Afghanistan : la résistance s’intensifie, le silence des démocraties devient complice des crimes taliban

Depuis le début de l’année 2025, l’Afghanistan connaît une recrudescence spectaculaire des attaques armées contre les Talibans. Le dernier rapport de la Mission d’assistance des Nations unies (UNAMA) recense plus de 90 opérations ciblées en trois mois, menées par trois principaux groupes de résistance : le Front national de résistance (NRF), l’Afghanistan Freedom Front (AFF), et le Mouvement de libération de l’Afghanistan (ALM). Ces chiffres, corroborés par des revendications publiées sur X et des rapports indépendants, traduisent un changement de cap : la lutte contre les Talibans ne relève plus de l’aspiration morale, mais d’une réalité militaire structurée, coordonnée et croissante.
Depuis leur retour au pouvoir en août 2021, les Talibans ont verrouillé la société afghane par une politique de terreur : disparition des femmes de l’espace public, exécutions sommaires d’opposants présumés, interdiction des médias libres, purification ethnique rampante dans certaines provinces. Mais loin d’être consolidé, leur régime est désormais sous pression sur plusieurs fronts à la fois.
Dans les montagnes du Panjshir, les vallées de Baghlan, les rues de Kaboul ou même dans l’ouest pashtoun, les Talibans affrontent une opposition déterminée, souvent formée d’anciens soldats, d’officiers républicains, de jeunes militants de la démocratie, et même d’ex-commandos marginalisés par l’abandon occidental. À eux seuls, les NRF et l’AFF ont revendiqué plus de 100 attaques depuis janvier 2025. Certaines sont symboliques (embuscades contre des chefs talibans), d’autres spectaculaires (frappes contre des centres d’intelligence, véhicules blindés détruits, postes de commandement attaqués en plein cœur de Kaboul).
Ces opérations, confirmées pour partie par les Nations unies et croisées par des témoignages directs sur X, ne sont pas des actes isolés. Elles s’inscrivent dans une stratégie de harcèlement, d’affaiblissement du pouvoir taliban et de délégitimation d’un régime qui ne tient que par la peur. Contrairement aux récits véhiculés dans certaines chancelleries, cette résistance n’est ni ethnique, ni nostalgique : elle est politique. Elle appelle au rétablissement d’un État de droit, à la restauration des libertés fondamentales, et à la reconstruction d’un Afghanistan inclusif.
Or, le monde regarde ailleurs. Tandis que les talibans bénéficient de relations officielles avec Moscou, Pékin, Téhéran et certains membres de l’Organisation de la coopération islamique, les résistants sont réduits à l’ombre, privés de ressources, d’armes, de reconnaissance diplomatique. Cette asymétrie est d’autant plus révoltante que les Talibans, dans leur propagande comme dans leurs actes, n’ont jamais cessé d’être hostiles à l’ordre international, aux droits humains et à la stabilité régionale.
Aujourd’hui, les résistants afghans ne demandent pas une intervention militaire étrangère. Ils réclament un appui politique, technique, humanitaire, logistique. Ils demandent que les Nations unies, les États européens, les institutions démocratiques cessent de financer indirectement les Talibans via l’aide humanitaire non conditionnée, et qu’ils reconnaissent les voix afghanes qui portent une alternative crédible.
Les Talibans ne sont pas invincibles. Ils ne sont pas non plus légitimes. Ils sont contestés, combattus, et de plus en plus affaiblis. Ce qui leur permet de tenir, c’est moins leur force militaire que l’indifférence du monde.
Et qu’on ne vienne pas dire qu’il n’y a pas d’alternative. Même corrompue, même désunie, la République islamique d’Afghanistan n’avait pas démérité. Elle avait permis à la quasi-totalité des enfants d’accéder à la scolarité, à des femmes de devenir juges, journalistes, médecins, parlementaires, aux défenseurs des droits humains d’agir librement, et à des partis politiques, des syndicats, des universités de fonctionner, débattre et s’opposer. En vingt ans, un pays bâillonné avait entrevu la possibilité d’un autre destin. Il n’était pas parfait. Il n’en était pas moins infiniment plus juste que le régime totalitaire d’aujourd’hui.
En 2021, juste avant la chute du gouvernement, l’Afghanistan comptait environ 10 millions d’élèves et 220 000 enseignants, répartis dans le système éducatif (primaire à universitaire) WikipédiaWikipédia.
Le taux d’alphabétisation des adultes avait fortement progressé depuis 2001, passant à environ 43 % en 2021, avec une part significative de filles Wikipédia.
Soutenir la résistance afghane, ce n’est pas seulement appuyer un front militaire. C’est protéger les femmes qu’on viole et fait disparaître à Kaboul, les minorités qu’on persécute dans le silence, les enfants qu’on affame en interdisant aux mères de travailler ou d’étudier. C’est défendre un peuple trahi par ceux qui avaient promis de ne jamais l’abandonner.
Il est temps de sortir du cynisme. Il est temps d’écouter ceux qui, malgré l’abandon, se battent pour l’Afghanistan. L’histoire retiendra ceux qui auront tendu la main. Et condamnera ceux qui, en refusant d’agir, auront offert aux Talibans une victoire par le vide.
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