✒️Paix truquée, silence complice : comment l’ONU trahit l’Afghanistan

Par la Rédaction de La Lettre d’Afghanistan

Alors que l’Afghanistan s’enfonce dans une dictature brutale marquée par l’apartheid sexuel, les crimes de guerre et l’effacement systématique des libertés, l’ONU poursuit, elle, sa marche technocratique, détachée des réalités du terrain. Le dernier projet de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), intitulé « Approche globale », est censé proposer un cadre de sortie de crise. Mais il soulève de profondes inquiétudes – voire une colère sourde – parmi les forces afghanes de résistance.

En première ligne de ce rejet, le Front pour la liberté de l’Afghanistan (AFF), mouvement politico-militaire né de la débâcle de 2021, accuse l’ONU d’élaborer une paix sans peuple, sans mémoire et sans justice.

Une approche biaisée, un format vicié

Selon l’AFF, le plan onusien pèche dès sa conception. D’une part, il banalise l’autoritarisme taliban en occultant les violations systématiques des droits humains : exécutions sommaires, effacement des femmes, répression ethnique, alliance avec des groupes terroristes internationaux. D’autre part, il recycle une logique déjà disqualifiée – celle des accords de Doha – en limitant le dialogue à un cercle restreint : les Talibans d’un côté, quelques figures triées de la société civile de l’autre. L’exclusion des véritables forces d’opposition, notamment politico-militaires, rappelle douloureusement l’erreur stratégique de Bonn en 2001. Résultat : une solution formelle mais instable, qui risque de relancer la spirale du conflit.
Point de vue du Front pour la Liberté en Afghanistan

Réconcilier sans démocratie ? Une illusion dangereuse

L’AFF prévient : aucune réconciliation durable n’est possible sans légitimité populaire, pluralisme politique, et justice transitionnelle. Autrement dit, sans retour aux urnes, sans reconnaissance des diversités afghanes, et sans poursuite des crimes. Or, dans son état actuel, l’approche de la MANUA évacue ces trois dimensions. Pis encore, elle contribue à blanchir un régime taliban qui ne dispose ni de légitimité constitutionnelle, ni de reconnaissance internationale.

Le Front appelle donc à une révision intégrale de la démarche onusienne. Il exige un processus de paix inclusif, placé sous supervision internationale, avec la participation de toutes les forces actives de la société afghane, y compris les mouvements de résistance.

Le silence international face à l’apartheid de genre

En écho à ces critiques, la voix de Sima Samar – figure emblématique des droits humains en Afghanistan – résonne avec une clarté glaçante. Lors d’une intervention publique, elle a dénoncé l’inertie internationale face à ce qu’elle nomme « la normalisation de l’oppression ». Selon elle, le silence des institutions face à la violence contre les femmes afghanes est une faute morale aussi grave que l’abandon politique de 2021. « Jusqu’à quand devons-nous attendre les autres ? », interroge-t-elle. Une question qui fait écho aux voix des milliers de femmes afghanes exclues de l’espace public, privées d’éducation, de travail, et même de mouvement.

Les femmes, pourtant, ne se taisent pas. Elles résistent, s’organisent en réseaux, documentent les abus, réclament justice. Mais leurs appels restent souvent inaudibles, étouffés par les logiques diplomatiques ou les calculs géopolitiques.

La paix par en haut, ou la paix par le peuple ?

Le Front pour la liberté ne se contente pas de dénoncer. Il avance un contre-projet structuré autour de huit axes : révision du processus de Doha, inclusion de toutes les forces afghanes, soutien aux luttes armées légitimes, nomination d’un représentant spécial de l’ONU, conditionnalité stricte de tout dialogue avec les Talibans, mécanismes de reddition de comptes, protection active de la société civile, et gel durable des avoirs tant qu’un gouvernement élu n’est pas établi.

Ce que réclame le Front, c’est une paix responsable, fondée non sur des compromis bancals avec des bourreaux, mais sur des principes : la souveraineté populaire, l’égalité devant la loi, la justice pour les victimes.

Écouter les voix du terrain, c’est déjà faire justice

En laissant croire que la paix peut se faire sans démocratie, l’ONU risque de commettre la même erreur qu’il y a vingt ans. Mais l’histoire, cette fois, est documentée. Les femmes afghanes, les résistants politiques, les exilés, les journalistes, les militants : tous disent la même chose. Le monde peut encore choisir entre la complicité et la lucidité. Entre l’oubli et la mémoire. Entre la résignation et le courage.

L’Afghanistan n’a pas besoin d’un arrangement. Il a besoin de justice.

Sources

🔹 Déclaration du Front pour la liberté de l’Afghanistan (AFF)

Titre : L’approche globale de la MANUA à l’égard de l’Afghanistan n’est pas globale !
Date : mai 2025
Source : Communiqué officiel publié par l’AFF – traduction et synthèse interne à La Lettre d’Afghanistan.

🔹 Intervention de Sima Samar

Événement : Space en direct organisé par la chaîne télévisée Diyar TV
Date : 10 mai 2025
Thème : « Femmes, droits humains et avenir incertain de l’Afghanistan »
Oratrice : Sima Samar, ancienne présidente de la Commission indépendante des droits de l’homme d’Afghanistan.
Citations issues de la retranscription du Space, vérifiée par nos soins.

🔹 Analyse : "Voix oubliées : les luttes des femmes afghanes"

  • Rapports de la MANUA et du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU (2023–2025)
  • Témoignages documentés par Amnesty International et Human Rights Watch
  • Archives d’interventions publiques de militantes afghanes (2021–2025)



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