Conférence Massoud de Cambridge – Discours inaugural du Professeur Sayed Hussain Eshraq

Mesdames et Messieurs,
Je vous adresse mes salutations. Je souhaite exprimer ma profonde gratitude à la Global Mosaic Foundation et à M. Zalmai Nishat pour avoir offert cette précieuse opportunité, ainsi qu’aux collègues du groupe de travail conjoint pour leurs contributions constructives, qui ont permis de créer une synergie significative.
Aujourd’hui, l’Afghanistan traverse une crise politique et institutionnelle profonde qui affecte tous les aspects de la vie collective. Ses institutions modernes n’ont pas émergé organiquement de la culture politique nationale ; elles ont été construites dans le contexte de la compétition géopolitique et n’ont jamais été en harmonie avec le tissu social et culturel du pays. Ce décalage persistant a nourri l’autocratie et la violence structurelle, reproduit le sous-développement et conduit l’Afghanistan au bord de l’effondrement institutionnel.
La conférence de Cambridge constitue une réponse opportune à cette crise. En réunissant chercheurs, décideurs politiques et acteurs civiques, elle offre une plateforme pour repenser un avenir légitime et durable pour l’Afghanistan, notamment par l’examen académique des changements de paradigmes dans les sphères politique et du pouvoir. Notre groupe de travail interdisciplinaire a étudié vingt feuilles de route et propositions pour produire la « Feuille de route intégrée et complète », fondée sur la liberté et la justice, les droits humains, la diversité culturelle, l’égalité de genre, la démocratie et le dialogue inclusif, guidés par des valeurs de modération et de développement.
Les divergences de perspectives – qu’il s’agisse de la justice structurelle, des méthodes de changement, des transformations endogènes, du type de système politique ou de la cohésion territoriale – ont été mises en avant comme des points essentiels de discussion. Nous espérons que cette conférence abordera ces différences non pas comme des obstacles, mais comme des occasions d’approfondir le dialogue et d’atteindre des compromis rationnels. Un avenir collectif ne peut se réaliser que par un dialogue multilatéral, le respect mutuel et la reconnaissance de l’Autre – des principes qui consacrent la légitimité de la diversité et la primauté de la polyphonie sur l’uniformité.
L’initiative de la Conférence de Cambridge s’efforce de relier notre héritage civilisationnel de Dad et Wedad – Justice et Harmonie, ou Fraternité – avec le savoir contemporain. Dans ce processus, en offrant à la fois des voies pratiques et théoriques, elle vise à faciliter la reconstruction de la gouvernance en Afghanistan. Alors que la politique et le pouvoir de notre temps s’écartent souvent gravement de leur essence, la politique, dans son sens le plus authentique, est l’art de la justice et de la coexistence. Raviver ce principe peut libérer l’Afghanistan des cycles historiques d’échec et le guider vers un nouvel horizon de légitimité, de stabilité et de prospérité.
En outre, cette conférence devrait générer une littérature politique innovante et offrir un terrain fertile à une recherche méthodologiquement rigoureuse, ouvrant de nouvelles perspectives pour penser l’avenir de l’Afghanistan.
Je vous remercie de votre attention.










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