Afghanistan : Seule une résistance organisée peut vaincre les Talibans
Et c’est aux citoyens afghans, aux résistants civils et militaires, mais aussi et surtout à la diaspora, de lancer la plateforme mondiale de l’opposition
Depuis la chute de Kaboul le 15 août 2021, le monde a observé, incrédule, la reconquête du pays par les Talibans. Depuis quatre ans, les stratégies classiques se sont succédé : négociations diplomatiques, sanctions économiques, isolement international, appels humanitaires. Rien n’a changé. Les Talibans ont consolidé leur pouvoir, multiplié les arrestations arbitraires, effacé les femmes de la vie publique et transformé l’Afghanistan en sanctuaire du terrorisme transnational. Les solutions passives ont montré leur futilité. Il ne sert à rien de se plaindre de l’inaction des États ou de la « communauté internationale » : la seule voie crédible pour libérer l’Afghanistan est de soutenir une opposition organisée, civile, politique et militaire, et de lui offrir une véritable plateforme mondiale.
Les sanctions et pressions diplomatiques n’ont jamais suffi à renverser un régime autoritaire ancré dans la terreur et les réseaux informels. Les coupures de financement ont fragilisé les universités et réduit au silence les intellectuels qui pouvaient incarner un autre futur. Les campagnes de dénonciation à l’ONU, même nécessaires, ont échoué à provoquer des évolutions concrètes. Les Talibans n’ont jamais fait le moindre pas vers l’inclusion ou le respect des droits humains. Persister à espérer un changement venu de la bonne volonté des dirigeants ou de l’usure du temps revient à abandonner l’Afghanistan à une génération de ténèbres.
À l’inverse, seule la résistance organisée porte une lueur d’espoir. Des forces existent encore. Le Front National de Résistance d’Ahmad Massoud, l’Afghanistan Freedom Front et d’autres groupes armés mènent des opérations, souvent dans l’ombre, face à un régime surarmé. La diaspora afghane, dispersée en Europe, en Amérique du Nord, en Inde et en Asie centrale, compte des intellectuels, des anciens militaires, des artistes, des journalistes qui refusent l’oubli. Des collectifs de femmes exilées — Fawzia Koofi, Mariam Safi et tant d’autres — appellent déjà à une coalition mondiale qui redonne une voix à l’Afghanistan libre. Mais cette résistance reste éclatée, privée de tribune commune et de légitimité internationale.
C’est là qu’intervient l’idée de plateforme mondiale sous égide morale de l’ONU, un espace où toutes les forces d’opposition — civiles, politiques et militaires — pourraient se retrouver, se coordonner, parler d’une seule voix. L’ONU hésite à la formaliser, car de nombreux États craignent d’être accusés d’ingérence. Pourtant, une telle initiative peut naître de la société civile et de la diaspora, et forcer ensuite les institutions à la reconnaître. C’est ainsi que naissent les bascules historiques : par l’action déterminée de ceux qui refusent la résignation.
La diaspora afghane a un rôle central à jouer. Trop souvent, ses énergies se dispersent entre l’aide humanitaire d’urgence, les démarches d’exil ou la dénonciation sur les réseaux sociaux. Ces efforts sont précieux, mais insuffisants pour créer un rapport de force durable. Aujourd’hui, l’enjeu est de transformer la diaspora en acteur stratégique, capable de fédérer les voix, de financer la communication et de construire une légitimité internationale. Les exilés disposent d’une liberté que leurs compatriotes restés au pays n’ont plus : celle d’écrire, de publier, de manifester, de convaincre les opinions publiques. Cette liberté est une responsabilité.
Concrètement, il est temps que la diaspora initie :
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Une plateforme digitale et médiatique pour rassembler toutes les voix de l’opposition afghane, crédibles et vérifiées, qu’elles soient politiques, civiles ou armées.
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Une stratégie de communication internationale en plusieurs langues, capable de relayer témoignages, rapports et appels à l’action dans les grands médias mondiaux.
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Un mécanisme de coordination avec les ONG, think‑tanks et universitaires qui travaillent sur l’Afghanistan pour ancrer la légitimité de la résistance dans le débat public international.
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Des actions de lobbying citoyen et diplomatique pour exiger que l’ONU et les gouvernements intègrent cette opposition dans toute discussion sur l’avenir du pays.
C’est en construisant ce socle que nous passerons de la plainte à l’action. Car la vérité, souvent occultée, est simple : nous sommes la communauté internationale. Nous, journalistes, chercheurs, militants, exilés et citoyens du monde, avons le pouvoir d’agir par notre liberté de parole et notre capacité à nous organiser. La « communauté internationale » n’existe pas comme une entité abstraite ; elle existe à travers la pression, la mobilisation et la voix de ceux qui refusent l’indifférence.
Toutes les autres voies sont des impasses. Les Talibans ne céderont ni à des sanctions symboliques, ni à des discours compatissants. Les gouvernements occidentaux ne s’engageront jamais sans pression citoyenne et sans alternative afghane crédible à soutenir. Attendre que les chancelleries prennent l’initiative, c’est accepter une décennie de silence et de massacres. En revanche, si la diaspora s’organise, si nous tous faisons bloc pour offrir une tribune à l’opposition, alors une dynamique peut naître. L’histoire récente nous le prouve : aucun régime totalitaire n’est éternel quand il est isolé, délégitimé, et qu’une résistance unifiée sait parler au monde.
C’est le moment de sortir de la plainte pour entrer dans l’action. Créer cette plateforme mondiale de l’opposition afghane n’est pas un rêve lointain, c’est une nécessité immédiate. En prenant cette initiative, la diaspora afghane ne sauvera pas seulement l’honneur de son pays : elle rappellera au monde que l’Afghanistan libre existe encore, et qu’il a décidé de se battre.
Qui aura le courage de lancer l’opération ????
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