«Ils nous ont jetés comme des ordures»: l’Iran se précipite à déporter 4 millions d’Afghans
Une politique d’expulsion brutale et déshumanisante
L’Iran, qui accueille depuis des décennies des millions d’Afghans, mène depuis début 2025 une politique d’expulsion accélérée, brutale, souvent nocturne, sans notification préalable ni respect des droits les plus élémentaires. On parle de plus de 250 000 personnes expulsées en un mois, avec un pic de 43 000 personnes le 1er juillet, selon l’OIM. L’objectif affiché est l’expulsion de 4 millions d’Afghans sans statut légal. Les autorités iraniennes procèdent à des arrestations ciblées, notamment de femmes seules, veuves ou mères célibataires, auparavant relativement épargnées. Elles sont arrachées à leur logement, souvent sans pouvoir prévenir leurs proches ni récupérer leurs biens ou salaires. Les banques refusent de restituer leurs fonds, ce qui s’apparente à du vol pur et simple.
Des conditions inhumaines d’expulsion et de transit
Les témoignages concordent : les familles sont entassées dans des camps de rétention insalubres, parfois sans eau ni nourriture, avec des enfants en bas âge malades et sans soins. Des femmes affirment avoir dû payer des pots-de-vin pour obtenir de l’eau ou un simple sandwich. Les trajets vers la frontière se font dans des bus surchauffés, sans climatisation, dans une chaleur caniculaire dépassant les 50°C. Des cas de morts par déshydratation et coups de chaleur sont signalés à Herat et Nimruz. Au moins 13 corps ont été recensés à la frontière ces deux dernières semaines. D’autres pourraient être liés aux frappes israéliennes en Iran, ce qui montre la complexité du contexte régional.
Le retour dans un pays hostile aux femmes seules
Une fois refoulées à la frontière afghane, ces femmes sont privées de toute autonomie : sous le régime taliban, une femme sans “mahram” (tuteur masculin) ne peut ni voyager, ni travailler, ni recevoir de terre, ni obtenir une aide humanitaire durable. Une d’entre elles raconte avoir été refusée dans un centre d’accueil avec son bébé de quatre jours, faute d’être accompagnée d’un homme. Les structures d’accueil des Talibans sont quasi inexistantes ou conditionnées à la présence d’un tuteur masculin. L’aide des ONG, bien que présente à la frontière, est limitée, temporaire, et largement insuffisante pour répondre à l’afflux massif de personnes.
Les talibans , au lieu de porter secours à ces expulsés, contrôlent tous les entrants en Afghanistan à l’aide des données biométriques laissées par les Américains, qui comprennent photos, empreintes, et toutes autres données , notamment s’ils ont travaillé pour l’ancien gouvernement. Si tel est le cas, ils les arrêtent et les envoient en prison, où trés souvent, ils disparaissent et dont leur famille n’entend plus jamais parler !
Une tragédie ignorée, mais une solidarité afghane exemplaire
Malgré l’ampleur du drame, la communauté internationale reste silencieuse. L’expulsion de femmes vers un régime pratiquant un apartheid de genre constitue pourtant une violation flagrante du droit international humanitaire. Face à cela, des gestes de solidarité émergent du peuple afghan. À Herat, des bénévoles, y compris de la fédération de football locale, distribuent nourriture et eau aux arrivants. On lit sur leurs pancartes : « Vous n’êtes pas des réfugiés, mais les propriétaires de cette demeure. » Une affirmation forte d’identité et de dignité.
Une double peine : l’exil et la tyrannie
Ces femmes subissent une double violence : expulsées de force par l’Iran, souvent sans ressources, elles sont livrées à un régime taliban qui les considère comme illégales dans l’espace public. Elles sont coincées entre deux États patriarcaux et répressifs, sans issue viable, sans recours juridique, sans protection.
Appel à la responsabilité internationale Ce drame appelle à l’arrêt immédiat des expulsions de femmes non accompagnées par l’Iran, à la reconnaissance du statut de réfugiées pour ces femmes dans les pays tiers, à la mise en place de corridors humanitaires, et à une réponse ferme à l’apartheid de genre imposé par les Talibans. Le silence est aujourd’hui un consentement. L’abandon de ces femmes est une honte pour les droits humains, un scandale moral qui doit mobiliser.
sources :
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👉 Reuters – A million more Afghans could be sent back from Iran, Red Cross warns (8 juillet 2025)
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👉 Reuters – Surge in Afghans driven from Iran in spy hunt after Israel attacks (2 juillet 2025)
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