Femmes journalistes afghanes : informer en secret, résister en silence

Depuis le retour au pouvoir des Talibans en août 2021, l’Afghanistan est passé de la 122e à la 178e place au classement de la liberté de la presse de RSF (2024). Les femmes journalistes, en particulier, subissent un effondrement de leurs conditions de travail : 80 % d’entre elles ont perdu leur emploi et plus de 40 % des médias ont fermé.
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Méthodologie
Le rapport repose sur une enquête menée en juillet-août 2025 auprès de 101 femmes journalistes afghanes. La majorité est très jeune (plus de 80 % ont entre 20 et 30 ans) et relativement peu expérimentée. La plupart travaillent en ligne ou à la radio, souvent basées à Kaboul.
Principaux résultats
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Permission de travailler : seules 6,9 % travaillent officiellement et librement. 35,6 % exercent sous restrictions, 24,8 % ont dû arrêter, 32,7 % poursuivent clandestinement.
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Restrictions : pertes d’emploi (54,5 %), censure (50,5 %), interdiction d’interviewer des hommes (46,5 %), codes vestimentaires imposés (33,7 %), surveillance (28,7 %), accès limité aux équipements (44,6 %).
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Menaces : 55,4 % ont reçu des menaces personnelles, 15,8 % des menaces contre leur média.
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Censure et contenu : plus de 90 % des répondantes ont été contraintes de modifier leurs articles, souvent de façon substantielle.
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Soutien : 80,2 % n’ont reçu aucune aide en 2024-2025 ; 85,1 % n’ont bénéficié d’aucune formation en sécurité ou plaidoyer depuis août 2021.
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Résilience : malgré tout, 67,3 % considèrent que leur expertise garde toute sa valeur, et 38,6 % continuent à travailler secrètement depuis leur domicile.
Perspectives
L’avenir est sombre : 49,5 % ne pensent pas pouvoir continuer à travailler dans l’année à venir. Seules 14,9 % croient que les femmes pourront encore exercer le journalisme en Afghanistan l’an prochain.
Cependant, leur persistance illustre une résilience extraordinaire, un « quotidien de résistance » pour maintenir une identité professionnelle et continuer à informer, malgré l’oppression.
Recommandations
Le rapport insiste sur la nécessité :
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de financer durablement des programmes d’assistance directe,
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de renforcer la sécurité numérique et physique,
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d’apporter un soutien psychologique,
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de stabiliser le travail en freelance,
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de créer des réseaux sécurisés de communication et de publication.
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