Afghanistan : un pays vendu à la découpe

Fer, cuivre, lithium, terres rares… les Talibans tiennent entre leurs mains l’un des plus grands trésors miniers de la planète. Mais au lieu d’en faire une chance pour leur peuple, ils en ont fait un butin à brader.
La Chine et la Russie avancent méthodiquement, signant des contrats opaques qui n’ont rien d’investissements mais tout d’un pillage organisé. Les Talibans, eux, encaissent des pots-de-vin, détournent les revenus, alimentent leurs réseaux mafieux. Résultat : les milliards disparaissent, pendant que les Afghans survivent dans la misère et la peur.
Ce qui se joue sous nos yeux n’est pas du développement : c’est la corruption d’un régime qui transforme l’Afghanistan en gisement à ciel ouvert au service de puissances étrangères.
👉 Cet article revient sur cette ruée minière silencieuse et sur la façon dont les Talibans, par corruption et compromission, livrent l’Afghanistan à des puissances étrangères.
De l’expansion des mines au jeu mondial de l’énergie
par Arian Nasiri
https://8am.media/eng/from-plundering-mines-to-the-global-power-game/

Mllah Baradar, des talibans aux côtés d’un diplomate chinois lors d’une réunion à Kaboul, soulignant l’engagement économique de Pékin avec le régime taliban. (Crédit photo : AFP)
Les Taliban étaient autrefois connus pour cultiver et faire passer le trafic d’opium. Toutefois, sous la pression internationale et en trouvant des voies mondiales et en utilisant les connaissances contemporaines, ce groupe a trouvé une nouvelle voie pour financer la guerre et la répression : premièrement, la production de drogues synthétiques, puis le pillage systématique des mines en Afghanistan. Ce changement n’est pas un signe de recul, mais des preuves de la flexibilité des talibans dans la recherche de nouvelles sources pour maintenir leur machine terroriste en vie.
L’Afghanistan est une terre aux richesses légendaires. Selon les estimations, la valeur des ressources souterraines du pays se situe entre un et 3 000 milliards de dollars : l’or, le lithium, le lapis-lazuli, le fer, le cuivre, l’uranium et les métaux rares qui auraient pu être la base du développement durable, de l’industrialisation et de la réduction de la pauvreté. Mais entre les mains des talibans, cette richesse a été transformée en son contraire : mazout pour la guerre, racines pour la corruption et instruments pour les réseaux mafieux.
Au sein de l’Afghanistan, la structure du pillage est évidente. Les Taliban nomment des représentants sur les sites d’extraction des mines qui ne sont pas aussi stratégiques pour prendre leur part obligatoire de dix pour cent. En ce qui concerne les exportations, les mêmes ministères qui devraient légaliser la voie deviennent des obstacles : des prix irréalistes, des fichiers lourds et une corruption évidente. L’exportateur est contraint de recourir à la contrebande. Les Taliban ont délibérément fermé cette voie pour que tout se transforme en obscurité et que les principaux profits s’écoulent dans leurs propres poches. Ceux qui ont la capacité d’exporter légalement ces matières sont soit des Taliban eux-mêmes, soit indirectement partenaires dans leurs intérêts.
Des pierres précieuses telles que des émeraudes, du lapis-lazuli et la sortie d’or à travers le Pakistan plus de 95 % du temps et sont vendues en Chine, à Dubai et en Inde. Les pierres de construction de luxe, le marbre de Kandahar, le talc d’Helmand et l’onyx sont exportés à travers l’Iran et le Pakistan sous forme de blocs bruts, et là, en ajoutant de la valeur, sont exportés vers d’autres pays et vendus sous le nom du Pakistan. L’Afghanistan n’apporte aucune part de la valeur ajoutée; il ne reste que des terres blessées, des eaux polluées et des pauvres.
Dans le nord-est du pays, les mines d’or sont sous le monopole total des Taliban. Les entreprises affiliées à des commandants locaux opèrent sans permis officiel. Quiconque paie la part des talibans, même illégalement, a l’autorisation d’en tirer des pulsations; quiconque résiste est menacé ou même exécuté. À Badakhshan, quatre mineurs locaux qui se sont tenus contre le pillage ont été abattus de nuit. Cette répression a non seulement contraint la communauté locale à se taire, mais a également versé des bénéfices de l’or directement dans les poches des Taliban et de leurs alliés terroristes. Les rapports internationaux montrent qu’entre 2022 et 2024 seulement, Al-Qaida a obtenu environ 194 millions de dollars d’extraction d’or dans le nord-est de l’Afghanistan.
Parmi ces ressources, le fluorure de calcium (fluorspar) montre un exemple de l’importance de ces matériaux. Cette substance joue un rôle vital dans l’industrie de la fusion du fer, et sans elle, l’Afghanistan, bien qu’ayant d’énormes ressources en fer, ne sera pas en mesure de créer une industrie sidérurgique durable. Mais aujourd’hui, au lieu de servir le développement national, il est exporté par la tonne du pays et vendu sur les marchés pakistanais. Les données mondiales sur le commerce montrent que la Chine et la Corée du Sud sont parmi les principales destinations de ces exportations; la Chine pour les industries des métaux et des batteries, et la Corée du Sud pour l’acier et le verre. Le résultat est clair : l’Afghanistan, au lieu de devenir le fondateur de l’industrie sidérurgique avec ses ressources, reste avec une économie incomplète, et demain sera contraint de racheter ce matériau vital sur le marché mondial. Non seulement les talibans pillent aujourd’hui, mais ont également pris l’avenir industriel du pays en otage.
Cependant, l’histoire des talibans ne se limite pas à l’Afghanistan. Aujourd’hui, des puissances comme la Chine ont porté le cycle du pillage des talibans à un nouveau niveau. Selon un rapport de Reuters, Pékin a promis d’accorder une exemption tarifaire complète aux exportations afghanes. Cela signifie que les talibans, tout en conduisant les filles des écoles et en faisant taire la voix des manifestants locaux avec des balles, peuvent « légitimement » installer les ressources clandestines du pays sur le marché chinois. Pour Pékin, l’Afghanistan n’est pas un pays aux personnes démunies, mais une source de lithium, d’uranium, de cuivre et de fer, matériaux qui renforcent la chaîne industrielle de la Chine.
D’une part, la Chine, comme d’autres pays, n’a pas officiellement reconnu les Taliban, mais, d’autre part, dans la pratique, elle leur a ouvert la porte de l’économie mondiale. Le «tarif zéro» signifie que les Taliban peuvent passer du pillage national aux exportations officielles et remplir leur Trésor plus complet. C’est le même danger que, s’il n’est pas pris au sérieux, de faire de l’Afghanistan un gisement de contrebande local un maillon essentiel de la chaîne de l’économie souterraine mondiale.
Dans les discours publics, les Taliban parlent de « développement », mais dans la pratique, ils aggravent la pauvreté. Leur chef suprême a mentionné les « mines et la terre » comme un moyen de réduire la pauvreté dans son message de l’Aid, mais ce même discours ne s’est adressé qu’aux hommes et aux femmes exclues. Cette contradiction apparente entre les paroles et les actions est le véritable visage des talibans : en dehors des frontières, des slogans de développement et de coopération, mais à l’intérieur, le pillage, la discrimination et la répression.
La principale question qui se pose ici est la suivante : quels sont les talibans contrôlés? La réponse peut être résumée en une phrase : les Taliban sont en vie aussi longtemps qu’ils ont de l’argent. Chaque dollar provenant de la contrebande d’or et d’émeraude, chaque transfert de fonds de Dubai ou de Karachi, chaque accord tarifaire avec la Chine, et chaque tonne de fluorure de calcium qui atteint des usines sidérurgiques sud-coréennes ou des industries métallurgiques chinoises est une flèche dans le dépôt de munitions des talibans. Le moyen de contrôler les Taliban est le moyen de les empêcher de gagner de l’argent.
La communauté internationale doit cibler les ressources financières des talibans : sanctionner les exportations minières illégales, créer une étiquette « sans Taliban » pour les matières minérales, surveiller strictement les envois de fonds et les organisations caritatives, et faire pression sur les pays qui sont partenaires dans ce pillage. Dans le même temps, d’autres options doivent être offertes au peuple afghan : investissement dans la transformation intérieure, soutien à des entreprises transparentes et création de possibilités d’emploi légitimes.
Les Taliban ont trouvé à chaque fois une nouvelle voie pour trouver des revenus : de l’opium à la méthamphétamine, des mines aux contrats étrangers. Mais une vérité n’a pas changé : toutes ces voies se terminent par de l’argent et tout cet argent dans la terreur. La fin de la terreur passe par la fin de l’économie souterraine, et la fin de l’économie souterraine n’est possible qu’avec une volonté collective de fermer l’artère financière des talibans.
L’Afghanistan mérite une économie qui construit des écoles et des hôpitaux, pas un trésor qui fournit des armes et de la poudre à canon. Si le monde ne décide pas aujourd’hui, demain, non seulement l’Afghanistan, mais aussi la sécurité de la région et du monde restera l’otage de l’économie souterraine des talibans. Mais si cette artère est fermée, les talibans s’enfuiront, la guerre perdra de la force, et l’espoir, même si lentement, circulera à nouveau.
Vous pouvez lire la version persane de cette analyse ici : https://8am.media/eng/from-plundering-mines-to-the-global-power-game/










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