Hazaras : les persécutions depuis 2021

Expulsions forcées des familles hazaras par les Talibans depuis 2021

Depuis la prise de pouvoir des Talibans en août 2021, la minorité hazara, déjà durement touchée par plus d’un siècle de discriminations et de massacres, est de nouveau la cible d’une politique systémique de dépossession et d’exclusion. Parmi les pratiques documentées figurent les expulsions forcées de familles hazaras de leurs terres et villages, la confiscation de maisons et la redistribution des biens au profit de partisans du régime, notamment des tribus nomades kuchis ou de combattants talibans.

Souvent justifiées par de prétendus « litiges fonciers », ces expulsions s’effectuent sans procédure régulière, sous la menace d’armes, avec des délais dérisoires. Les familles sont contraintes d’abandonner récoltes, bétail et biens essentiels, et se retrouvent déplacées, exposées à la faim, au froid et à l’insécurité. Cette politique s’inscrit dans un contexte plus large de persécution : attentats ciblés contre des mosquées et écoles hazaras, discriminations dans l’aide humanitaire, exclusion des institutions publiques.

Ces expulsions ne constituent pas des incidents isolés mais un schéma répété qui, ajouté aux autres violences, renforce les accusations de persécution et de crimes internationaux commis par les Talibans. Elles aggravent la précarité humanitaire des Hazaras et symbolisent la continuité d’un processus d’effacement identitaire que nombre d’ONG qualifient de « génocide lent ».

Ce qu’on sait (constat consolidé)

Pratique récurrente depuis août 2021 : expulsions forcées, saisies de terres et réattributions à des soutiens du régime, souvent justifiées par de supposés « litiges fonciers » et exécutées sans procédure régulière. Les Hazaras (chiites) figurent parmi les cibles principales.
Méthodes : préavis de quelques jours (parfois heures), menaces armées, arrestations de personnes qui contestent, barrages routiers empêchant de récupérer récoltes et biens, et scellage des maisons.

Chronologie et cas documentés

Sept.–oct. 2021 — Vague initiale multi-provinces

Daikundi & Uruzgan : au moins 2 800 Hazara·e·s expulsé·e·s de 15 villages en septembre. Familles parties précipitamment, sans récoltes ni biens.
Helmand (Naw Mish) : lettres d’éviction à au moins 400 familles fin septembre ; détentions d’hommes ayant tenté de contester.
Balkh (Mazar-e Charif, Qubat al-Islam) : familles hazaras sommées de quitter les lieux sous 3 jours ; Talibans et groupes locaux impliqués.
Kandahar : déguerpissement forcé d’un ensemble résidentiel attribué à des fonctionnaires de l’ancien gouvernement.
(Contexte et synthèse presse internationale.)

Été 2022 — Sar-e Pol (Balkhab)

Révolte puis répression : milliers de familles déplacées (estim. ≈ 27 000), exactions et incendies de maisons signalés ; déplacements massifs de la population hazara locale.

2024–2025 — Bamiyan (Hazarajat) : judiciarisation des expulsions

Juil. 2025, district de Bamiyan : éviction d’un village hazara entier après une décision en faveur de Kuchis (tribus nomades) ; inquiétudes sur une appropriation systémique des terres.
27 août 2025 : 25 familles (≈ 200 personnes) expulsées à Rashak (Bamiyan) après jugement taliban ; portes scellées. Lettre ouverte d’ONGs à l’ONU demandant une action urgente.
Prises de position de parlementaires/ONG au Royaume-Uni (APPG/WPS) rappelant la continuité des évictions et le ciblage des Hazaras.

Tendances et impacts

Ciblage identitaire : les zones hazaras sont touchées de manière disproportionnée ; les « jugements » servent de paravent à des politiques discriminatoires.
Effets humanitaires : perte de moyens de subsistance, exposition au froid et à la faim, entrave à l’accès aux soins et à l’éducation ; aggravation des déplacements internes.
Lien avec d’autres violences : attentats récurrents contre écoles et mosquées hazaras, climat d’impunité.

Lecture juridique et recommandations (synthèse des sources)

Les expulsions forcées sans garanties procédurales sont prohibées en droit international ; leur caractère ciblé contre un groupe protégé renforce les allégations de persécution et, dans un faisceau d’actes, de crimes internationaux.
Pistes d’action évoquées par la société civile et des instances parlementaires : mécanisme onusien d’enquête, sanctions ciblées, documentation des preuves, accès humanitaire sans discrimination et surveillance des décisions foncières des tribunaux talibans.