Afghanistan — Lignes directrices prioritaires pour les droits des femmes

Cadre d’action synthétique pour bailleurs, ONG, décideurs et médias

  1. Financer en priorité et sur le long terme les organisations de femmes (WLOs), avec des enveloppes flexibles et tolérantes au risque, afin d’éviter les fermetures et la perte de portée communautaire.
  2. Flécher au moins 30 % de l’aide totale vers l’égalité de genre et intégrer des objectifs mesurables « genre » dans tous les programmes (zéro financement « gender-blind »).
  3. Éviter toute action qui normalise ou renforce les politiques discriminatoires de facto : conditionner appuis et accès à des garanties minimales de droits pour femmes et filles.
  4. Placer les droits des femmes au centre de l’humanitaire, des besoins de base, des politiques publiques et des démarches politiques — du terrain au plaidoyer international.
  5. Protéger et rouvrir l’espace civique des femmes : soutenir leurs réseaux, la documentation des violations et leurs capacités de leadership local.
  6. Exiger l’accès sans entrave des travailleuses humanitaires et la levée des interdictions d’emploi et d’éducation qui privent les communautés de services essentiels.
  7. Contrer la diffusion et l’application de la loi PVPV et des décrets restrictifs (mahram, voix « awrah », espaces publics) en priorisant la mobilité, la parole et la présence publiques des femmes.
  8. Réouvrir l’éducation secondaire et supérieure pour les filles et les femmes ; financer des alternatives sûres et des passerelles (santé, enseignement, formation) tant que les bans persistent.
  9. Investir dans la santé (y compris mentale) et la protection contre les violences basées sur le genre : restaurer des dispositifs spécialisés et des parcours sécurisés d’orientation et d’abri.
  10. Stimuler l’inclusion économique des femmes (formel et informel) : accompagnement à l’entrepreneuriat, marchés sûrs, garde d’enfants, transferts monétaires sensibles au genre.
  11. Saisir les points d’appui existants (p.ex. droits successoraux) pour sécuriser des gains concrets et l’autonomie financière des femmes au niveau local.
  12. Adapter la réponse aux retours massifs d’Afghan·e·s d’Iran et du Pakistan : équipes mixtes aux frontières, prévention VBG, services juridiques, intégration des femmes leaders réfugiées.
  13. Réduire l’« obéissance anticipée » (self-censorship et restrictions auto-imposées) via des lignes directrices claires aux partenaires, des mécanismes de plaintes sûrs et des messages publics.
  14. Ancrer la programmation dans des données désagrégées et des consultations continues des femmes (rurales/urbaines, jeunes, minorités), avec indicateurs de résultats et boucles de redevabilité.
  15. Coordonner fermement bailleurs-agences-ONG pour maintenir une position commune : pas de compromis sur l’éducation, le travail, la mobilité et la participation publique des femmes.

Afghanistan : quatre ans de régime taliban, les femmes en première ligne de la résistance

Depuis le retour des talibans au pouvoir en août 2021, la situation des droits des femmes en Afghanistan a connu une régression sans précédent. « Nous n’avons pas le droit à l’éducation, pas le droit de travailler, pas le droit d’exister librement. Ils nous excluent de la société », témoigne une femme afghane, décrivant une vie devenue insupportable, limitée aux « quatre murs » de son foyerunesco.org. Ce cri du cœur illustre l’ampleur de la crise : en quatre ans, les Afghanes ont été progressivement effacées de la vie publique par un enchevêtrement de décrets extrêmes. Le dernier rapport d’ONU Femmes dresse le tableau d’une situation « parmi les plus graves au monde », comparable à celle du Yémen, avec 21 millions d’Afghanes affectées par ce qu’on peut qualifier d’apartheid de genre. Tandis que l’attention internationale s’étiole, la normalisation de l’oppression s’intensifie, érodant non seulement les droits des femmes, mais aussi l’avenir du pays tout entier.

Contexte : quatre ans de recul des droits fondamentaux

Dès leur arrivée, les talibans ont multiplié les directives draconiennes touchant presque tous les aspects de la vie des Afghanes. Quatre ans plus tard, pas un seul de ces édits répressifs n’a été abrogé. Ce qui était initialement présenté comme temporaire s’est installé dans la durée, ancrant un système institutionnalisé de contrôle du genre. Les femmes ont été exclues de toute représentation politique : le gouvernement taliban annoncé en septembre 2021 ne compte aucune femme ministre, et il en va de même des postes de direction au niveau local. Il n’existe aucun mécanisme permettant aux Afghanes de faire entendre leurs priorités ou de participer aux décisions publiques.

En parallèle, les talibans ont publié plus de soixante-dix décrets restreignant les droits des femmesunesco.org. L’éducation secondaire est interdite aux filles dès l’âge de 12 ans – faisant de l’Afghanistan le seul pays au monde où les filles ne peuvent pas aller au lycéeunesco.org. En décembre 2022, une nouvelle étape a été franchie avec l’interdiction pour les femmes de fréquenter l’université, une interdiction étendue aux instituts de médecine en 2024. Côté emploi, les talibans ont d’abord écarté les femmes de la fonction publique, puis banni les femmes des ONG nationales et internationales fin 2022 – une mesure ensuite élargie aux agences de l’ONU en avril 2023. Ce bannissement du travail humanitaire féminin a eu un effet dévastateur : début 2025, 97 % des Afghanes vivant dans les zones où cette interdiction est appliquée affirment que cela a nui à leur vie quotidienne.

Le contrôle des femmes s’étend également à leur vie quotidienne et à leur corps. Une loi sur la « vertu et le vice » (PVPV) promulguée en août 2024 a codifié ces restrictions dans le marbre : elle exige qu’une femme soit accompagnée d’un gardien masculin (mahram) presque chaque fois qu’elle sort de chez elle, et va jusqu’à déclarer la voix des femmes « awra » – un son « à dissimuler » qui ne devrait pas être entendu en public. Sous ce régime, les Afghanes ne peuvent plus accéder librement aux espaces publics : elles sont bannies des parcs, des salles de sport et des bains publics. Le port du voile intégral est imposé, effaçant les femmes de l’espace visible. Par peur des sanctions, beaucoup de familles et d’employeurs pratiquent même une censure anticipée, restreignant d’eux-mêmes les libertés des femmes avant même qu’un décret ne l’ordonne. En un an, l’application de l’interdiction scolaire s’est presque généralisée à tout le pays (97 % des localités contre 79 % auparavant) et les interdictions d’accès aux parcs ou salles de sport ont doublé. Une chape de peur s’est installée : 43 % des Afghans – femmes et hommes – disent « parler moins en public » qu’avant 2021, tant le climat de répression les incite au silence.

Des conséquences sociales, économiques et psychologiques dramatiques

Les effets de ces mesures sont catastrophiques pour les Afghanes et pour la société tout entière. Privées d’école et de travail, près de 80 % des jeunes femmes afghanes (18-29 ans) ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation – un taux quatre fois supérieur à celui de leurs homologues masculins. En 2024, seulement 24 % des femmes participaient au marché du travail, contre 90 % des hommes. Et encore, ce chiffre inclut surtout des emplois informels, précaires ou à domicile qui n’assurent ni revenu décent ni autonomie. L’exclusion économique des femmes n’est pas seulement injuste : elle coûte cher à l’Afghanistan, avec une perte estimée à 920 millions de dollars pour l’économie entre 2024 et 2026. Dans un pays où la moitié de la population vivait déjà sous le seuil de pauvreté, priver les femmes de salaire aggrave la crise humanitaire et alimentaire.

Le recul éducatif hypothèque également l’avenir du pays. En empêchant les filles d’étudier, les talibans compromettent une génération entière. Les projections d’ONU Femmes sont édifiantes : si les restrictions actuelles perdurent, on peut s’attendre à une augmentation de 25 % des mariages d’enfants et de 45 % des grossesses précoces chez les adolescentes, ainsi qu’à un bond d’au moins 50 % de la mortalité maternelle d’ici 2026. Autrement dit, des milliers de femmes et de bébés supplémentaires perdront la vie à cause de ces interdits. De plus, privées d’instruction et d’espoir d’emploi, de nombreuses jeunes filles se retrouvent mariées très tôt, renouant avec des pratiques que l’on s’efforçait de réduire ces dernières décennies.

Sur le plan social, la mise à l’écart systématique des femmes redessine dangereusement les normes. En les excluant de l’éducation et du travail, le régime renforce l’idée fausse que les femmes seraient inaptes à la vie publique ou à la prise de décision. Au sein même des familles, l’autorité et la légitimité des femmes s’amenuisent. Les consultations menées par ONU Femmes montrent que les mères ont aujourd’hui beaucoup moins d’influence dans le foyer par rapport aux pères, un phénomène qui se transmet aux plus jeunes générations. De telles tendances risquent de perpétuer sur le long terme la subordination des femmes, même au-delà du régime actuel.

La crise affecte aussi la santé physique et mentale des Afghanes. Coupées du monde extérieur, soumises à un stress permanent, elles font face à une véritable épidémie silencieuse de troubles psychologiques. En 2025, près de trois femmes sur quatre à travers le pays décrivaient leur santé mentale comme « mauvaise ou très mauvaise ». Le manque d’accès aux soins n’arrange rien : un tiers des Afghanes déclaraient l’an dernier éprouver des difficultés à obtenir des services de santé de base. Par ailleurs, sortir de chez soi est devenu dangereux et anxiogène pour une femme. Plus d’un tiers des Afghanes interrogées disent ne pas se sentir en sécurité lorsqu’elles sortent seules. Les contraintes de mobilité accentuent cet enfermement : en 2025, 14 % des femmes ont indiqué ne sortir qu’une fois par semaine au maximum, alors que 88 % des hommes sortent librement chaque jour. Ne pouvoir se déplacer qu’avec un chaperon masculin empêche les femmes d’accéder à l’éducation, aux soins, au marché, bref à la vie publique.

Dans ce huis clos imposé, les violences domestiques risquent de s’aggraver. Les talibans ont démantelé les mécanismes de protection existants : le ministère aux Affaires féminines a été supprimé, la loi sur l’élimination des violences faites aux femmes n’est plus appliquée, et la plupart des refuges ou services d’aide aux victimes ont dû fermer. Faute de recours, les femmes subissant des violences se tournent vers la famille ou la communauté, où prime souvent la préservation de l’honneur familial au détriment de la victime. ONU Femmes alerte sur un risque accru de violences conjugales dans ce contexte, un fléau déjà présent de longue date mais encore exacerbé par l’absence de protection et l’isolement des femmes. Avant la prise de pouvoir, une Afghane sans aucune éducation avait deux fois plus de chances de subir des violences qu’une femme ayant fait des études secondaires (56 % contre 28 %). En privant aujourd’hui des millions de filles d’école et d’autonomie, le régime taliban sème ainsi les graines de violences futures.

La résistance des femmes : entre clandestinité et solidarité

Malgré l’oppression, les Afghanes n’ont pas renoncé. « L’espoir est devenu un principe d’organisation », note le rapport d’ONU Femmes : pour beaucoup de femmes, continuer à espérer et à résister est un acte délibéré de survie politique. Plus de la moitié des participantes à une enquête nationale de 2025 se disent encore optimistes quant à la réalisation de leurs aspirations futures – et ce, alors même que presque toutes les portes de la vie publique leur sont fermées. Parmi les femmes rurales, 40 % espèrent toujours voir un jour les Afghanes jouir des mêmes droits que les hommes. Cet espoir tenace, puisé dans la foi, la famille et la solidarité, est devenu un moteur de résilience.

En effet, la résistance féminine existe, même si elle doit se montrer discrète pour survivre. Elle se manifeste d’abord au quotidien, à petite échelle. Des Afghanes bravent les interdits par de petits actes courageux : ici une enseignante organise une école clandestine pour les filles de son quartier, là une médecin continue de soigner des patientes à domicile, ailleurs des entrepreneuses à domicile maintiennent l’activité économique dans l’ombre. Le rapport souligne que les femmes sont présentes en première ligne comme travailleuses humanitaires, enseignantes, professionnelles de santé ou commerçantes, malgré les risques. Elles s’organisent en réseaux informels pour documenter en secret les abus, pour s’entraider moralement et matériellement, et pour défendre la paix au sein de leurs communautés. De sporadiques manifestations de rue ont aussi eu lieu dans les grandes villes – de petits groupes de femmes brandissant le slogan « Travail, Pain, Justice » – même si ces protestations sont systématiquement réprimées par le régime. Chaque fois, les talibans ont arrêté, frappé ou intimidé ces militantes audacieuses. Néanmoins, l’existence même de ces protestations montre que la flamme de la contestation ne s’éteint pas complètement.

Au-delà des initiatives individuelles, les organisations féminines locales jouent un rôle vital de relais et de résistance structurée. Depuis 2021, les organisations dirigées par des femmes (WLOs) se sont placées en première ligne : elles fournissent des services essentiels là où plus personne n’intervient, documentent les violations des droits, maintiennent des réseaux de solidarité et portent la voix des femmes dans l’espace civil. Ces associations de femmes ont multiplié les projets d’éducation informelle, les distributions d’aide discrètes aux veuves et aux mères isolées, les ateliers de santé mentale clandestins, etc. Leur impact est tel qu’on peut les considérer comme la colonne vertébrale de la résilience des communautésprimarynewssource.orgprimarynewssource.org.

Pourtant, ces organisations subissent à leur tour des coups durs. D’une part, la pression du régime les oblige souvent à opérer dans la semi-clandestinité, ou sous couvert d’autres activités, ce qui complique leur travail et expose leurs membres à des dangers. D’autre part, elles font face à une asphyxie financière. Les bailleurs de fonds internationaux, confrontés à la non-coopération du régime et à d’autres crises dans le monde, réduisent ou suspendent leur aide. En mars 2025, près de 40 % des 207 organisations de femmes afghanes sondées déclaraient que tous leurs projets dépendant de financements extérieurs étaient à l’arrêt faute de fonds. Un quart de ces organisations avaient dû licencier 25 % de leur personnel féminin. Les conséquences sont immédiates : un tiers des organisations affirment ne plus parvenir à joindre efficacement les femmes et les filles de leur communauté. Non seulement l’accès à l’aide sur le terrain en pâtit, mais en plus cela réduit la visibilité et la voix des femmes dans l’espace public.

Ce découragement financier intervient alors même que l’histoire montre que les mouvements de femmes indépendants sont parmi les leviers les plus puissants pour faire progresser l’égalité des sexes. En Afghanistan, étrangler ces mouvements par manque de soutien financier, c’est risquer de normaliser encore davantage le système d’exclusion instauré par les talibans. Malgré tout, les Afghanes continuent de se battre sur le terrain : elles dirigent des initiatives locales de développement, mènent un plaidoyer courageux pour des changements de politique (lorsque cela est possible), et apportent un soutien crucial aux plus vulnérables. Ces efforts méritent un appui bien plus fort de la communauté internationale. « Lorsqu’il ne vous est plus permis de sortir sans homme, ni de parler à un homme en dehors de votre famille – vers qui pouvez-vous vous tourner pour de l’aide ou simplement du soutien moral ? » faisait remarquer récemment Sofia Calltorp, la représentante d’ONU Femmes, avant de répondre elle-même : « Les Afghanes se tournent vers leurs organisations de femmes locales, l’un des seuls derniers lifelines qui leur restent ». Soutenir ces réseaux de femmes, c’est maintenir en vie l’espoir et l’entraide au cœur même de l’obscurantisme.

Les recommandations d’ONU Femmes : l’appel à l’action internationale

Face à cette situation alarmante, le rapport Gender Alert – August 2025 d’ONU Femmes ne se contente pas de dresser le constat : il formule également des pistes d’action pour inverser la tendance et soutenir les femmes et les filles d’Afghanistan. ONU Femmes émet quatre recommandations clefs à l’attention de la communauté internationale et des décideurs :

  • Consacrer au moins 30 % de toute l’aide à l’Afghanistan à l’égalité des genres. Il n’est plus acceptable que l’aide ignore la moitié de la population : chaque programme humanitaire ou de développement doit intégrer explicitement le soutien aux droits des femmes et des fillesprimarynewssource.orgprimarynewssource.org. En d’autres termes, plus aucun financement ne doit être accordé sans se demander comment il profite aux Afghanes – sinon, c’est l’avenir du pays qu’on compromet.
  • Ne pas cautionner ni normaliser, même indirectement, les politiques discriminatoires des talibans. Aucune action ou aide internationale ne doit renforcer involontairement le régime d’apartheid de genre en placeprimarynewssource.org. Cela exige une vigilance et une réflexion approfondie de la part des acteurs internationaux, pour s’assurer qu’aucun projet ne vienne conforter la marginalisation des femmes ou légitimer les décrets misogynes du régime.
  • Placer les droits des femmes au cœur de toutes les démarches – qu’elles soient humanitaires, liées aux besoins fondamentaux, aux droits humains ou aux négociations politiques. Les femmes afghanes ne doivent pas être un sujet secondaire ou optionnel : leurs droits et leur voix doivent orienter chaque décision et chaque action de la communauté internationale en Afghanistanprimarynewssource.org. Cela implique, par exemple, d’exiger leur participation significative aux discussions et aux mécanismes d’aide, de ne rien décider sans elles. Comme le martèle ONU Femmes, les Afghanes doivent pouvoir façonner l’avenir de leur pays, au lieu d’en être excluesprimarynewssource.org.
  • Soutenir résolument les organisations féminines afghanes et les initiatives portées par des femmes. C’est un point transversal mais crucial : ces actrices locales sont le dernier rempart contre l’effacement total des femmes, et elles connaissent mieux que quiconque les besoins de leurs communautés. Il faut leur apporter un financement sur le long terme, flexible et tolérant au risque, plutôt que de petits projets à court terme. Sans un appui soutenu, les dernières avancées et espaces de liberté arrachés par les Afghanes risquent de disparaître. Investir dans ces organisations, c’est investir dans l’espoir et la stabilité : partout dans le monde, on a vu que le renforcement des mouvements de femmes est l’un des moyens les plus efficaces pour faire progresser les droits et changer les mentalités. En Afghanistan, c’est peut-être le seul moyen de préserver un tissu social inclusif jusqu’à ce qu’un changement politique permette enfin aux femmes de recouvrer leurs droits.

Conclusion : ne pas laisser s’éteindre l’espoir des Afghanes

Quatre ans après la chute de Kaboul, la situation des femmes afghanes est désespérante sur bien des plans – mais elle n’est pas sans espoir. Jour après jour, malgré les risques, les Afghanes prouvent qu’elles demeurent les premières agentes du changement dans leur pays. Leur courage, leur résilience et leur solidarité sont un puissant rappel que même la plus féroce oppression n’étouffe pas le désir de liberté et d’égalité. « Les femmes afghanes restent les principales actrices du changement dans leur pays. La communauté internationale doit faire en sorte que l’espoir de ces femmes ne soit pas accueilli par le silence », exhorte ONU Femmes dans son rapport. Le message est clair : nous, communauté internationale, ne devons ni oublier ni abandonner ces millions de femmes et de filles.

Alors que le monde s’apprête à marquer, lors de l’Assemblée générale de l’ONU, les 30 ans de la Déclaration de Pékin sur l’égalité des sexes, comment accepter qu’en Afghanistan, on retourne des décennies en arrière ? La question nous interpelle tous : croyons-nous vraiment à l’universalité des droits des femmes ? Si oui, nous devons le prouver par des actions concrètes. Il s’agit de soutenir financièrement et diplomatiquement celles qui, sur le terrain, maintiennent la flamme de l’espoir. Il s’agit de parler haut et fort, sur toutes les scènes internationales, de la cause des femmes afghanes – afin que les talibans comprennent que le monde ne cautionnera jamais leur politique d’exclusion. Il s’agit enfin de faire preuve de solidarité : chaque État, chaque organisation, chaque citoyen qui se soucie des droits humains peut apporter sa pierre, que ce soit par des dons, du plaidoyer, de l’accueil de réfugiées, ou le simple fait de relayer la voix des Afghanes.

Les Afghanes n’ont pas baissé les bras ; elles « serrent les coudes, dirigent des entreprises, fournissent une aide humanitaire et se dressent contre l’injustice », comme le soulignait Sima Bahous, la Directrice exécutive d’ONU Femmes. Leur courage transformateur irrigue encore leurs communautés, même face aux décrets les plus brutaux. À nous de les soutenir dans leur quête d’un avenir où leurs droits seront rétablis et respectés. Ne laissons pas l’histoire se répéter en silence : la solidarité mondiale et l’action soutenue peuvent faire la différence entre un pays plongé dans l’obscurantisme et un pays qui renait un jour, porté par les rêves et la détermination de ses femmes. Ensemble, refusons la fatalité et faisons écho à l’espoir afghan – car le pire ennemi des talibans, c’est encore l’espoir vivant dans le cœur de chaque femme qui refuse de disparaître.



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