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La Suppression de la Langue Persane (Dari) dans l’Administration Talibane en Afghanistan

Le dari (en dari : دری, darī, /daɾiː/), aussi appelé persan afghan ou persan oriental, est une variété du persan parlée principalement en Afghanistan. La langue afghane dari a été fortement mélangée avec des langues telles que le mongol[1]
Appelé aussi Farsi Iranien, Farsi Dari ou Farsi Tajik
Le dari était la langue officielle des cours ghaznévides, samanides et timourides de Samarcande et d’Hérat, ainsi que des Grands Moghols de l’Inde.

Comment appeler la langue persane en Afghanistan ? C’est une question qui oppose les Afghans depuis des décennies. Lire cet article Dari ou farsi ? Le conflit linguistique qui couve depuis longtemps en Afghanistan

De nombreux persanophones en Afghanistan préfèrent et utilisent le terme « farsi », langue officielle en Iran. Ils affirment que le terme « dari » leur a été imposé par le groupe ethnique dominant pachtoune, dans le but d’éloigner les Afghans de leurs liens culturels, linguistiques et historiques avec le monde persanophone, qui comprend l’Iran et le Tadjikistan.

Suppression du Dari en Afghanistan : Une Infographie

L’Érosion d’une Langue

Une analyse de la suppression progressive du persan (dari) dans l’administration et l’espace public afghans sous le régime taliban.

Le Paysage Linguistique Afghan

L’Afghanistan est une nation multilingue où le dari et le pachto sont les deux langues les plus parlées. Le dari, une variante du persan, a longtemps servi de langue véhiculaire (lingua franca) pour le commerce, l’éducation et l’administration gouvernementale, unissant divers groupes ethniques.

La Constitution de 2004 reconnaissait officiellement le dari et le pachto comme les deux langues officielles de l’État, garantissant leur utilisation dans toutes les affaires publiques. Cette dualité linguistique reflétait la riche mosaïque culturelle du pays.

Répartition des Langues Maternelles

Le Tournant Politique : Une Chronologie

Depuis leur retour au pouvoir, les talibans ont systématiquement mis en œuvre des politiques visant à supplanter le dari par le pachto dans la sphère officielle, marquant une rupture avec le statut constitutionnel bilingue du pays.

Août 2021

Prise de Pouvoir

Les talibans prennent le contrôle de Kaboul. Les panneaux publics et les documents commencent à être modifiés pour privilégier le pachto.

Fin 2021 – Mi 2022

Directives Administratives

Des décrets internes sont émis, exigeant que la correspondance officielle, les rapports et les communications au sein des ministères soient rédigés exclusivement en pachto.

Juillet 2025 (Date rapportée)

Interdiction Formelle

Le Ministère de l’Intérieur publie une directive interdisant formellement l’usage du dari dans la correspondance officielle de la plupart des institutions gouvernementales.

Impact sur la Gouvernance et la Société

Langue dans les Documents Officiels

La transition vers le pachto est radicale, marginalisant les fonctionnaires et citoyens non pachtophones.

Secteurs Affectés

La politique linguistique a des conséquences profondes au-delà de l’administration, touchant le cœur de la société afghane.

🏛️

Administration Publique

Les fonctionnaires non pachtophones sont confrontés à des barrières linguistiques, entravant leur travail et risquant la marginalisation.

🎓

Éducation

Des enseignants ne parlant que le pachto sont nommés dans des régions dari-phones, et le contenu pédagogique est modifié, affectant la qualité de l’apprentissage.

📰

Médias et Culture

Les médias sont sous pression pour utiliser le pachto, et la riche tradition littéraire et culturelle persane est dévalorisée.

Le Coût Humain et les Risques pour l’Unité

Cette politique ne concerne pas seulement les mots ; elle touche à l’identité, à l’accès aux services et à la cohésion nationale. En privilégiant une langue, le régime risque d’aliéner une grande partie de sa propre population.

Population dont le dari est la langue maternelle ou seconde

> 75%

(Estimation)

Violation de l’Identité et de l’Accès

Pour des millions d’Afghans, le dari est plus qu’une langue ; c’est le véhicule de leur histoire, de leur poésie et de leur identité. Le fait de le retirer de la vie publique est perçu comme une tentative d’effacer leur héritage culturel et de créer des citoyens de seconde zone, incapables de communiquer efficacement avec leur propre gouvernement.

Infographie créée pour analyser la situation linguistique en Afghanistan.

Données compilées à partir de rapports publics et d’analyses d’experts. Date de la dernière mise à jour : Juillet 2025.

La Suppression de la Langue Persane (Dari) dans l’Administration Talibane en Afghanistan

Résumé Exécutif

Depuis leur retour au pouvoir en août 2021, les Talibans ont mis en œuvre une série de politiques qui ont profondément affecté le paysage linguistique et culturel de l’Afghanistan. Bien que le gouvernement taliban ait officiellement maintenu le statut co-officiel du dari et du pachto, des preuves substantielles indiquent une suppression systématique du dari au profit du pachto dans les communications administratives, la signalisation publique, les médias et l’éducation. Cette politique n’est pas une simple décision administrative, mais une manifestation d’un projet plus vaste de réaffirmation de l’hégémonie ethnique pachtoune et de refonte de l’identité nationale afghane. Elle s’inscrit dans une histoire complexe de rivalité linguistique et de politisation de la langue, exacerbée par les antécédents et les compétences linguistiques de la direction talibane formée au Pakistan. Les implications de cette suppression sont vastes, entraînant l’érosion de l’identité culturelle, l’aliénation des communautés non pachtounes, des inefficacités de gouvernance, une crise de l’éducation et une répression généralisée des droits humains. La communauté internationale condamne unanimement ces violations, mais son influence directe sur les politiques internes des Talibans reste limitée, tandis que les communautés afghanes expriment une résistance profonde à cette imposition linguistique.

1. Introduction : Le Paysage Linguistique de l’Afghanistan

Cette section établit le contexte historique de la langue en Afghanistan, soulignant le statut co-officiel de longue date du dari et du pachto et l’interaction complexe entre la langue, l’ethnicité et l’identité nationale.

1.1 Statut Co-Officiel Historique du Dari et du Pachto

Historiquement, le dari, un dialecte du persan, a servi de langue dominante et officielle de l’État afghan. Il fonctionnait comme la lingua franca, en particulier dans le nord, l’ouest et les grandes villes d’Afghanistan, ce qui en faisait la langue la plus largement comprise par les différents groupes ethniques.1 Pendant des siècles, la maîtrise du dari était une condition préalable à l’emploi gouvernemental, soulignant son rôle central dans l’administration et la culture d’élite.3

Bien que le pachto ait été reconnu comme langue officielle au XVIIe siècle, sa promotion significative en tant que langue nationale a commencé au XXe siècle.2 Cette période a vu des efforts délibérés de l’État, tels que la formation de l’ »Anjuman-e-adabi » (plus tard Pashto Tolana) en 1931, pour faire avancer la langue et la culture pachtounes.3 En 1936, le pachto a été formellement déclaré langue officielle, avec des politiques visant à en faire la langue d’enseignement dans les écoles primaires à l’échelle nationale et à offrir des primes salariales et un favoritisme aux locuteurs pachtouns dans les postes gouvernementaux.3

La Constitution afghane de 1964 a marqué un moment charnière en établissant le dari et le pachto comme langues nationales co-officielles et en renommant officiellement le persan parlé en Afghanistan en « dari ».1 Cela aurait été un compromis pour assurer l’équité entre les deux langues, bien que certains locuteurs persans aient considéré le terme « dari » comme une tentative du groupe ethnique pachtoun dominant de distancier les Afghans de leur héritage culturel persan plus large.4 La Constitution de 2004 a réaffirmé ce statut co-officiel et a étendu la reconnaissance à plusieurs langues de minorités ethniques (ouzbek, turkmène, baloutche, pashaï, nouristani, pamiri) dans les régions où elles étaient majoritairement parlées.1 Cependant, l’inclusion du pachto comme langue de l’hymne national dans la Constitution de 2004 a continué de susciter des réserves chez les non-Pachtouns, soulignant la politisation persistante de la langue.3

La tension entre le rôle du dari en tant que lingua franca et l’aspiration à la dominance ethnique pachtoune a constamment façonné les politiques linguistiques de l’Afghanistan. Les données montrent la fonction historique du dari comme langue de communication répandue et langue maternelle pour plusieurs groupes ethniques importants.1 Simultanément, le pachto est présenté comme la langue dominante des Pachtouns, le plus grand groupe ethnique.1 Les efforts historiques pour élever le pachto 3, malgré l’utilité communicative plus large du dari, révèlent une tension fondamentale. Cette tension découle du besoin pratique d’une langue administrative unificatrice par rapport à l’aspiration politique du groupe ethnique dominant à affirmer son identité culturelle et linguistique. Cette dynamique a transformé la langue en un champ de bataille pour le pouvoir. Cette compréhension du contexte historique suggère que toute suppression actuelle du dari par une administration talibane dominée par les Pachtouns n’est pas une politique isolée, mais une continuation ou une réintensification de cette lutte de pouvoir ethno-linguistique profondément enracinée. Cela implique que les actions des Talibans sont ancrées dans un programme nationaliste qui privilégie l’identité pachtoune par rapport à l’unité nationale plus large ou à l’efficacité administrative pratique.

De plus, les politiques linguistiques ont été un instrument délibéré pour façonner l’identité nationale. Les données indiquent explicitement que les efforts de l’État au début du XXe siècle utilisaient « l’Islam, l’histoire afghane et le pachto pour la construction de la nation ».3 Le renommage officiel du persan en dari en 1964 3 était un « compromis » mais aussi une tentative de créer une identité linguistique afghane distincte de l’Iran.4 Les changements dans la langue de l’hymne national 2 soulignent davantage comment la langue est manipulée à des fins politiques. Cela démontre que les gouvernements afghans successifs ont utilisé la politique linguistique comme un instrument délibéré pour façonner l’identité nationale, reflétant souvent les dynamiques de pouvoir et les orientations idéologiques de l’élite dirigeante. Les politiques linguistiques actuelles des Talibans peuvent donc être interprétées non seulement comme des décisions administratives, mais comme un effort délibéré pour remodeler l’identité nationale afghane. Ce remodelage vise à aligner l’identité nationale plus étroitement avec leur base pachtoune et religieusement conservatrice, et à la distancier davantage des liens culturels persans plus larges. Cela a de profondes implications pour la cohésion nationale et le sentiment d’appartenance des communautés non pachtounes, potentiellement exacerbant les lignes de fracture existantes.

Tableau 1 : Jalons Clés de la Politique Linguistique Officielle en Afghanistan (Pré-Talibans)

Ère/Année Disposition Clé de la Politique/Constitutionnelle Langues Officielles/Promues Signification/Impact
État Afghan Précoce Dari comme langue dominante et officielle Dari Lingua franca et langue administrative centrale.
1931 Formation d’ »Anjuman-e-adabi » (plus tard Pashto Tolana) Pachto Promotion délibérée du pachto, début du statut de planification.
1936 Pachto déclaré langue officielle ; langue d’enseignement primaire Pachto Affirmation de l’identité pachtoune dans la construction de la nation.
1945/1946 Dari restauré comme langue officielle Dari Rééquilibrage après les problèmes de la politique pachtoune exclusive.
1964 Dari et Pachto déclarés co-officiels ; Persan renommé « Dari » Dari, Pachto Compromis ethnique, tentative de créer une identité linguistique afghane distincte.
1992 (Post-Soviétique) Changement de l’hymne national du pachto au dari Dari Réalignement linguistique après la période soviétique et la guerre civile.
2004 Dari et Pachto co-officiels ; reconnaissance des langues minoritaires régionales ; hymne national en pachto Dari, Pachto, Ouzbek, Turkmène, Baloutche, Pashaï, Nouristani, Pamiri Codification de la diversité linguistique, mais persistance des tensions ethniques (hymne national).

Ce tableau fournit une base chronologique claire des politiques linguistiques officielles de l’Afghanistan avant la récente prise de pouvoir des Talibans. En présentant visuellement les changements et les redéclarations des langues officielles 2, le tableau met en évidence que la politique linguistique a toujours été un lieu de lutte politique et ethnique, plutôt qu’un détail administratif statique. Cela montre que la situation actuelle fait partie d’un continuum historique plus long. En fournissant ce précédent historique, le tableau met implicitement en évidence la contradiction avec la suppression

de facto du dari par les Talibans, faisant apparaître leurs actions comme une déviation des normes juridiques et historiques établies, même celles qu’ils reconnaissent sélectivement. Le tableau montre également comment la langue a été étroitement liée aux tentatives de définir l’identité nationale afghane, parfois par le compromis (par exemple, le renommage du « Dari ») et parfois par l’affirmation (par exemple, l’hymne national pachtoune). Cela prépare le lecteur à comprendre les motivations plus profondes derrière les politiques actuelles des Talibans.

2. Politique Linguistique des Talibans : Position Officielle vs. Pratiques De Facto

Cette section analyse l’écart entre la politique linguistique déclarée des Talibans et les preuves observables de la restriction du dari dans la pratique depuis leur retour au pouvoir en 2021.

2.1 Maintien Officiel du Statut du Dari et du Pachto (Après 2021)

Officiellement, le gouvernement taliban, depuis son retour au pouvoir en août 2021, a maintenu que le dari et le pachto conservaient leur statut co-officiel national. Ils ont également officiellement reconnu le statut régional des langues des minorités ethniques.1 Cette position s’aligne avec leur déclaration selon laquelle leur nouveau gouvernement ferait revivre la Constitution afghane de 1964, à l’exception des dispositions non conformes à la charia.6 La Constitution de 1964 a explicitement établi le dari et le pachto comme langues co-officielles.1

Les déclarations officielles des Talibans concernant le maintien du statut co-officiel du dari et du pachto 1 et leur adoption sélective de la Constitution de 1964 6 contrastent fortement avec les nombreux rapports faisant état de la suppression

de facto du dari. Cela suggère une stratégie délibérée visant à projeter une image de modération et d’adhésion aux normes établies auprès de la communauté internationale. Étant donné que le gouvernement taliban n’est largement pas reconnu internationalement en raison de ses violations des droits humains 7, le maintien d’une façade d’inclusivité linguistique pourrait être une tentative d’atténuer les critiques et potentiellement d’ouvrir la voie à une reconnaissance ou un engagement futurs. Cela met en évidence une déconnexion significative entre la communication externe des Talibans, soigneusement élaborée pour la consommation internationale, et leurs pratiques de gouvernance interne. Cela implique que leur politique linguistique officielle est davantage un geste performatif visant à obtenir une légitimité ou à atténuer la pression externe qu’un engagement authentique envers la diversité linguistique inhérente de l’Afghanistan ou ses principes constitutionnels antérieurs.

2.2 Accusations et Preuves de Restriction du Dari

Malgré leur position officielle, les Talibans ont été largement accusés de restreindre l’utilisation du dari et d’autres langues des minorités ethniques, telles que l’ouzbek, au profit du pachto.1 Cette suppression n’est pas seulement anecdotique, mais semble être un effort systématique dans divers domaines administratifs et publics.

Une instance claire de cette politique est apparue le 11 juillet, lorsque le ministère de l’Intérieur dirigé par les Talibans aurait émis une directive interdisant l’utilisation de la langue persane (dari) dans la correspondance officielle de la plupart des institutions gouvernementales. Cette directive exigeait que tous les rapports et communications officielles soient préparés exclusivement en pachto, avec seulement des exceptions spécifiques pour les provinces du Badakhshan et de Bamiyan.9 Une telle directive est explicitement considérée comme une violation de la Constitution afghane de 2003, qui garantit l’utilisation du pachto et du persan (dari) dans les affaires administratives.9

Des observations sur le terrain à Kaboul indiquent que les communications officielles des agences gouvernementales sont principalement menées en pachto, les employés étant activement encouragés à utiliser cette langue.10 Cela s’étend aux secteurs financiers critiques, où une source de la banque centrale a confirmé que les communications officielles aux banques commerciales et autres agences gouvernementales sont exclusivement en pachto.10

Les Talibans ont également initié des changements dans les panneaux et logos gouvernementaux, supprimant les mots dari et les remplaçant par des versions uniquement en pachto, comme on l’a vu dans les ministères de la Défense et de l’Industrie et du Commerce.10 Ce changement visuel est une déclaration symbolique puissante de préférence et de domination linguistique.

La promotion active du pachto s’étend à la terminologie spécifique. Un membre des Talibans aurait corrigé un journaliste pour avoir utilisé « Daneshgah », le mot dari pour université, insistant sur l’équivalent pachto « Pohantun ».10 Cette application au niveau micro souligne l’engagement idéologique envers le pachto. De plus, les demandes de traduction de documents, même de la part de professionnels dari-locuteurs, concernaient spécifiquement des versions pachtounes, avec la justification que « la plupart des Talibans ne connaissent pas le dari ».10

La suppression du dari fait partie d’une répression plus large de la liberté d’expression. Les autorités talibanes ont interdit aux médias de diffuser des programmes d’information internationaux (y compris Voice of America et BBC) en dari, pachto et ouzbek.11 Elles ont imposé une censure étendue, entraînant la fermeture de centaines de médias et la perte d’emploi pour environ 80 % des femmes journalistes.11 De nouvelles directives interdisent la critique du régime par les médias, exigent une autorisation préalable pour les programmes politiques et la vérification des analystes.13 Dans certaines provinces comme Kandahar et Takhar, une « loi sur la moralité » a interdit la diffusion d’images d’êtres vivants, forçant effectivement les médias visuels à fonctionner comme des stations de radio.12 Dans l’éducation, les Talibans ont interdit toute éducation aux filles au-delà de l’école primaire 7 et imposé des restrictions sur les programmes éducatifs diffusés sur les stations de radio et de télévision locales.19

La convergence des preuves – une directive formelle du ministère de l’Intérieur 9, des communications officielles observées uniquement en pachto dans divers ministères 10, la modification systématique de la signalisation publique 10 et l’application active de la terminologie pachtoune 10 – démontre que la suppression du dari n’est pas une série d’incidents isolés mais une politique coordonnée, descendante et institutionnalisée. Cela contredit directement les affirmations officielles des Talibans de maintenir le statut co-officiel du dari 1 et leur adhésion sélective à la Constitution de 1964.6 Cette approche systématique indique que la politique linguistique des Talibans est une altération délibérée et fondamentale du paysage linguistique administratif et public de l’Afghanistan. Elle signifie un profond glissement vers l’hégémonie linguistique, signalant un programme ethno-politique plus profond qui l’emporte sur les principes constitutionnels et les considérations de gouvernance pratique.

L’observation selon laquelle « la plupart des Talibans ne connaissent pas le dari » 10 alors que « presque tout le monde parle le dari » 10 met directement en évidence les défis opérationnels créés par la politique du pachto exclusif. Ce décalage linguistique entre l’élite dirigeante et la population plus large, y compris de nombreux fonctionnaires, crée des barrières de communication importantes au sein de l’administration et entre le gouvernement et ses citoyens. L’exemple antérieur du gouverneur Niyazmand 5 illustre en outre comment de telles barrières conduisent à l’aliénation et à des difficultés de gouvernance. Cela indique un compromis critique où la poursuite de la domination ethno-linguistique est priorisée par rapport à l’efficacité administrative et l’accessibilité publique. De telles politiques sont susceptibles d’entraver considérablement la gouvernance efficace, d’aliéner un large segment de la population (en particulier les locuteurs du dari) et potentiellement de favoriser un ressentiment généralisé, sapant ainsi la légitimité des Talibans et leur capacité à gouverner efficacement. Cela suggère que la pureté idéologique est priorisée par rapport à la gouvernance pratique et à la cohésion nationale.

La suppression du dari dans l’administration 9 n’est pas une politique isolée, mais est observée concurremment avec de sévères restrictions sur les médias 11 et l’éducation.7 Ces politiques apparemment disparates sont toutes enracinées dans l’ »interprétation stricte de la charia » par les Talibans 7 et leur objectif primordial de contrôler tous les aspects de la vie publique, de l’expression et de l’information. La nouvelle « loi sur la moralité » 15 institutionnalise davantage ces contrôles. Cela révèle que le contrôle linguistique fait partie intégrante d’une stratégie globale visant à remodeler la société afghane selon la vision idéologique et ethnique étroite des Talibans. Cela suggère que la suppression de la langue est une facette d’une répression plus large des droits humains, de la liberté d’expression et de la diversité culturelle, contribuant à un « système institutionnalisé de discrimination » 18 qui cherche à démanteler toute opposition ou tout point de vue alternatif.

Tableau 2 : Cas Documentés de Restriction du Dari dans l’Administration Talibane (Après 2021)

Date/Période Domaine de Restriction Action/Directive Spécifique Sources Signification
11 juillet (2025) Correspondance Officielle

Directive du Ministère de l’Intérieur interdisant le dari dans la plupart des institutions gouvernementales, exigeant le pachto 9

9 Mise en œuvre directe d’une politique, violation explicite de la constitution.
Après août 2021 Communications Administratives

Communications officielles des agences gouvernementales et de la banque centrale principalement en pachto ; employés encouragés à utiliser le pachto 10

10 Changement systématique, impact sur l’efficacité opérationnelle.
Après août 2021 Signalisation Publique et Logos

Suppression du dari des panneaux et logos ministériels (ex: Défense, Industrie et Commerce) 10

10 Affirmation symbolique de la domination linguistique et visuelle.
Après août 2021 Terminologie Officielle

Insistance sur l’utilisation de termes pachtouns (ex: « Pohantun » pour université) 10

10 Contrôle micro-linguistique, imposition culturelle.
Après août 2021 Médias

Interdiction de diffusion des programmes d’information internationaux (VOA, BBC) en dari, pachto, ouzbek 11

11 Contrôle de l’information, censure des sources externes.
Après août 2021 Éducation (Médias)

Restrictions sur les programmes éducatifs diffusés par les médias locaux (ex: Khost) 19

19 Limite l’accès à l’éducation, particulièrement pour les filles.

Ce tableau concrétise les affirmations de suppression du dari avec des exemples spécifiques et vérifiables dans différents domaines. Il met en évidence la portée omniprésente de cette suppression, montrant qu’elle n’est pas limitée à un seul secteur mais constitue un effort multifacette et délibéré des Talibans pour contrôler l’environnement linguistique. Lorsqu’il est lu en conjonction avec les affirmations officielles des Talibans de maintenir le statut co-officiel du dari, ce tableau illustre de manière frappante l’écart significatif entre la rhétorique et la réalité, exposant la politique de facto de marginalisation. L’accumulation de diverses instances distinctes dans différentes sphères gouvernementales et publiques renforce l’argument selon lequel la suppression du dari est une politique systémique délibérée plutôt que des actions isolées ou non coordonnées.

3. Mécanismes de Suppression du Dari dans l’Administration

Cette section détaille les méthodes et politiques spécifiques employées par les Talibans pour restreindre l’utilisation du dari au sein de leurs structures administratives, établissant des liens directs avec les preuves présentées.

3.1 Directives et Exigences pour la Correspondance Exclusivement en Pachto

Le mécanisme le plus direct de suppression du dari dans l’administration est la directive formelle émise par le ministère de l’Intérieur dirigé par les Talibans le 11 juillet. Cette directive a explicitement interdit l’utilisation de la langue persane (dari) dans la correspondance officielle de la majorité des institutions gouvernementales, exigeant que les rapports et communications soient préparés exclusivement en pachto.9 Cette politique, avec seulement des exceptions limitées pour des provinces spécifiques comme le Badakhshan et Bamiyan, représente un écart significatif par rapport aux dispositions constitutionnelles antérieures qui reconnaissaient les deux langues.9

Des observations confirment que cette directive est mise en œuvre dans divers organismes gouvernementaux. Par exemple, un avocat à Kaboul a noté que les communications officielles des agences gouvernementales sont désormais exclusivement en pachto, et les fonctionnaires sont activement encouragés à l’adopter.10 Cela s’étend aux secteurs financiers critiques, où les communications officielles de la banque centrale aux banques commerciales et autres agences gouvernementales seraient uniquement en pachto.10

L’émission d’une directive formelle et explicite d’un ministère clé comme le ministère de l’Intérieur 9 et son adoption généralisée observée dans diverses entités gouvernementales 10 témoignent d’un effort centralisé et descendant visant à appliquer une politique linguistique spécifique. Il ne s’agit pas d’un changement progressif et organique, mais d’un changement imposé, ce qui indique la volonté des Talibans d’utiliser leur autorité administrative pour remodeler les normes linguistiques. L’existence d’exceptions provinciales spécifiques 9 pourrait suggérer une reconnaissance pragmatique des majorités dari-locutrices importantes dans ces régions, mais cela n’annule pas l’intention globale de promouvoir la domination pachtoune. Ce mécanisme révèle une administration très centralisée et idéologiquement motivée qui privilégie l’uniformité linguistique, même au détriment de considérations pratiques ou de la diversité linguistique historique. Cela implique que les Talibans utilisent activement les décrets administratifs comme un outil pour imposer l’hégémonie linguistique, modifiant fondamentalement la langue opérationnelle de la gouvernance et signalant une intention plus large de remodeler l’identité nationale.

3.2 Changements dans la Signalisation Officielle et les Logos

Une manifestation visible de la suppression du dari est l’altération systématique des panneaux et logos gouvernementaux. Les Talibans ont été observés en train de retirer les mots dari et de les remplacer par des versions uniquement en pachto sur les emblèmes officiels des ministères, y compris le ministère de la Défense et le ministère de l’Industrie et du Commerce.10

Le changement de la signalisation publique et des logos officiels, passant de formats bilingues ou incluant le dari à des formats uniquement en pachto 10, est un acte hautement visible et symbolique. Il va au-delà de la simple communication administrative pour devenir une puissante affirmation d’une nouvelle identité visuelle pour l’État. Cet acte efface visuellement le dari de la façade publique du gouvernement, renforçant ainsi la domination linguistique et ethnique pachtoune dans la sphère publique. C’est une déclaration non verbale de qui est au pouvoir et dont la culture est priorisée. Ce mécanisme dépasse les considérations administratives pratiques ; c’est une déclaration politique conçue pour remodeler l’identité nationale et marginaliser visuellement les communautés linguistiques non pachtounes. Cela contribue à un sentiment d’exclusion et d’aliénation pour les locuteurs du dari, signalant un changement clair dans la dynamique du pouvoir et l’orientation culturelle officielle de l’État.

3.3 Promotion de la Terminologie Pachtoune (par exemple, « Pohantun » vs. « Daneshgah »)

Les Talibans promeuvent activement l’utilisation de la terminologie pachtoune, même dans des contextes où les équivalents dari sont largement compris et couramment utilisés. Un exemple notable est l’insistance à utiliser « Pohantun » (pachto pour université) au lieu de « Daneshgah » (dari pour université).10 Cela reflète un effort plus large pour dicter des normes linguistiques et un vocabulaire spécifiques dans le discours officiel et public. Cette préférence linguistique s’aligne avec les différends historiques concernant la « terminologie nationale, académique et administrative », comme noté dans le contexte de la Constitution de 2004.3 Les actions des Talibans ravivent et intensifient cette contestation linguistique de longue date.

La justification pratique fournie pour cette application linguistique, comme dans le cas de l’exigence de traductions en pachto, est souvent pragmatique : « la plupart des Talibans ne connaissent pas le dari ».10 Cela suggère que la politique est motivée non seulement par une préférence idéologique, mais aussi par les limitations linguistiques d’une partie importante du groupe dirigeant.

L’insistance sur des termes pachtouns spécifiques 10, même lorsque les équivalents dari sont répandus, représente un niveau granulaire de contrôle linguistique. Il ne s’agit pas seulement de documents officiels, mais de façonner le discours professionnel et public quotidien. Cet effort s’aligne sur les tentatives historiques de définir une terminologie « correcte » 3, indiquant une volonté soutenue d’homogénéisation linguistique et culturelle. La raison invoquée pour cela, à savoir que « la plupart des Talibans ne connaissent pas le dari » 10, ajoute une couche de nécessité pratique à la motivation idéologique. Ce mécanisme vise à dévaloriser subtilement, mais de manière omniprésente, le dari et son héritage culturel associé, créant un environnement où les fonctionnaires et les citoyens non pachtouns se sentent obligés d’adopter la terminologie pachtoune pour naviguer efficacement dans les canaux officiels. Ce processus contribue à l’érosion de leur identité linguistique et renforce la perception d’un État centré sur les Pachtouns, pouvant conduire à une assimilation progressive et forcée.

3.4 Impact sur les Fonctionnaires et les Barrières de Communication

Le passage à une communication uniquement en pachto pose des défis importants aux fonctionnaires, dont beaucoup sont des locuteurs natifs du dari. Comme l’a noté un observateur, « s’ils prennent tout cela trop au sérieux, de nombreux fonctionnaires auront des difficultés dans les communications officielles avec les autorités gouvernementales. Presque tout le monde parle le dari, seuls quelques-uns parlent le pachto ».10 Cela crée un goulot d’étranglement interne en matière de communication et une inefficacité au sein de l’appareil administratif.

Au-delà des opérations gouvernementales internes, le changement linguistique crée des barrières substantielles entre l’administration et la population générale. L’exemple du premier gouverneur taliban d’une province, qui avait été éduqué au Pakistan et aurait été incapable de parler le dari, a conduit les locuteurs locaux du dari à se sentir aliénés en raison des difficultés de communication avec le nouveau gouvernement.5 Cela illustre comment la politique linguistique a un impact direct sur l’accessibilité publique et la confiance. Pour aggraver ces problèmes, les non-Pachtouns ont, dans certaines régions, activement résisté à l’apprentissage du pachto précisément en raison de son association politique fortement perçue avec les Talibans.5 Cette résistance enracine davantage la division linguistique et exacerbe les défis de communication.

La déclaration explicite selon laquelle « presque tout le monde parle le dari, seuls quelques-uns parlent le pachto » 10 parmi la population générale et les fonctionnaires, associée aux directives des Talibans uniquement en pachto, implique directement une grave dégradation de l’efficacité administrative. Si le personnel gouvernemental ne peut pas communiquer efficacement en interne ou avec le public dans la langue la plus largement comprise, les fonctions de gouvernance de base (par exemple, la prestation de services, la mise en œuvre des politiques, l’engagement public) seront gravement entravées. L’exemple historique du gouverneur Niyazmand 5 renforce la façon dont de telles barrières de communication conduisent à l’aliénation du public et à une rupture de confiance. Cette politique, motivée par la préférence ethno-linguistique et potentiellement les limitations linguistiques de l’élite dirigeante, crée par inadvertance des inefficacités systémiques et une déconnexion significative entre l’organe dirigeant et les gouvernés. Elle entraînera probablement une diminution de l’accès du public aux services gouvernementaux, une frustration accrue chez les citoyens et une érosion supplémentaire de la légitimité de l’administration talibane, en particulier parmi les communautés non pachtounes qui se sentent déjà marginalisées. Cette priorisation de l’idéologie par rapport à la praticité pourrait exacerber les tensions ethniques existantes et entraver une gouvernance efficace.

4. Motivations Sous-jacentes à la Suppression du Dari

Cette section explore les raisons plus profondes de la politique de suppression du dari par les Talibans, la reliant à leurs racines idéologiques, à leur composition ethnique et au contexte historique.

4.1 Nationalisme Pachtoun et Dominance Ethnique

Le mouvement taliban lui-même est né du nationalisme pachtoun, et ses fondements idéologiques sont profondément liés aux normes sociétales pachtounes plus larges.7 Le pachto est la langue maternelle des Pachtouns, qui constituent le groupe ethnique dominant en Afghanistan, représentant environ 40 à 50 % de la population totale.1 La direction des Talibans est fortement influencée par la confédération tribale pachtoune 24, ce qui incline naturellement le groupe à promouvoir le pachto.

Historiquement, les dirigeants pachtouns ont plaidé pour que le pachto soit la seule langue officielle de l’Afghanistan, affirmant souvent que le « farsi » (persan) appartenait à l’Iran, tentant ainsi de différencier culturellement et linguistiquement l’Afghanistan.4 Le terme même de « dari » était considéré par de nombreux locuteurs persans comme une étiquette qui leur était imposée par le groupe ethnique pachtoun dominant pour distancier les Afghans de leurs liens culturels, linguistiques et historiques avec le monde persanophone plus large.4

Les racines profondes des Talibans dans le nationalisme pachtoun 7 et la domination pachtoune au sein de leur direction 24 fournissent une motivation claire et puissante pour la promotion du pachto. Les tentatives historiques des dirigeants pachtouns de faire du pachto la seule langue officielle 4 et la nature litigieuse de la désignation « dari » 4 indiquent un programme ethno-nationaliste de longue date. La suppression actuelle du dari 9 peut être considérée comme la réalisation de cette ambition historique, visant à consolider la domination pachtoune non seulement politiquement mais aussi culturellement et linguistiquement, remodelant ainsi l’identité même de l’État afghan. Cela suggère que la politique linguistique est un acte délibéré d’ingénierie culturelle, visant à créer une identité étatique principalement pachtoune. Cela marginalisera et aliénera inévitablement les groupes ethniques non pachtouns, dont la langue maternelle est le dari.1 De telles politiques sont susceptibles d’exacerber les tensions ethniques existantes et pourraient alimenter un ressentiment à long terme et une résistance potentielle, car certains non-Pachtouns résistent déjà à l’apprentissage du pachto en raison de son association politique perçue avec les Talibans.5 Cette approche sape le concept d’un Afghanistan multiethnique et inclusif.

4.2 Rivalité Linguistique Historique et Politisation de la Langue

L’émergence du pachto comme langue officielle au XXe siècle, aux côtés de la domination historique du dari, a déclenché une rivalité profonde et une divergence linguistique entre les deux langues et leurs groupes ethniques respectifs.3 Cette rivalité a constamment favorisé une conscience ethnique et linguistique, conduisant à des débats et des conflits permanents sur les politiques de planification linguistique.3 Tout au long de l’histoire moderne de l’Afghanistan, la langue a souvent été utilisée à des fins politiques, utilisée par les dirigeants pour obtenir le soutien de différentes communautés linguistiques. Cela a souvent entraîné une préférence pour une langue par rapport à l’autre, en fonction de l’agenda politique.3 La controverse entourant la stipulation de la Constitution de 2004 selon laquelle l’hymne national serait en pachto, suscitant des réserves chez certains Afghans, témoigne de cette politisation continue.3

Le récit historique démontre clairement que la politique linguistique en Afghanistan a été un champ de bataille pour le pouvoir politique et ethnique.3 La « rivalité et divergence linguistique » 3 ne concernent pas seulement l’efficacité de la communication ; elles portent fondamentalement sur qui contrôle le récit national, qui définit l’identité nationale et dont l’héritage culturel est privilégié au sein de l’État. Les Talibans, en tant que mouvement enraciné dans un contexte ethnique et idéologique spécifique 7, exploitent et intensifient activement cette dynamique historique pour consolider leur pouvoir et imposer leurs normes culturelles et linguistiques. La suppression du dari est une démarche stratégique dans ce conflit politique et ethnique persistant. Elle représente une tentative de démanteler les compromis linguistiques multiethniques précédents (par exemple, le statut co-officiel inscrit dans les constitutions passées) et de les remplacer par un cadre plus ethniquement exclusif. Cela renforce la perception que le régime taliban est intrinsèquement partisan et exclusif, sapant potentiellement tout effort de réconciliation nationale à large base ou de stabilité.

4.3 Déconnexion avec la Direction Talibane Formée au Pakistan

Une partie significative de la direction et des cadres des Talibans a été éduquée au Pakistan, en particulier pendant leur période de réfugiés.5 Ce parcours éducatif a eu un impact profond sur leurs préférences et compétences linguistiques. Ces dirigeants ont souvent imposé l’ourdou aux côtés du pachto comme langues principales de l’administration dans les zones qu’ils contrôlaient.5 Cette éducation externe a entraîné une maîtrise limitée du dari chez certains responsables talibans. Par exemple, le premier gouverneur taliban d’une province, Hamidullah Niyazmand, éduqué au Pakistan, aurait été incapable de parler le baloutche ou le dari, ce qui a entraîné des difficultés de communication et une aliénation des populations locales.5 Cet écart linguistique est également mis en évidence par l’observation selon laquelle « la plupart des Talibans ne connaissent pas le dari » 10, ce qui est cité comme une raison pour exiger des traductions en pachto.10

Le fait que de nombreux dirigeants talibans aient été éduqués au Pakistan 5 signifie que leur exposition linguistique et leur aisance se situent principalement avec le pachto et, dans une certaine mesure, l’ourdou. Ce contexte influence directement leurs choix de langue administrative, conduisant à une préférence pour le pachto et à un manque potentiel de maîtrise du dari.10 L’imposition historique de l’ourdou aux côtés du pachto dans les zones contrôlées par les Talibans formés au Pakistan 5 illustre en outre la façon dont les expériences externes façonnent les politiques internes. Il ne s’agit pas purement d’une question idéologique ; c’est aussi un choix pragmatique dicté par les capacités linguistiques de l’élite dirigeante. Cela suggère que la suppression du dari n’est pas seulement une décision idéologique enracinée dans le nationalisme pachtoun, mais aussi une décision pragmatique influencée par les limitations linguistiques et le bagage culturel d’une partie importante de la direction talibane. Cela crée une déconnexion fonctionnelle entre les dirigeants et une grande partie des gouvernés, exacerbant potentiellement les défis de gouvernance, entravant une communication efficace et aliénant davantage la population dari-locutrice.

5. Implications et Impacts Plus Larges

Cette section analyse les conséquences étendues de la suppression du dari par les Talibans, s’étendant au-delà des fonctions administratives pour affecter l’identité culturelle, les relations interethniques et les droits humains fondamentaux.

5.1 Érosion de l’Identité Culturelle et de la Diversité Linguistique

Le dari n’est pas seulement une langue d’administration ; c’est la langue maternelle de plusieurs groupes ethniques afghans importants, y compris les Tadjiks, les Hazaras et les Aïmaqs.1 Sa suppression a un impact direct sur leur identité culturelle et leur héritage. La perception historique selon laquelle le terme « dari » lui-même a été imposé aux locuteurs persans pour rompre leurs liens avec le monde persanophone plus large 4 souligne les sensibilités culturelles profondes impliquées. Les actions des Talibans font écho à leur régime précédent (1996-2001), qui a été condamné pour « génocide culturel », y compris la destruction de textes et d’artefacts historiques.7

La politique linguistique fait partie d’un effort plus large visant à imposer une interprétation étroite de la loi islamique et des normes culturelles. La nouvelle « loi sur la moralité » étend les politiques discriminatoires et restreint la liberté d’expression, y compris l’interdiction de contenus jugés contraires à leur compréhension de la charia.22 Cette approche globale vise à homogénéiser la culture afghane selon la vision des Talibans, diminuant sa riche diversité. Des institutions comme l’Académie des sciences d’Afghanistan, officiellement chargée de réglementer le pachto et le dari, sont confrontées à des défis, notamment un manque d’infrastructures adéquates.25 Cela entrave davantage les efforts de préservation et de développement équitable des deux langues.

En restreignant systématiquement le dari, les Talibans ne se contentent pas de changer la langue administrative ; ils s’attaquent activement à l’identité culturelle et à l’héritage de groupes ethniques importants.1 Cela s’aligne avec les accusations historiques de « génocide culturel » pendant leur régime précédent.7 La « loi sur la moralité » plus large, qui restreint la liberté d’expression et impose des normes culturelles spécifiques 22, suggère un effort idéologique complet pour imposer une vision culturelle singulière et étroite à l’Afghanistan. Il s’agit d’une tentative délibérée de démanteler le pluralisme inhérent au pays. Cette politique risque d’éroder irrévocablement la riche diversité linguistique et culturelle de l’Afghanistan, la remplaçant par une identité plus monolithique, centrée sur les Pachtouns. Cela pourrait entraîner une perte permanente d’expressions culturelles uniques, de récits historiques et un sentiment d’unité nationale diminué, favorisant potentiellement un ressentiment et une instabilité à long terme. Cela sape également les institutions mêmes (comme l’Académie des sciences d’Afghanistan25) qui sont censées préserver et développer le patrimoine linguistique diversifié du pays, signalant un mépris pour les infrastructures intellectuelles et culturelles.

5.2 Aliénation des Communautés Non-Pachtounes

La politique linguistique exacerbe directement les tensions ethniques existantes en Afghanistan. Les locuteurs locaux du baloutche et du dari ont signalé se sentir aliénés par l’administration talibane en raison de difficultés de communication importantes avec les nouveaux fonctionnaires du gouvernement, dont beaucoup avaient été éduqués au Pakistan et ne parlaient pas le dari.5 Cette aliénation est aggravée par le fait que les non-Pachtouns ont, dans de nombreuses régions, activement résisté à l’apprentissage du pachto précisément en raison de son association politique fortement perçue avec les Talibans.5 La controverse historique entourant l’hymne national en pachto, qui a suscité des réserves chez ceux qui estimaient qu’il ne représentait pas tous les Afghans 3, illustre davantage ce sentiment profond d’exclusion. L’évaluation des experts de l’ONU selon laquelle le régime taliban manque d’ »inclusivité » 26 se reflète directement dans ces politiques linguistiques.

L’aliénation documentée des locuteurs du dari et du baloutche en raison des barrières de communication 5 et la résistance active à l’apprentissage du pachto en raison de son association avec les Talibans 5 indiquent clairement que la politique linguistique intensifie les tensions ethniques existantes. Cela contredit directement toute notion de gouvernement inclusif 26 et renforce plutôt la perception d’un régime partisan, dominé par les Pachtouns. La « rivalité et divergence linguistique » historiques 3 sont activement enflammées plutôt que réconciliées. En favorisant ouvertement le pachto et en supprimant le dari, les Talibans renforcent et approfondissent les divisions ethniques en Afghanistan plutôt que de favoriser l’unité nationale. Cela pourrait entraîner une augmentation de la dissidence interne, des mouvements de résistance localisés potentiels et une instabilité à long terme, car les communautés non pachtounes se sentent systématiquement marginalisées, privées de leurs droits et exclues de la structure de gouvernance. Cela sape fondamentalement le contrat social nécessaire à une gouvernance stable et inclusive.

5.3 Impact sur la Gouvernance, l’Éducation et les Médias

Le passage administratif à une communication uniquement en pachto, associé au manque de maîtrise du dari signalé chez de nombreux responsables talibans et à l’utilisation généralisée du dari par les fonctionnaires et la population générale, entraîne inévitablement des inefficacités importantes en matière de gouvernance.10 Cela crée un goulot d’étranglement bureaucratique et entrave la prestation efficace des services publics.

Les politiques linguistiques des Talibans sont étroitement liées à leurs restrictions plus larges et draconiennes en matière d’éducation. Ils ont interdit toute éducation aux filles au-delà de l’école primaire 7 et imposé des restrictions sur les programmes éducatifs diffusés dans les médias locaux.19 Ce déni systématique d’éducation, en particulier pour les filles, constitue une grave violation des droits humains et a des implications à long terme pour le capital humain et le développement de l’Afghanistan. La préférence des Talibans pour les écoles islamiques (madrasas) 23 indique en outre une restructuration idéologique du système éducatif.

Les Talibans ont mis en œuvre une censure étendue et des violences contre les médias afghans. Des centaines de médias ont été contraints de fermer, et environ 80 % des femmes journalistes ont perdu leur emploi.11 Ils ont interdit les programmes d’information internationaux (VOA, BBC) en dari, pachto et ouzbek 11, et ont émis de nouvelles directives interdisant la critique du régime, exigeant une autorisation préalable pour les programmes politiques et la vérification des analystes.13 Les interdictions d’images d’êtres vivants 12 et de voix de femmes à la radio 12 restreignent davantage la liberté d’expression.

Les données révèlent un schéma clair et troublant : la suppression de la langue (dari) n’est pas une politique isolée, mais est mise en œuvre concurremment avec de sévères restrictions sur l’éducation (en particulier pour les femmes et les filles) 7 et les médias (censure, interdictions, violence contre les journalistes).11 Ce sont toutes des facettes d’un régime cherchant un contrôle totalitaire sur l’information, la pensée et la vie publique, conformément à une « règle draconienne ».22 L’accent mis sur la communication uniquement en pachto dans l’administration 9, associé à une direction qui manque de maîtrise du dari 10, crée un goulot d’étranglement interne en matière de communication qui centralise davantage le pouvoir au sein de l’élite pachtoune. Cela suggère que la suppression linguistique est une stratégie délibérée pour contrôler les récits, limiter l’accès à des informations diverses (y compris les nouvelles internationales) et faire respecter la conformité idéologique. En paralysant les médias indépendants et l’éducation, et en rendant l’administration inaccessible à une grande partie de la population, les Talibans créent un vide informationnel et limitent les voies de dissidence ou de points de vue alternatifs, renforçant ainsi leur emprise autoritaire et étouffant tout potentiel de société pluraliste.

Tableau 3 : Comparaison des Messages des Talibans sur les Droits des Femmes et l’Éducation selon les Langues

Langue du Message Thèmes Clés/Accent Sources Public Implicite/Objectif
Pachto & Dari/Farsi

Droits des femmes conformes aux principes islamiques ; accès des femmes à l’éducation/force de travail ; critiques externes basées sur des mensonges ; focus sur les écoles non mixtes, déclaration du Chef Suprême 24

24 Public afghan interne, justification idéologique, déviation des critiques.
Arabe

Faible accent sur l’éducation/participation des femmes à la force de travail ; fort accent sur le manque de sincérité des nations occidentales envers les droits des femmes ; contenu sur les lois du hijab, les mauvais traitements en Occident, le soutien aux écoles non mixtes 24

24 Public du Moyen-Orient, narration anti-occidentale, alignement religieux.
Anglais

Fort soutien à l’élargissement de l’éducation des femmes ; discussion limitée sur la promotion des droits des femmes islamiques et la critique des mouvements occidentaux ; très favorable aux femmes dans la force de travail et l’éducation 24

24 Public international/occidental, image adoucie, recherche de légitimité.

Ce tableau est précieux car il révèle la communication stratégique des Talibans et les contradictions potentielles. Les rapports 24 indiquent explicitement que la messagerie des Talibans varie selon les langues et les publics cibles. Ce tableau démontre visuellement comment les Talibans adaptent leurs messages sur des sujets sensibles comme les droits des femmes et l’éducation. En comparant les thèmes à travers les langues, le tableau met en évidence des différences dans la messagerie. Par exemple, la messagerie en anglais peut insister sur le soutien à l’éducation des femmes, tandis que la messagerie en arabe peut se concentrer davantage sur la critique des droits des femmes occidentaux.24 Ces divergences peuvent révéler les véritables priorités et contradictions internes des politiques des Talibans. Pour les décideurs politiques, la compréhension de ces stratégies de messagerie nuancées est vitale, car si les Talibans présentent un visage plus modéré à l’Occident tout en appliquant des politiques plus dures en interne, ce tableau fournit des preuves d’une telle double norme, éclairant la manière dont l’engagement international devrait se dérouler.

5.4 Préoccupations en Matière de Droits Humains (Liberté d’Expression, Droits Culturels)

Le régime taliban est caractérisé par des violations généralisées et systématiques des droits humains, y compris de sévères restrictions à la liberté d’expression et aux médias, des arrestations arbitraires, des violences contre les journalistes et une censure omniprésente.11 Cela fait partie d’un « système institutionnalisé de discrimination, de ségrégation, de mépris de la dignité humaine et d’exclusion des femmes et des filles » 18, que les experts de l’ONU décrivent comme un « apartheid de genre » et des « crimes contre l’humanité, y compris le crime de persécution de genre ».22

La suppression du dari restreint directement la liberté d’expression d’une partie importante de la population et sape les droits culturels en dévalorisant une langue majeure et son héritage associé.4 Cela s’aligne avec la « loi sur la moralité » plus large qui restreint diverses libertés, y compris la parole et l’association.22 La communauté internationale, y compris les organismes de l’ONU et les organisations de défense des droits humains, a constamment condamné le bilan des Talibans en matière de droits humains.7 Ils soulignent que le droit international exige la promotion des droits humains indépendamment des systèmes politiques ou culturels, et rejettent l’affirmation des Talibans selon laquelle les droits des femmes sont une « affaire interne ».26

La restriction du dari, bien qu’apparaissant comme une politique linguistique, est intrinsèquement liée et contribue à la crise plus large des droits humains en Afghanistan. Elle restreint directement la liberté d’expression d’une partie importante de la population 22, a un impact sur les droits culturels en dévalorisant une langue majeure et son héritage associé 4, et contribue au « système institutionnalisé de discrimination » 18 contre les groupes ethniques non pachtouns et les femmes (qui sont touchées de manière disproportionnée par toutes les politiques des Talibans, y compris celles liées à la communication et à l’accès à l’information et à l’éducation). Les fortes condamnations de l’ONU 26 et des organisations de défense des droits humains 11, y compris la qualification de la situation d’ »apartheid de genre » 26, soulignent la gravité et la nature systémique de ces abus. La suppression du dari n’est pas une politique isolée mais un facteur contribuant à la crise globale des droits humains des Talibans. Elle démontre comment le contrôle linguistique peut être un outil puissant de discrimination et de persécution systémiques, renforçant l’argument selon lequel la communauté internationale ne devrait pas normaliser le régime taliban 26 sans des améliorations démontrées et vérifiées de manière indépendante par rapport aux critères des droits humains. Cette politique sape directement les obligations internationales de l’Afghanistan en matière de droits humains.

6. Réactions Internationales et Locales

Cette section détaille les réponses des organismes internationaux, des organisations de défense des droits humains et des communautés afghanes aux politiques des Talibans, en particulier en ce qui concerne les droits humains et la langue.

6.1 Réponses des Organismes des Nations Unies et des Organisations de Défense des Droits Humains

Le gouvernement taliban reste largement non reconnu par la communauté internationale en raison de ses violations flagrantes des droits humains, en particulier à l’égard des femmes et des filles.7 Les experts de l’ONU ont catégoriquement exhorté la communauté internationale à ne pas normaliser le « régime violateur des droits humains » des Talibans, citant spécifiquement leur « système institutionnalisé de discrimination, de ségrégation, de mépris de la dignité humaine ».26

L’UNAMA (Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan) et diverses organisations de défense des droits humains comme Human Rights Watch (HRW) et Amnesty International ont constamment documenté une « litanie d’édits, de règles et de politiques qui restreignent pratiquement tous les aspects de la vie des femmes et des filles ».15 Leurs rapports détaillent des mesures étendues contre les femmes, des exécutions arbitraires, la torture et de sévères restrictions à la liberté d’expression et aux médias, y compris l’arrestation et la violence contre les journalistes.11 Le Rapporteur spécial de l’ONU sur les droits humains en Afghanistan a même été interdit de visiter le pays.18

Les organismes internationaux préconisent une « approche tous outils » combinant la responsabilisation et une documentation accrue, ainsi qu’un soutien et une protection accrus pour le peuple afghan.26 Des appels sont lancés pour la codification de l’ »apartheid de genre » 18, et certaines nations (Allemagne, Australie, Canada, Pays-Bas) ont engagé des poursuites judiciaires contre l’Afghanistan devant la Cour internationale de Justice pour discrimination fondée sur le genre.18 Il convient de noter que l’UNAMA fournit ses rapports et le contenu de son site web en anglais, dari et pachto, et que la Déclaration universelle des droits de l’homme est disponible en dari et en pachto.30 Cela témoigne d’une prise de conscience de la diversité linguistique de l’Afghanistan et d’un effort pour communiquer avec tous les segments de la population, contrastant implicitement avec les politiques restrictives des Talibans.

Il existe une condamnation constante et forte de la part des organismes de l’ONU et des organisations de défense des droits humains concernant le bilan des Talibans en matière de droits humains, y compris les restrictions à la liberté d’expression et la discrimination à l’égard des femmes et des minorités.7 La non-reconnaissance du gouvernement taliban 7 et les appels explicites à ne pas normaliser leur régime 26 signalent une position internationale unifiée. Cependant, malgré ces condamnations, cette documentation détaillée et même ces actions en justice 18, les Talibans continuent de mettre en œuvre leurs politiques restrictives, y compris la suppression de la langue. Cela suggère que si la pression internationale maintient une opposition de principe, son influence directe sur la modification des décisions de gouvernance interne des Talibans, en particulier sur les politiques motivées par l’idéologie, reste limitée. Cela met en évidence un défi important pour la communauté internationale : comment traduire la condamnation de principe en un changement de politique tangible sur le terrain. La poursuite de la mise en œuvre de politiques restrictives par les Talibans, malgré les protestations internationales, suggère la nécessité de stratégies plus robustes, coordonnées et potentiellement coercitives au-delà des simples déclarations diplomatiques, si l’objectif est d’avoir un impact réel sur les droits humains et les libertés linguistiques en Afghanistan.

6.2 Réactions des Organisations Culturelles et des Communautés Afghanes

En Afghanistan, la question de la langue est profondément sensible et liée à l’identité ethnique. De nombreux locuteurs persans afghans expriment un fort ressentiment envers le terme officiel « dari », le considérant comme une étiquette imposée par le groupe ethnique pachtoun dominant pour rompre leurs liens culturels, linguistiques et historiques avec le monde persanophone plus large, y compris l’Iran et le Tadjikistan.4 Ce différend de longue date a été ravivé par des actions externes, telles que le changement par la BBC de sa page Facebook en langue locale en « BBC Dari », ce qui a provoqué une réaction négative importante.4

Les locuteurs persans afghans s’opposent activement aux mesures qu’ils perçoivent comme des tentatives de diviser la langue persane commune en entités distinctes (dari/farsi), y voyant un « complot pour diviser le dari de la langue persane ».4 Le différend linguistique est explicitement lié à l’intensification des tensions ethniques et à une politique identitaire plus large en Afghanistan.4 De plus, les locuteurs locaux du baloutche et du dari ont signalé se sentir aliénés par l’administration talibane en raison de difficultés de communication 5, et les non-Pachtouns ont, dans certains cas, résisté à l’apprentissage du pachto en raison de son association politique fortement perçue avec les Talibans.5 Le précédent historique de l’hymne national pachtoun suscitant des réserves chez les non-Pachtouns souligne également cette dissidence interne continue.3

Les fortes réactions négatives des locuteurs persans afghans au terme « dari » lui-même 4, le considérant comme une imposition pachtoune, mettent en évidence un conflit identitaire préexistant et profondément enraciné que les politiques des Talibans exacerbent actuellement. L’aliénation documentée des locuteurs locaux due aux barrières de communication 5 et la résistance active à l’apprentissage du pachto 5 démontrent que les politiques linguistiques des Talibans ne sont pas acceptées passivement. Cette opposition interne, enracinée dans l’identité culturelle et ethnique, suggère que les efforts des Talibans pour imposer l’uniformité linguistique se heurteront à une résistance persistante, bien que potentiellement fragmentée. Les politiques linguistiques des Talibans sont susceptibles d’aggraver les divisions internes en Afghanistan, favorisant le ressentiment et pouvant conduire à une résistance à long terme et de faible intensité de la part des communautés non pachtounes. Cette opposition interne, enracinée dans l’identité culturelle et ethnique fondamentale, pose un défi important à la capacité des Talibans à obtenir une légitimité large ou une gouvernance stable et unifiée, suggérant que leurs politiques pourraient conduire à une fragmentation accrue plutôt qu’à une consolidation.

6.3 Position de la Communauté Internationale sur le Bilan des Talibans en Matière de Droits Humains

La position de la communauté internationale est claire : la reconnaissance et la normalisation du régime taliban sont subordonnées à des « améliorations démontrées, mesurables et vérifiées de manière indépendante par rapport aux critères des droits humains, en particulier pour les femmes et les filles ».26 Cette conditionnalité est renforcée par la non-reconnaissance du gouvernement taliban 8 et les appels explicites à ne pas normaliser leur régime.26

Conclusion

L’analyse de la suppression du dari par l’administration talibane révèle une politique complexe et multifacette, profondément enracinée dans l’histoire, l’ethnicité et l’idéologie. Bien que les Talibans maintiennent officiellement le statut co-officiel du dari et du pachto, les preuves accablantes de directives administratives, de changements de signalisation publique, de promotion de la terminologie pachtoune et de restrictions dans les médias et l’éducation démontrent une suppression systématique du dari au profit du pachto. Cette divergence entre la rhétorique et la réalité met en évidence une stratégie délibérée visant à projeter une image de modération à l’échelle internationale tout en poursuivant un programme ethno-nationaliste à l’intérieur du pays.

Les motivations sous-jacentes à cette suppression sont multiples. Elles découlent d’un nationalisme pachtoun profond et d’une volonté de réaffirmer l’hégémonie ethnique, s’inscrivant dans une longue histoire de rivalité linguistique et de politisation de la langue en Afghanistan. De plus, les antécédents de la direction talibane, dont beaucoup ont été éduqués au Pakistan et ont une maîtrise limitée du dari, contribuent à cette préférence pour le pachto, transformant une limitation linguistique en une politique administrative.

Les conséquences de cette politique sont vastes et préjudiciables. Elle entraîne une érosion de l’identité culturelle et de la diversité linguistique, menaçant le patrimoine de groupes ethniques importants comme les Tadjiks et les Hazaras. L’aliénation des communautés non pachtounes est exacerbée, approfondissant les divisions ethniques et sapant la cohésion nationale. Sur le plan de la gouvernance, l’imposition du pachto crée des inefficacités et des barrières de communication, entravant la prestation des services publics. La suppression du dari s’inscrit également dans une répression plus large des droits humains, affectant la liberté d’expression, l’accès à l’éducation (en particulier pour les femmes et les filles) et la liberté des médias, contribuant à un système institutionnalisé de discrimination.

La communauté internationale a unanimement condamné le bilan des Talibans en matière de droits humains et refuse de normaliser leur régime sans des améliorations tangibles et vérifiables. Cependant, l’efficacité de cette pression pour modifier les politiques internes des Talibans reste un défi. Au niveau local, les communautés afghanes, en particulier les locuteurs du dari, résistent à cette imposition linguistique, soulignant un conflit identitaire profond qui promet de persister. En somme, la suppression du dari est un indicateur clé de la nature autoritaire et exclusive du régime taliban, qui privilégie l’idéologie et la domination ethnique au détriment de la diversité nationale, de l’efficacité de la gouvernance et des droits fondamentaux de sa population.


 
Sources de l’Infographie sur la Suppression du Dari

Sources de l’Infographie

Cette section présente les sources utilisées pour compiler l’infographie sur la suppression de la langue dari en Afghanistan, classées par catégorie.

Répartition des Sources par Catégorie

Liste Détaillée des Sources

Rapports de l’ONU

[1]: Reports of the UN Secretary-General

unama.unmissions.org/reports-un-secretary-general

[1]: Recent UNAMA reports on human rights and language policy in Afghanistan

unama.unmissions.org/reports-un-secretary-general

[3]: Human Rights Situation in Afghanistan: January – March 2025 Update

unama.unmissions.org/sites/default/files/unama_update_on_human_rights_in_afghanistan_january-march_2025.pdf

[4]: Report of the Special Rapporteur on the situation of human rights in Afghanistan

docs.un.org/en/A/79/330

[5]: UNAMA statement on the hijab directive by Taliban authorities

unama.unmissions.org/unama-statement-hijab-directive-taliban-authorities

Rapports d’Organisations de Droits Humains

[6]: World Report 2023: Afghanistan | Human Rights Watch

hrw.org/world-report/2023/country-chapters/afghanistan

[7]: THE RULE OF TALIBAN – Amnesty International

amnesty.org/en/wp-content/uploads/2022/08/ASA1159142022ENGLISH.pdf

[8]: World Report 2025: Afghanistan | Human Rights Watch

hrw.org/world-report/2025/country-chapters/afghanistan

[9]: 2022 Country Reports on Human Rights Practices: Afghanistan – State Department

state.gov/reports/2022-country-reports-on-human-rights-practices/afghanistan/

[10]: International community must not normalise Taliban rule in Afghanistan

ohchr.org/en/press-releases/2024/08/international-community-must-not-normalise-taliban-rule-afghanistan

[11]: 2022 Country Reports on Human Rights Practices: Afghanistan – State Department

state.gov/wp-content/uploads/2023/03/415610_AFGHANISTAN-2022-HUMAN-RIGHTS-REPORT.pdf

[8]: World Report 2025: Afghanistan | Human Rights Watch

hrw.org/world-report/2025/country-chapters/afghanistan

[14]: Human rights in Afghanistan – Amnesty International

amnesty.org/en/location/asia-and-the-pacific/south-asia/afghanistan/report-afghanistan/

[15]: SPIA Reacts: Implications of the Taliban’s Decision to Ban Women and Girls from Attending School in Afghanistan

spia.princeton.edu/news/spia-reacts-implications-talibans-decision-ban-women-and-girls-attending-school-afghanistan

[16]: The story of a girl sold into marriage with a Taliban leader

aeon.co/essays/the-story-of-a-girl-sold-into-marriage-with-a-taliban-leader

Articles de Presse et Analyses

[18]: Afghanistan – Security Council Report

securitycouncilreport.org/monthly-forecast/2025-06/afghanistan-29.php

[19]: Taliban bans usage of Persian language in official correspondence across government institutions

satp.org/terrorism-update/taliban-bans-usage-of-persian-language-in-official-correspondence-across-government-institutions

[20]: Taliban Now Bans Broadcast of Education Programmes Above Grade Six in Khost

afintl.com/en/202408245840

[21]: Taliban’s Slow Dismantling of Afghan Media

justsecurity.org/116034/talibans-slow-dismantling-afghan-media/

[22]: Media in 3 Afghan provinces banned from showing images of living beings – VOA

voanews.com/a/media-in-3-afghan-provinces-banned-from-showing-images-of-living-beings/7826344.html

[23]: Taliban Ban Media Criticism With New Directive, Tighten Control Over Political Programming

afintl.com/en/202507037839

[24]: Discursive representation changes around the existence of the Taliban

diva-portal.org/smash/get/diva2:1721992/FULLTEXT02

[25]: How ‘safe’ is Afghanistan under the Taliban? – DW

dw.com/en/how-safe-is-afghanistan-under-the-taliban/a-72871878

[26]: Taliban Lifts Ban on Barred TV Channel, but Press Freedom in Afghanistan Remains in Peril

themedialine.org/people/taliban-lifts-ban-on-barred-tv-channel-but-press-freedom-in-afghanistan-remains-in-peril/

[27]: Afghanistan dispatches: ‘The Taliban are using only Pashtu language in their official communications.’

jurist.org/news/2021/10/afghanistan-dispatches-the-taliban-are-using-only-pashtu-language-in-their-official-communications/

[28]: Taliban interior ministry led by deputies in Haqqani’s absence

amu.tv/158581/

[19]: Taliban bans usage of Persian language in official correspondence across government institutions

satp.org/terrorism-update/taliban-bans-usage-of-persian-language-in-official-correspondence-across-government-institutions

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[29]: Language Policy in Central Asia, Afghanistan and the immediately surrounding neighboring countries

brill.com/edcollbook/title/17296

[30]: Comparing Taliban Social Media Usage by Language

rand.org/content/dam/rand/pubs/research_reports/RRA1800/RRA1830-1/RAND_RRA1830-1.pdf

[31]: AN ANALYSIS OF CONFLICT BETWEEN PASHTO AND DARI LANGUAGES OF AFGHANISTAN

nja.pastic.gov.pk/CA/index.php/CA/article/download/267/264/264

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[30]: Comparing Taliban Social Media Usage by Language

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[32]: Languages as a Key to Understanding Afghanistan’s Cultures

asianstudies.org/publications/eaa/archives/languages-as-a-key-to-understanding-afghanistans-cultures/

Ressources Générales

[35]: Spotlight on Dari – Mantra Lingua

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[36]: Taliban – Wikipedia

en.wikipedia.org/wiki/Taliban

[37]: Languages of Afghanistan – Wikipedia

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[38]: One of the World’s Largest Refugee Populations, Afghans Have Faced Increasing Restrictions in Iran

migrationpolicy.org/article/afghan-refugees-iran

[39]: Afghanistan – Wikipedia

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[40]: Sirajuddin Haqqani – Wikipedia

en.wikipedia.org/wiki/Sirajuddin_Haqqani

Organisations Culturelles et Éducatives

[41]: Concern for science and research in Afghanistan following authorities’ ban on women from higher education

council.science/news/concern-science-research-afghanistan/

[42]: Dari Or Farsi? Afghanistan’s Long-Simmering Language Dispute – Radio Free Europe

rferl.org/a/afghanistan-dari-farsi-persian-language-dispute/28840560.html

[43]: PEN Afghanistan — PEN International

pen-international.org/centre-locations/pen-afghanistan

[44]: Academy of Sciences of Afghanistan – Wikipedia

en.wikipedia.org/wiki/Academy_of_Sciences_of_Afghanistan

[45]: Pen Pals from Afghanistan (Pen Friends) – Email Exchange of Language and Cultures

mylanguageexchange.com/Pen-pals/Country/Afghanistan.asp

Infographie des sources créée pour accompagner l’analyse de la situation linguistique en Afghanistan.

Date de la dernière mise à jour : Juillet 2025.



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