La Lettre d’Afghanistan 12 novembre 2025 N° 47
Bienvenue à tous les nouveaux abonnés de La Lettre d’Afghanistan, et un immense merci aux fidèles lectrices et lecteurs pour leur confiance renouvelée ! Dans ce nouveau numéro, vous découvrirez des points de vue inédits, des articles soigneusement sélectionnés pour mieux comprendre la situation actuelle en Afghanistan, des témoignages poignants, ainsi que des invitations à des rencontres avec la diaspora afghane en France. Comme chaque semaine, notre ambition reste la même : informer au-delà du “bad buzz” des réseaux sociaux, partager des analyses de fond, et surtout porter un message d’espérance. Bonne lecture à toutes et à tous ! 🌿
🎉 Soirée culturelle – Afghanistan : une immersion culturelle unique 🇦🇫 Le 20 novembre, notre association Vatandar organise une soirée spéciale dédiée aux femmes afghanes – un moment d’échanges, de musique, de poésie et de solidarité. Cette soirée vise à mettre en lumière la richesse de la culture afghane et le courage des femmes qui la portent.
🎥 Découvrez l’ambiance de l’événement dans cette vidéo, et rejoignez-nous pour partager ce beau moment de culture et d’unité.
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L’Orchestre de la jeunesse afghane raconte une histoire extraordinaire marquée par la perte, la résilience et l’espoir. Il est originaire d’un pays où le patrimoine culturel de la musique est interdit. Après la fermeture de leur seule école de musique et la destruction de beaucoup de leurs instruments, les jeunes musiciens ont été contraints de fuir en 2021, trouvant une nouvelle maison à Braga, au Portugal. Depuis lors, ils luttent contre l’oubli, envoyant un message puissant pour la préservation des traditions musicales afghanes authentiques. Par leur musique, ils relient leurs racines à la culture orchestrale européenne, devenant la voix d’un pays qui a perdu sa musique. Explorez le projet PURE SOUND: Aryana SayeedL’icône de la pop afghane Aryana Sayeed montera sur scène lors de la 16e édition des Hollywood Music in Media Awards (HMMAs), rejoignant une programmation prestigieuse qui comprend AR Rahman, Diane Warren, Kesha et bien d’autres. Cet événement, qui célèbre l’excellence musicale dans le cinéma, la télévision, les jeux vidéo et bien plus encore, se tiendra le 19 novembre à l’Avalon à Hollywood et, pour la toute première fois, sera diffusé en direct dans le monde entier via l’application Laurel Canyon Live. Sayeed, qui est depuis longtemps une voix importante pour les femmes et les artistes afghans en exil, est également nominée cette année. Sa chanson « We Believe in Hope », écrite par Jeff Beal, Joan Beal et Aryana Sayeed elle-même, est en lice pour le prix de la meilleure chanson de film indépendant pour le film « Rule Breakers ». Interprétée avec le Brooklyn Youth Chorus, cette chanson met en avant les thèmes de la résilience et de l’unité, et témoigne de son engagement constant pour faire entendre la voix des Afghans sur la scène internationale. L’école interdite : quand une génération entière est sacrifiéeL’UNESCO et l’UNICEF viennent de publier un rapport alarmant sur la situation de l’éducation en Afghanistan. Quatre ans après l’interdiction de l’enseignement secondaire pour les filles, le pays connaît l’une des pires crises d’apprentissage au monde : plus de 90 % des enfants de dix ans ne savent pas lire un texte simple. Derrière ces chiffres se cache une tragédie silencieuse : des millions d’enfants privés de savoir, de liberté et d’avenir. Le rapport Afghanistan Education Situation Report 2025 met en lumière une politique d’exclusion systématique, l’effondrement des infrastructures scolaires, et la disparition progressive de l’enseignement supérieur féminin. 👉 Retrouvez le rapport complet et ses chiffres clés
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La disparition des femmes, une politique d’État
En Afghanistan, les femmes ne vivent plus, elles s’effacent. Ce n’est pas une métaphore : c’est une stratégie. Depuis 2021, les Talibans ont fait de la disparition du féminin la clé de voûte de leur domination. L’interdiction d’étudier au-delà du primaire, de travailler, de voyager sans tuteur masculin, d’accéder aux parcs, aux universités, aux bains publics ou même aux hôpitaux, forme un système de ségrégation totale. Dans les provinces de Kaboul, Hérat, Balkh ou Nangarhar, des fonctionnaires sont refoulées à l’entrée des bureaux, interdites d’exercer sans le port intégral du tchadri. Celles qui refusent sont simplement rayées de la société. Les Talibans ne gouvernent pas par la loi mais par la disparition : celle des corps, des voix et des visages. En supprimant les femmes de la vie publique, ils détruisent les piliers de toute société moderne – l’éducation, la santé, la transmission, la liberté. Ce n’est pas une régression morale, c’est une politique d’effacement méthodique, une purification sociale. En Afghanistan aujourd’hui, la femme n’est plus un sujet de droit : elle est un vestige à éliminer.
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Aux pères et frères afghans,
Je suis passé par là. J’étais moi aussi un père, impuissant face aux tentatives des talibans d’anéantir l’avenir de ma fille. En 2008, ils ont pris le contrôle de notre ville dans la vallée de Swat et ont interdit à nos filles d’aller à l’école. Ma fille, Malala , a risqué sa vie pour dénoncer cette injustice.
Ces quatre dernières années, vos filles et vos sœurs se sont battues pour leurs rêves et leurs ambitions — apprenant en secret, s’exprimant à travers la poésie et l’art, résistant de toutes les manières possibles.
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Agence de presse RASC : Une vague de colère grandissante déferle sur la diaspora afghane en Allemagne, alors que plus d’un millier de réfugiés et d’exilés ont signé une pétition en ligne exigeant que le gouvernement fédéral expulse immédiatement les représentants des talibans et mette fin à toutes les relations officielles avec ce que les signataires sont effectivement comme « un réseau terroriste déguisé en gouvernement ».
La pétition, publiée simultanément en persan, en allemand et en anglais, appelle le ministère fédéral allemand des Affaires étrangères et le Bundestag à rappeler les privilèges diplomatiques des talibans et à démanteler leurs opérations consulaires sur le territoire allemand.
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La talibanisation du vide
Depuis trois ans, les Talibans gouvernent un pays qu’ils ne savent ni administrer, ni financer, ni faire vivre. Leur victoire militaire s’est muée en impasse politique. L’émirat qu’ils ont rétabli repose sur une illusion : celle qu’un pouvoir religieux, armé et fermé sur lui-même pourrait diriger un État moderne sans compétences, sans partenaires et sans peuple libre. À mesure que le temps passe, cette illusion se fissure. Ce n’est plus un régime qui gouverne, mais un vide qui s’étend — un vide institutionnel, économique et humain.
L’illusion de la stabilité
Les Talibans ont voulu se présenter comme les garants d’un ordre retrouvé, après vingt ans de guerre et de corruption. Ils ont fait croire à une forme de stabilité : plus de combats ouverts, des routes à nouveau sûres pour les convois, un État sans contestation apparente. Mais cette stabilité n’est qu’un trompe-l’œil. L’absence de conflit ne signifie pas la paix ; l’absence d’opposition ne signifie pas le consensus. Ce qu’ils appellent « stabilité » n’est que la paralysie d’un pays soumis à la peur. La sécurité est devenue leur unique légitimité, mais même cette carte est en train de brûler : les attaques de l’État islamique, la montée de la criminalité, et les tensions frontalières avec le Pakistan montrent à quel point leur emprise est précaire.
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Au cœur du conflit afghan se trouve une tension profonde entre les forces traditionalistes et modernistes, qui a souvent dégénéré en violence et en affrontements armés entre ces deux groupes. Une solution durable à la crise en Afghanistan exige un dialogue et une compréhension mutuelle entre traditionalistes et modernistes.
Contexte historique
Cette dichotomie est apparue au début du XXe siècle et s’est intensifiée au fil du temps avec l’introduction de diverses idéologies. Le premier affrontement majeur entre ces deux courants fut le soulèvement du mollah Lang en 1924 contre le gouvernement du roi Amanullah, qui contribua à la chute de son régime. La manifestation la plus récente de ce conflit fut la guerre entre les talibans et le système républicain, qui a abouti à la chute de la République en 2021. Les relations entre les groupes traditionalistes et modernistes en Afghanistan sont plus conflictuelles que dans la plupart des pays voisins, caractérisées par une profonde méfiance et une grande suspicion. Conjuguées à d’autres lignes de fracture telles que les tensions ethniques, linguistiques et sectaires, ces tensions deviennent plus violentes et la crise nationale plus difficile à résoudre.
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À Madrid, en marge du Tribunal populaire pour les femmes d’Afghanistan, Zahra Nader, rédactrice en chef du Zan Times, s’est entretenue avec Richard Bennett, rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme en Afghanistan.
Leur conversation explore la lutte pour documenter les droits de l’homme sous le régime des talibans — du mandat renouvelé de Bennett et de la création d’un nouveau mécanisme d’enquête de l’ONU, aux menaces croissantes contre les journalistes, au musellement des femmes et aux tentatives des talibans de couper l’Afghanistan du reste du monde en coupant Internet.
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Ressources agricoles, traditions alimentaires, recettes de cuisine. par Assia et Mohammed Akram, Alain Coppolani, Bernard Dupaigne, Etienne Gille, Odile Oberlin et Marie-Françoise Rolland-Cachera Une publication récente du CEREDAF
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Le département de l’alimentation et de l’agriculture des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture a averti que le fléau des petits ruminants menace désormais plus de 21 millions de têtes de moshi (douces et chèvres) à travers l’Afghanistan. La propagation rapide parmi les petits animaux d’élevage pourrait causer des dommages économiques et de subsistance généralisés aux communautés rurales et aux éleveurs afghans
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Quand la complaisance envers les Talibans devient une menace pour la sécurité mondiale Le tournant européen : du pragmatisme à la complicité
Sous couvert de “gestion migratoire” et de “réalisme diplomatique”, plusieurs capitales européennes ont engagé depuis 2024 un processus d’ouverture de facto envers le régime taliban. Berlin, Rome ou encore Bruxelles justifient ces contacts par la nécessité de “dialoguer pour stabiliser”, notamment autour des retours forcés de migrants afghans. Mais ce glissement, apparemment technique, marque une rupture stratégique majeure : pour la première fois depuis 2001, des États démocratiques traitent comme un interlocuteur légitime un pouvoir coupable de crimes contre l’humanité. Le rapport du Rapporteur spécial de l’ONU, Richard Bennett (A/80/432, octobre 2025), dénonce cette dérive comme une “normalisation sans conscience”. Il y voit non seulement une trahison des principes fondateurs de la Déclaration universelle des droits de l’homme, mais aussi un catalyseur de l’extrémisme international. Fermer les yeux sur la persécution des femmes et l’élimination de la société civile afghane, écrit Bennett, “crée un précédent mondial” qui légitime les régimes de domination religieuse et affaiblit la cohérence du système international.
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Les talibans utilisent les aveux forcés comme tactique d’intimidation et d’humiliation contre les journalistes en Afghanistan, a déclaré Reporters sans frontières (RSF).
RSF a condamné ce qu’elle a qualifié de « nouvelle tactique de terreur », citant des vidéos récentes montrant des journalistes afghans détenus contraints d’avouer des activités prétendument anti-talibans. L’organisation a appelé les talibans à libérer immédiatement le journaliste Mahdi Ansari et six autres personnes toujours détenues arbitrairement.
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Mercredi, les forces talibanes ont interdit l’accès à l’hôpital régional d’Hérat à des femmes, y compris des femmes médecins. Selon des sources locales citées par Afghanistan International, cette interdiction a été prononcée car elles ne portaient pas le niqab bleu réglementaire des talibans. Des témoins ont rapporté que plusieurs femmes avaient été battues.
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Agence de presse RASC : Ahmad Massoud, le chef du Front de résistance nationale (NRF) afghan, a lancé un avertissement sans équivoque : l’Afghanistan, sous le régime de facto des talibans, est devenu un « épicentre mondial du terrorisme », un sanctuaire où les réseaux extrémistes recrutent, entraînent et coordonnent à nouveau leurs actions au-delà des frontières sous couvertes de gouvernance religieuse.
S’exprimant lors de la prestigieuse conférence internationale « Rencontres futures » à Saint-Raphaël, dans le sud de la France, Massoud a livré une critique acerbe du régime répressif des talibans, affirmant que leur prise autoritaire avait non seulement anéanti les fragiles acquis démocratiques du pays, mais avait également ravivé la menace du militantisme transnational.
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Le faux calme des négociations
À première vue, le Pakistan et les Talibans semblent engagés dans une phase de désescalade : trêves, discussions à Istanbul, promesses de dialogue et déclarations de bonne volonté. Pourtant, cette apparente détente masque une tout autre réalité. Derrière la façade diplomatique, Islamabad prépare peut-être une confrontation armée. Car si la communication se poursuit, la confiance, elle, s’est effondrée. Les Talibans refusent de céder sur la question des groupes terroristes opérant depuis leur territoire, tandis que le Pakistan accumule les signaux militaires et politiques d’une stratégie d’endiguement.
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Agence de presse RASC : Les talibans se présentent depuis longtemps comme les défenseurs de la Oumma islamique et les gardiens de la charia. Pourtant, sous cette façade de sainteté religieuse, une tout autre vérité se dessine rapidement.
Le fondement idéologique et administratif du groupe ne repose plus sur les valeurs islamiques universelles, mais sur le Pashtunwali, code de conduite tribal archaïque des Pachtounes. Ce changement ne marque pas un éveil spirituel, mais une régression ethnique : un retour de l’islam politique à l’éthique brute et exclusionniste du nationalisme tribal.
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Conflit Pakistan – talibans afghans et pakistanais (TTP) Utilisez la fonction traduction de vos navigateurs
La relation entre les talibans afghans et Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP) est l’une des dynamiques les plus complexes et les plus conséquentes du paysage sécuritaire de l’Asie du Sud. Ancrée dans une idéologie partagée, des structures organisationnelles similaires et des intérêts stratégiques qui se chevauchent, cette relation est devenue une force déterminante dans la géopolitique régionale. Depuis le retour au pouvoir des talibans en Afghanistan, ces liens sont entrés dans une nouvelle phase périlleuse.
Pour comprendre cette relation, il faut regarder ses origines. Depuis la formation du TTP en 2007, diverses factions du groupe se sont inspirées idéologiquement et opérationnelles des talibans afghans. Au cours des deux dernières décennies, des combattants des deux camps ont combattu côte à côte contre les forces étrangères et les anciens gouvernements afghans. La ceinture tribale le long de la ligne Durand a longtemps servi de sanctuaire partagé et de corridor logistique pour les deux mouvements.
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