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Mohammed Umer Daudzai, ancien ministre de l’Intérieur et aujourd’hui président exécutif du Conseil national pour le salut de l’Afghanistan, s’exprimant lors de la deuxième table ronde en rappelant sa dernière présentation à l’Université américaine de Kaboul, « le bon vieux temps de Kaboul », que, a-t-il dit, « nous avons perdu, mais nous gagnerons à nouveau ». Il a rendu hommage aux martyrs, en particulier au professeur Burhanuddin Rabbani, assassiné le 28 septembre, défenseur de la paix et de la réconciliation. Daudzai a exprimé son regret de n’avoir jamais rencontré Ahmad Shah Massoud, dont il apprécie profondément l’héritage.

Il s’est ensuite penché sur les réalités d’aujourd’hui : les atrocités commises par les talibans depuis 2021, y compris les exécutions sous couvert d’« amnistie », et le retour forcé de réfugiés d’Iran et du Pakistan. Pourtant, a-t-il affirmé, les talibans sont maintenant plus divisés qu’unis, tandis que le peuple afghan non taliban construit une plus grande cohésion. « Nous avons de nombreux parapluies, le Front de résistance nationale, le Front de la liberté, la Shura, mais nous partageons un ennemi : les talibans, l’ennemi de nos filles et de nos petites-filles. »

Daudzai a souligné la nécessité d’un grand parapluie politique, ce qui a conduit à la création de l’« Assemblée nationale pour le salut de l’Afghanistan ». Il a insisté sur le fait que toute feuille de route doit atteindre tous les Afghans : ceux qui résistent à l’intérieur du pays, ceux qui sont en exil, et même les élites éduquées à l’intérieur de l’Afghanistan qui s’opposent en privé aux talibans. Il a conclu en promettant que l’Assemblée nationale pour le salut de l’Afghanistan examinerait sérieusement la feuille de route composite et y répondrait, en veillant à ce que l’Afghanistan s’approprie largement la lutte pour la liberté et la justice.

Abdullah Azad Khenjani, chef des affaires politiques du Front de résistance nationale (NRF), a fait valoir que la « nouvelle écologie » de l’Afghanistan exige de nouvelles règles du jeu : moins de fixation sur les 20 dernières années et plus d’attention portée à la responsabilité partagée, au courage et au sacrifice entre les Afghans eux-mêmes, sans attendre un « miracle » de l’étranger.

Khenjani a salué les efforts du Groupe de travail et la Feuille de route globale composite, remerciant l’équipe pour un « document solide ». Mais, a-t-il souligné, les points doivent devenir des plans d’action. Il a exhorté le Président à réunir davantage d’opérateurs politiques autour du CCR afin que les idées se traduisent par des mesures concrètes et séquencées que 43 millions d’Afghans puissent voir et mesurer.

Il a averti que la littérature seule ne ferait pas bouger l’aiguille sur la situation en Afghanistan. Selon lui, les gens attendent de l’action, pas plus de papiers. La résistance, a-t-il dit, ne peut être réduite à des algorithmes ; Elle se construit par des décisions de terrain. Bien que les délais soient incertains, il pense que la durabilité des talibans s’estompe.

Enfin, M. Khenjani a appelé à lier le processus de RCC à des initiatives et des réseaux parallèles à l’intérieur et à l’extérieur du pays, afin que la feuille de route atteigne les Afghans chez eux et en exil, et à maintenir la consultation ouverte pendant que le document est affiné et mis en œuvre.

Le professeur M. Nazif SHAHRANI a réfléchi au parcours de sa vie à partir d’un travail de terrain anthropologique. Il a rappelé comment, après 2001, il a contribué à l’élaboration de l’une des premières propositions afghanes pour l’avenir du pays, qui a inspiré un flot d’initiatives similaires. Le principal défi, a-t-il affirmé, a toujours été de consolider des dizaines de feuilles de route en un seul cadre national auquel tous les Afghans peuvent s’identifier.

Il a souligné les problèmes profondément enracinés de la culture politique afghane : la politique centrée sur la personne, l’inégalité, l’utilisation instrumentale de la religion, la dépendance vis-à-vis des mécènes étrangers (régimes loués) et l’esclavage systémique entre les sexes. Sans s’attaquer à ces problèmes, a-t-il averti, aucune feuille de route ne peut réussir. L’histoire a montré l’instabilité de la gouvernance afghane, 16 chefs d’État depuis 1880, la plupart tués ou évincés, et neuf constitutions écrites pour les dirigeants, et non pour la société.

Shahrani a exhorté le groupe de travail à aller au-delà des valeurs et à produire des propositions pratiques pour une gouvernance alternative, différente non seulement des talibans, mais aussi de tous les régimes défaillants qui l’ont précédé.



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