Apartheid de genre et crime contre l’humanité

 

L’idée principale pour qualifier l’apartheid de genre en crime contre l’humanité repose sur la reconnaissance juridique et institutionnelle de la discrimination systémique à l’égard des femmes comme une forme d’apartheid, similaire à celui fondé sur la race. L’argument central est que les pratiques des Talibans en Afghanistan constituent une ségrégation, une domination et une oppression institutionnalisées contre les femmes, répondant aux critères définis par la Convention sur l’apartheid.

Points de comparaison entre apartheid racial et apartheid de genre :

  1. Ségrégation physique et sociale
    • L’apartheid racial en Afrique du Sud imposait une séparation stricte entre les groupes raciaux dans les espaces publics, les écoles et le travail.
    • De même, l’apartheid de genre en Afghanistan impose une ségrégation stricte des sexes dans l’éducation, le travail et l’accès aux services essentiels.
  2. Discrimination systémique
    • En Afrique du Sud, les lois interdisaient aux populations non blanches de bénéficier des mêmes droits économiques, sociaux et politiques que les Blancs.
    • En Afghanistan, les femmes sont privées de leurs droits fondamentaux par des décrets limitant leur éducation, leur emploi et leur liberté de mouvement.
  3. Domination et violence institutionnalisée
    • L’apartheid racial reposait sur la répression brutale des populations noires par le biais d’arrestations arbitraires, de violences et d’exécutions.
    • L’apartheid de genre en Afghanistan impose des mariages forcés, des châtiments corporels et la suppression des voix féminines dans l’espace public.

Pourquoi reconnaître l’apartheid de genre comme crime contre l’humanité ?

  1. Alignement avec le droit international
    • La Convention sur l’élimination et la répression du crime d’apartheid interdit la domination d’un groupe sur un autre de manière systématique et institutionnelle.
    • Si le critère de « race » peut être remplacé par celui de « genre », alors l’apartheid de genre devient une violation grave du droit international.
  2. Responsabilité des États et des institutions
    • Une reconnaissance officielle permettrait de poursuivre les responsables devant des tribunaux internationaux.
    • Les États parties au Statut de Rome pourraient exercer leur compétence universelle pour juger les auteurs de cet apartheid, même si les crimes sont commis en Afghanistan.
  3. Renforcement des droits des femmes
    • La criminalisation de l’apartheid de genre garantirait une protection juridique accrue et encouragerait des actions internationales pour soutenir les victimes.
    • Cela enverrait un message fort contre l’utilisation de justifications culturelles et religieuses pour légitimer l’oppression des femmes.

Ainsi, la transformation de l’apartheid de genre en crime contre l’humanité repose sur l’élargissement de la définition du crime d’apartheid pour inclure la discrimination systémique fondée sur le sexe, en mettant en évidence ses similarités avec l’apartheid racial.

La demande de mandats d’arrêt par le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) à l’encontre des dirigeants talibans, Haibatullah Akhundzada et Abdul Hakim Haqqani, pour persécution liée au genre en tant que crime contre l’humanité, ne constitue pas en soi une reconnaissance officielle de l’apartheid de genre en tant que crime distinct. Cependant, cette initiative représente une avancée significative vers la reconnaissance et la poursuite des persécutions systématiques basées sur le genre.

Amnesty International a salué cette démarche, la qualifiant d’importante pour la justice envers les femmes, les filles et les personnes LGBTQI+ en Afghanistan. L’organisation a également exhorté la communauté internationale à reconnaître l’apartheid fondé sur le genre comme un crime de droit international, renforçant ainsi les efforts pour combattre les régimes d’oppression systématique basés sur le genre.

Amnesty International

En résumé, bien que la CPI n’ait pas encore officiellement reconnu l’apartheid de genre comme un crime spécifique contre l’humanité, les actions récentes contre les dirigeants talibans pour persécution liée au genre pourraient ouvrir la voie à une telle reconnaissance à l’avenir.

La CPI demande des mandats d’arrêt contre des dirigeants talibans pour persécutions liées au genre

El País

La Fiscalía del Tribunal Penal Internacional pide detener al líder de los talibanes por perseguir a las mujeres

 

Reuters

ICC prosecutor seeks arrest warrants for two Taliban leaders in Afghanistan

 

AP News

ICC prosecutor requests warrants for Afghan Taliban leaders over persecution of women

 

 



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