KABOUL – Depuis leur retour au pouvoir en 2021, les Talibans ont mis en place un vaste réseau de surveillance à Kaboul, composé de 90 000 caméras de vidéosurveillance, contre seulement 850 auparavant. Ce système, présenté comme un outil de lutte contre la criminalité, suscite des inquiétudes quant à son utilisation potentielle pour réprimer la dissidence et surveiller la population, notamment les femmes.

Dans un centre de contrôle à Kaboul, des policiers talibans observent en temps réel les images captées par ces caméras, qui couvrent l’ensemble de la ville. Le système est capable de reconnaître les visages, d’identifier l’âge, le sexe, la présence de barbe ou de masque, et de zoomer sur des individus situés à plusieurs kilomètres.

Les autorités talibanes affirment que cette surveillance a permis de réduire la criminalité de 30 % entre 2023 et 2024, bien que ces chiffres ne puissent être vérifiés de manière indépendante. Elles assurent également que les données sont conservées pendant trois mois et que seules les forces de police y ont accès.

Cependant, des organisations de défense des droits humains, telles qu’Amnesty International et Human Rights Watch, expriment leur préoccupation face à l’absence de lois sur la protection des données en Afghanistan. Elles craignent que ce système ne serve à surveiller et à contrôler la population, en particulier les femmes, qui sont déjà soumises à des restrictions sévères en matière d’éducation, d’emploi et de liberté de mouvement.

Des habitants de Kaboul rapportent également avoir été contraints de contribuer financièrement à l’installation de ces caméras, sous peine de coupures d’eau ou d’électricité. Dans un pays où de nombreuses familles vivent dans la pauvreté, ces dépenses supplémentaires sont difficiles à supporter.

Ce réseau de surveillance illustre la volonté des Talibans de renforcer leur contrôle sur la société afghane, au détriment des libertés individuelles et des droits fondamentaux.

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