Le rôle des talibans dans la répression des minorités ethniques et religieuses en Afghanistan
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Le rôle des talibans dans la répression des minorités ethniques et religieuses en Afghanistan
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14 juillet 2025
Dans la nuit du 4 juillet 2025, le village de Tezab, dans le district de Zebak, dans la province du Badakhshan, a été le théâtre d’un assassinat brutal et ciblé. Fazl Ahmad Paeez, éminent chef religieux ismaélien, diplômé de l’Université d’Asie centrale et militant communautaire respecté, a été abattu alors qu’il sortait de sa maison familiale. Les assaillants, sans visage mais avec une intention claire, ont tiré 14 balles dans sa tête, son visage et sa poitrine. Sa famille, horrifiée et impuissante, a été témoin de son assassinat. Il ne s’agissait pas d’un acte de violence isolé, mais d’une partie d’une campagne plus large et silencieuse menée par les talibans pour éliminer les minorités religieuses de l’Afghanistan, en particulier les ismaéliens du nord-est.
Depuis le retour au pouvoir des talibans en 2021, leurs politiques à l’égard des minorités ethniques et religieuses se sont non seulement poursuivies, mais sont devenues de plus en plus agressives. Les récits de conversions religieuses forcées, de fermeture de centres culturels et religieux et d’assassinats ciblés forment désormais une sombre toile de fond de la vie quotidienne des ismaéliens, des Hazaras et des musulmans chiites. Au Badakhshan, les espaces religieux ismaéliens ont été convertis en madrasas sunnites, avec des clercs sunnites nommés par les talibans remplaçant les chefs religieux ismaéliens traditionnels. Il ne s’agit pas simplement d’une poussée vers l’uniformité religieuse, mais d’un effort calculé pour effacer les identités et réprimer la dissidence.
Ce schéma n’est pas nouveau. Sous leur premier régime (1996-2001), le gouvernement des talibans a été marqué par une répression brutale et un nettoyage ethnique, ciblant en particulier la communauté hazara. En 1998, après s’être emparés de Mazar-i-Sharif, les talibans ont perpétré l’un des massacres les plus horribles de l’histoire moderne de l’Afghanistan, tuant des centaines de civils hazaras. Les informations faisant état de viols, de tortures et de disparitions forcées étaient nombreuses. Ces atrocités n’étaient pas le fait d’individus voyous, elles faisaient partie d’une campagne idéologique délibérée de purification sectaire et ethnique.
Dans leur règne actuel, les talibans poursuivent cette campagne, cette fois sous un langage bureaucratique et des prétextes juridiques, mais non moins violente ou coercitive. Les rapports de la MANUA, d’Amnesty International et de Human Rights Watch ont tous documenté des cas de conversions religieuses forcées, d’arrestations arbitraires et de disparitions de personnalités religieuses et culturelles. En mars 2025, au moins 50 ismaéliens auraient été contraints d’adopter la foi sunnite hanafite sous la menace. Il ne s’agissait pas d’actes de foi gratuits, ils ont été commis sous la contrainte, avec la peur comme exécuteur.
Les Hazaras et les musulmans chiites, en particulier dans des provinces telles que Daykundi, Bamyan, Ghazni, Ghor et Kaboul, ont été soumis à une persécution systémique. Un rapport de Human Rights Watch publié en 2022 a confirmé que les talibans avaient détruit des maisons hazaras dans au moins trois provinces, déplacé de force des familles et procédé à des exécutions extrajudiciaires. Dans de nombreuses régions, les mosquées chiites ont été fermées et les cérémonies religieuses comme l’Achoura ont été interdites ou strictement restreintes. En 2023, la MANUA a signalé que dans le district de Lal wa Sarjangal, dans la province de Ghor, un chef de prière chiite avait été arrêté et que sa mosquée avait été transformée en centre religieux sunnite. À Kaboul, les familles Hazaras signalent être systématiquement exclues des emplois du secteur public, de l’enseignement supérieur et même des services de santé de base.
Il ne s’agit pas simplement de marginalisation, mais d’un effort orchestré pour réorganiser la société afghane. Mais la vision de l’islam des talibans ne reflète pas les communautés sunnites traditionnelles d’Afghanistan. Au lieu de cela, il s’agit d’une version importée et hyper-conservatrice de l’islam Deobandi, enracinée dans les madrassas du Pakistan, façonnée par des décennies d’idéologie extrémiste et souvent soutenue par les services de renseignement militaire de ce pays.
Ce qui est le plus alarmant, c’est l’indifférence persistante de la communauté internationale. Malgré une documentation accablante sur les abus, les actions significatives visant à protéger les minorités afghanes restent faibles, voire inexistantes. En ignorant ou en légitimant les talibans, que ce soit par le biais de conférences de haut niveau comme Doha ou en leur accordant un accès diplomatique, le monde risque de se rendre complice de crimes dont les conséquences hanteront des générations.
Les talibans utilisent la religion, l’idéologie et la peur comme instruments pour faire taire les diverses voix, cultures et croyances de l’Afghanistan. Ce qui s’est passé à Zebak n’est pas une exception, c’est un avertissement à un monde qui n’a pas encore écouté.
Si cette trajectoire n’est pas contestée, l’Afghanistan se rapprochera d’une guerre ethnique et sectaire catastrophique. La responsabilité d’une telle issue n’incombera pas seulement aux Taliban, mais aussi à ceux de la communauté internationale qui, consciemment ou non, contribuent à leur normalisation.
Sommes-nous prêts à livrer l’Afghanistan à ceux qui ne respectent pas la dignité humaine ? Défendre les talibans sous la bannière du « dialogue » et de la « stabilité » n’équivaut-il pas à marchander avec la tyrannie ? Lorsque le massacre d’innocents est traité comme un dommage collatéral acceptable, ne devenons-nous pas, par notre silence, complices ?
Le monde doit se réveiller, avant qu’il ne soit trop tard.
Rapport sur les massacres ethniques commis par les talibans depuis 1998
Massacres ethniques des Talibans_
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