Afghanistan, l’impunité de la traite
Les Taliban continuent de recruter des enfants soldats et, dans certains cas, de forcer les garçons à l’esclavage sexuel

📑 Rapport 2025 du Département d’État américain sur la traite des personnes
Lire le document sur le site du State Department
Le rapport 2025 sur la traite des personnes publié par le Département d’État américain place une nouvelle fois l’Afghanistan en Tier 3, le niveau le plus bas dans le classement international. Cela signifie que le pays, sous le régime taliban, ne respecte pas les normes minimales de lutte contre la traite et n’entreprend aucun effort significatif pour y remédier. Ce document officiel met en lumière un ensemble de pratiques systématiques qui touchent les plus vulnérables, en particulier les enfants, les femmes et les minorités.
Recrutement d’enfants soldats
L’un des constats les plus graves concerne la poursuite du recrutement d’enfants soldats. Le rapport documente le fait que des garçons âgés de seulement 12 ans ont été enrôlés dans les rangs talibans. Dans certains cas, leur âge est volontairement falsifié afin de contourner les interdictions officielles. Ces enfants sont ensuite formés dans des madrassas et des écoles militaires où la frontière entre enseignement religieux et entraînement paramilitaire est inexistante. Le Département d’État précise qu’aucun enfant soldat n’a été identifié ni libéré en 2024, démontrant l’absence totale de volonté de mettre fin à cette pratique.
Exploitation sexuelle et bacha bazi
Le rapport met également en évidence la persistance de l’exploitation sexuelle des garçons, notamment sous la forme du bacha bazi. Cette pratique, déjà dénoncée depuis de nombreuses années, consiste à asservir des enfants ou adolescents de sexe masculin pour les soumettre à des violences sexuelles répétées. Bien que les Talibans aient publié des décrets interdisant cette pratique, aucune enquête ni poursuite n’a été menée. Le rapport note qu’il n’existe aucune mesure effective de prévention ou de protection, ce qui revient à offrir une impunité totale aux auteurs de ces crimes.
Victimes criminalisées plutôt que protégées
L’une des conclusions les plus préoccupantes du rapport est que les victimes de traite sont souvent traitées comme des criminels. Les enfants contraints à l’exploitation sexuelle ou au travail forcé sont régulièrement arrêtés et emprisonnés sans être identifiés comme victimes. Certains sont détenus dans des prisons pour adultes où ils subissent à nouveau violences, abus et travail forcé. Cette inversion des responsabilités — punir les victimes au lieu des trafiquants — est décrite comme une violation manifeste des normes internationales.
Restrictions imposées à la société civile
Le Département d’État relève que la société civile tente, malgré les interdictions, d’offrir des solutions limitées, comme des abris pour femmes et enfants à Kaboul. Cependant, ces structures sont fortement entravées par les Talibans. Les règles qui interdisent à la majorité des femmes afghanes de travailler dans les ONG et agences humanitaires réduisent considérablement la capacité de prise en charge des victimes. Certaines employées humanitaires ont été arrêtées simplement parce qu’elles n’étaient pas accompagnées d’un tuteur masculin.
Minorités particulièrement vulnérables
Le rapport souligne que les minorités ethniques et religieuses – notamment les Hazaras chiites, les Ahmadis, les Sikhs, les Hindous, les Bahais et les chrétiens – sont exposées à un risque accru d’exploitation. En raison de leur marginalisation et des persécutions qu’elles subissent déjà, elles deviennent des cibles faciles pour les trafiquants.
Anciens militaires et exilés menacés
Une dimension internationale est également mise en avant : les anciens membres des forces de sécurité afghanes ayant fui vers les pays voisins se retrouvent dans une situation de grande vulnérabilité. Le rapport avertit que certains risquent d’être exploités ou enrôlés de force dans des conflits étrangers, y compris dans la guerre en Ukraine où des réseaux de recrutement illégaux les approchent.
Une impunité totale
Pour la troisième année consécutive, le rapport constate que les Talibans n’ont signalé aucune enquête, poursuite ou condamnation en matière de traite des personnes. Le décret de 2024 qui proclamait l’interdiction de la traite sous la loi islamique n’a eu aucun effet réel. Les institutions et ministères censés appliquer ces règles n’ont entrepris aucune action concrète.
Recommandations du Département d’État
Face à cette situation, le Département d’État formule plusieurs recommandations précises :
-
Mettre fin immédiatement au recrutement d’enfants soldats.
-
Interdire et sanctionner la pratique du bacha bazi.
-
Identifier et protéger les victimes de traite, plutôt que les criminaliser.
-
Mettre en œuvre le décret anti-traite de façon effective.
-
Coopérer avec la société civile et lever les restrictions imposées aux femmes qui travaillent dans les ONG.
Un système qui institutionnalise la violence
Au-delà des constats factuels, ce rapport traduit une réalité plus profonde : le système taliban lui-même, par son idéologie et son mode de gouvernance, institutionnalise l’exploitation et la violence. Les enfants, les minorités et les anciens militaires ne sont pas seulement victimes de réseaux de trafiquants : ils sont exposés par l’absence de loi, la complicité de l’État de facto et l’impunité totale accordée aux auteurs.
Une situation sans issue immédiate
L’Afghanistan demeure ainsi l’un des pays les plus dangereux au monde pour les enfants et les populations vulnérables. Le classement en Tier 3, inchangé depuis trois ans, illustre l’incapacité du régime à répondre aux standards internationaux les plus élémentaires. Dans ce contexte, la communauté internationale est appelée à renforcer la documentation, la protection et la pression diplomatique pour que ces crimes cessent.
Lire le document sur le site du State Department
📚 Documentation sur les violations des droits de l’enfant en Afghanistan
Sources fiables et vérifiées d’organisations internationales reconnues
⚠️ Avertissement
Cette documentation traite de sujets sensibles concernant les abus contre les enfants. Les sources présentées proviennent d’organisations internationales reconnues et constituent des références fiables pour la recherche, le journalisme et le plaidoyer en faveur des droits de l’enfant.
🇺🇳 Sources officielles des Nations Unies
Bureau du Représentant spécial pour les enfants et les conflits armés
Rapports détaillés du Secrétaire général sur la situation des enfants dans les conflits armés en Afghanistan, mis à jour régulièrement.
ONU Rapports officielsAnalyse détaillée du recrutement et de l’utilisation d’enfants soldats.
ONU Enfants soldatsUNICEF
Rapport complet documentant les pratiques abusives sexuelles, incluant le bacha bazi et autres formes d’exploitation.
UNICEF PDF disponibleÉtat actuel de la situation humanitaire des enfants afghans.
UNICEF 2024🛡️ Organisations de défense des droits humains
Human Rights Watch
Documentation approfondie sur la complicité des autorités dans l’exploitation sexuelle et le recrutement d’enfants.
HRW Abus sexuelsAmnesty International
Données actualisées sur la malnutrition infantile et les violations systématiques des droits de l’enfant.
Amnesty Rapport annuelSave the Children
Documentation récente sur la crise humanitaire touchant les enfants afghans, incluant les données sur les retours forcés d’enfants depuis les pays voisins.
Save the Children Crise humanitaire👥 Documentation spécialisée sur le bacha bazi
The Dancing Boys of Afghanistan
Investigation journalistique approfondie avec témoignages directs et rapport interne de l’UNICEF sur la prévalence de cette pratique.
Documentaire Bacha baziSubmission to the UN Committee on the Rights of the Child on Afghanistan, 85th Session
Documentation sur le lien entre le conflit armé et l’augmentation des violences sexuelles contre les enfants.
Comité ONU Violence sexuelle🏛️ Rapports gouvernementaux
Rapport récent documentant l’implication dans le bacha bazi et l’intensification du trafic humain.
US State Dept 2024⚖️ Cadre juridique international
Le droit international humanitaire et les droits de l’homme interdisent formellement :
- Le recrutement d’enfants de moins de 15 ans dans les forces armées
- Toute forme d’exploitation sexuelle des enfants
- L’utilisation d’enfants dans les conflits armés
Ces violations constituent des crimes de guerre selon le Statut de Rome de la Cour pénale internationale.
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