Afghanistan : le cœur battant du terrorisme mondial

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Depuis le retour au pouvoir des Taliban, l’Afghanistan est redevenu un sanctuaire pour le terrorisme international. Le dernier rapport du Conseil de sécurité de l’ONU (S/2025/482, juillet 2025) confirme ce que les observateurs redoutaient : le pays est désormais le centre de gravité de plusieurs groupes jihadistes, capables de projeter leurs opérations bien au-delà de ses frontières.

Au cœur de cette inquiétante dynamique, l’État islamique au Khorassan (EIIL-K) s’impose comme la menace principale. Avec près de 2 000 combattants, principalement des Pachtounes et des volontaires d’Asie centrale, cette filiale régionale de Daech a consolidé ses positions dans le nord et le nord-est de l’Afghanistan. Elle recrute sans relâche, y compris parmi les enfants endoctrinés dans des madrassas, et forme des mineurs de 14 ans à des opérations suicides. Sa priorité est claire : frapper les chiites, les autorités talibanes et les étrangers, tout en préparant des actions internationales. Disposant de plusieurs millions de dollars en réserve et exploitant cryptomonnaies et messageries chiffrées, EIIL-K combine souplesse opérationnelle et ambition transnationale.

Al-Qaïda, affaibli mais résilient, reste présent dans au moins six provinces afghanes. Ses dirigeants continuent de fournir un encadrement stratégique à leurs affiliés, notamment Al-Qaïda dans le sous-continent indien (AQSI), tout en s’appuyant sur des camps d’entraînement rudimentaires pour préparer la prochaine génération de combattants. Si l’organisation n’est pas aujourd’hui en mesure de frapper massivement à l’international, elle bénéficie de la protection implicite des Taliban, qui tolèrent sa présence et utilisent ses compétences militaires.

Dans cette mosaïque jihadiste, le Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP) occupe une place centrale. Fort de 6 000 combattants, il mène régulièrement des attaques meurtrières et bénéficie d’un soutien logistique depuis le territoire afghan. Ses liens avec Al-Qaïda, ponctuellement renforcés par une coopération tactique avec EIIL-K et des groupes baloutches, illustrent la porosité des alliances terroristes dans la région. Les camps du sud de l’Afghanistan, partagés avec des factions baloutches comme le BLA, servent désormais de plateformes communes d’entraînement.

Le rapport onusien met également en lumière la présence persistante de groupes ouïghours et centre-asiatiques, tels que ETIM/TIP, qui comptent jusqu’à 750 membres. Bien que militairement limités par les Taliban, ces groupes bénéficient d’un climat permissif et d’un soutien ponctuel pour organiser le transfert de combattants étrangers, notamment vers la Syrie. Leur rhétorique s’oriente de nouveau vers le “retour au Xinjiang pour le Jihad”, signal inquiétant pour la Chine et la sécurité régionale.

L’évaluation globale de l’ONU est sans appel : l’Afghanistan de 2025 est redevenu un foyer du terrorisme international. EIIL-K constitue la principale menace pour l’Asie centrale, le Pakistan et l’Occident, tandis que la complaisance des Taliban envers les réseaux étrangers risque d’alimenter des projections terroristes vers l’Europe et les États-Unis. Le pays est à la croisée des routes du jihad, et chaque mois qui passe renforce le risque d’une exportation de la violence au-delà de ses frontières.

Un aperçu des chiffres :

(S/2025/482 – 36e rapport du Comité des sanctions sur l’EIIL et Al-Qaïda, 30 juillet 2025) 

1. Contexte général en Afghanistan

  • Les autorités de facto (Taliban) maintiennent un environnement favorable à plusieurs groupes terroristes, dont Al-Qaïda, Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP), et des entités d’Asie centrale comme ETIM/TIP (Parti islamique du Turkestan oriental).
  • EIIL-K (Daech-Khorassan) demeure la menace principale en Afghanistan, avec environ 2 000 combattants et une stratégie offensive régionale et internationale.
  • Les Taliban exploitent des groupes étrangers pour la sécurité interne : Jamaat Ansarullah, Mouvement islamique d’Ouzbékistan (IMU), Khatiba Imam al-Bukhari (KIB), et ETIM/TIP.

2. État islamique au Khorassan (EIIL-K)

  • Force estimée : ~2 000 combattants, majoritairement d’Asie centrale, avec des dirigeants surtout pachtounes afghans.
  • Zones d’activité : Nord et Nord-Est de l’Afghanistan, près de la frontière pakistanaise.
  • Tactiques :
    • Recrutement local et transfrontalier, y compris des femmes épouses de combattants.
    • Endoctrinement d’enfants dans des madrassas et formations au suicide pour des mineurs de 14 ans.
    • Priorité aux attaques contre chiites, autorités talibanes et étrangers.
  • Capacités financières :
    • Budget opérationnel non limité ; environ 10 millions $ d’économies, en partie investis dans l’immobilier au Moyen-Orient.
    • Recours croissant aux cryptomonnaies et à Telegram (@wallet) pour financer ses opérations.

3. Al-Qaïda et affiliés

  • Présence en Afghanistan réduite mais persistante :
    • Localisation dans six provinces : Ghazni, Helmand, Kandahar, Kounar, Orozgan, Zabol.
    • Plusieurs sites d’entraînement, dont trois nouveaux, bien que rudimentaires.
  • Objectifs :
    • Renforcer AQ dans le sous-continent indien (AQSI), dirigé depuis mars 2025 par Osama Mahmoud.
    • Réactiver des cellules à l’étranger via des émissaires (Abu Jaffar et Abu Yasser al-Masri) pour préparer des opérations extérieures.
  • Relations avec les Taliban :
    • Coopération tacite : les Taliban n’ont pas désarmé Al-Qaïda mais utilisent certains de ses combattants pour la sécurité.

4. Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP) et alliances

  • Effectifs : ~6 000 combattants.
  • Soutien : logistique et opérationnel des autorités talibanes.
  • Activités :
    • Attaques médiatisées et létales dans la région.
    • Formation de terroristes au Baloutchistan (janvier 2025).
  • Alliances :
    • Liens tactiques avec EIIL-K.
    • Collaboration ponctuelle avec BLA (Armée de libération du Baloutchistan) dans le sud afghan : partage de camps (Walikut, Chorabak) et entraînements fournis par Al-Qaïda.

5. Groupes ouïghours et centre-asiatiques

  • ETIM/TIP :
    • Entre 100 et 750 membres, selon les États membres.
    • Militairement limité par les Taliban mais collaboration croissante avec eux et HTS en Syrie.
    • Déclaration de mars 2025 : adoption d’un nouveau plan stratégique visant le « retour au Xinjiang pour le Jihad ».
    • Délégation ETIM/TIP à Kaboul en décembre 2024 pour organiser le transfert de combattants étrangers vers l’est.

6. Évaluation globale pour la région

  • L’Afghanistan est redevenu un hub pour le terrorisme régional :
    • EIIL-K reste la menace la plus grave pour l’Asie centrale, le Pakistan et au-delà.
    • Les Taliban tolèrent ou soutiennent des groupes étrangers pour consolider leur pouvoir interne.
    • Risque de projections terroristes vers l’Asie centrale, l’Europe et les États-Unis à partir du territoire afghan.


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