L’opposition démocratique afghane face aux talibans franchit des étapes importantes

Par Nigara Mirdad
Ancienne diplomate
Founder of Afghanistan female diplomats Network

Depuis la prise de pouvoir des talibans en août 2021, le régime a fermé les écoles secondaires pour les filles, interdit les femmes d’université et de la plupart des espaces publics, transformant le pays en ce que les experts de l’ONU qualifient de système d’« apartheid de genre ». Pourtant, des cendres de la République a émergé une opposition vaste et diverse : responsables politiques, acteurs de la société civile, dirigeantes féminines, mouvements de résistance et figures culturelles représentant les traditions ethniques multiples de l’Afghanistan. Nous avons refusé d’accepter l’idée que la domination talibane serait inévitable.

Mais au lieu de soutenir cette résistance démocratique, la communauté internationale a répondu par la critique. On nous a mis en garde contre notre fragmentation, exhortés à nous accommoder plutôt qu’à résister, et tacitement invités à accepter un statu quo intenable au nom du pragmatisme. Ainsi, quatre ans après la prise de pouvoir illégitime des talibans, l’opposition démocratique afghane se retrouve marginalisée précisément dans les pays dont nous défendons les valeurs chez nous. Nos diplomates ont été privés d’accréditation. Nos ambassades ont été fermées. Nos dirigeants de la résistance ont été accueillis avec froideur.

Dans cette réalité difficile, une nouvelle génération d’organisations politiques, civiles et dirigées par des femmes a émergé — parmi lesquelles Mosaic, Women for Afghanistan, Farageer, l’Association pour la coordination des diplomates, ainsi que ma propre organisation, le Afghanistan Female Diplomat Network. Malgré les défis du déplacement, du manque de reconnaissance et des conditions de réfugiés, ces nouvelles organisations — dont beaucoup sont dirigées par des femmes — ont bâti des structures pour défendre les droits de tout le peuple afghan. Nous reconnaissons nos imperfections, mais nous savons aussi que la coopération et le pluralisme sont essentiels à notre réussite.

Notre coopération a franchi un cap majeur cette année lors de la conférence dite de Vienne, où plus de cinquante organisations représentant des horizons politiques, civils et sociaux divers, de l’intérieur comme de l’extérieur du pays, se sont réunies. Nous avons convenu d’une feuille de route inclusive pour l’avenir de l’Afghanistan et esquissé une vision commune pour surmonter la crise actuelle. Après Vienne, la Fondation Mosaic a invité les groupes ayant soumis des feuilles de route à confronter leurs visions — leurs convergences comme leurs divergences. Sur cette base, Mosaic a publié plus tôt cette année une feuille de route composite, un document complet rassemblant les principes partagés par ces différentes propositions.

Parallèlement à ces efforts, les femmes d’Afghanistan ont montré des avancées remarquables en organisant plusieurs grandes assemblées rassemblant des femmes de toutes traditions ethniques et religieuses. Ces rencontres ont défendu les droits fondamentaux des femmes et des filles afghanes à vivre en égales dans leur propre pays — une vision que les talibans cherchent à effacer.

Malgré ces progrès, un soutien international solide en faveur d’une alternative démocratique aux talibans tarde encore à venir. Craignant de provoquer les talibans — un régime brutal qui nie les droits les plus fondamentaux à la moitié de sa population tout en endoctrinant l’autre moitié dans les dizaines de milliers de madrassas désormais disséminées dans le pays — les alliés occidentaux se sont abstenus d’apporter leur appui à notre résistance et ont activement découragé l’opposition, conseillant plutôt l’accommodement et le pragmatisme.

Cette contradiction est flagrante. L’Occident soutient légitimement la résistance armée à l’agression russe en Ukraine et à des groupes soutenus par l’Iran au Moyen-Orient. Mais en Afghanistan, on nous conseille de renoncer à notre droit de résister au régime impitoyable des talibans. On nous encourage à abandonner notre droit fondamental à l’autodéfense, alors même que ce droit est défendu avec force pour d’autres.

Mais malgré ces obstacles, le peuple afghan est resté déterminé et organisé. Nous avons créé des structures démocratiques, rédigé des feuilles de route complètes, bâti des réseaux politico-civils et relié les groupes féminins, culturels et militaires au sein d’un mouvement cohérent. La semaine dernière encore, des représentants de notre réseau se sont rendus à Bruxelles, où ils ont informé les responsables européens de notre vision commune pour l’avenir de l’Afghanistan. Ensemble, nous démontrons qu’une alternative démocratique crédible, organisée et inclusive aux talibans existe bel et bien.

Nous continuerons à faire notre part. Mais nous appelons aussi les alliés du peuple afghan — ceux qui partagent notre engagement envers les droits humains, notre amour de la liberté et notre croyance en une prospérité partagée — à faire la leur. Cela signifie reconnaître et engager un dialogue avec l’opposition démocratique afghane, non pas comme seul représentant du peuple afghan, mais comme un acteur clé de son passé, de son présent et de son avenir. Cela signifie fournir un soutien politique, diplomatique et matériel aux Afghans qui s’opposent à la vision déformée des talibans pour le pays, et offrir les plateformes grâce auxquelles les Afghans pourront — eux-mêmes — bâtir un avenir démocratique. Cela signifie enfin reconnaître que la résistance à la tyrannie — qu’elle se déroule à Kyiv ou à Kaboul — mérite le soutien du monde libre.

La question posée à la communauté internationale est simple : choisirez-vous de vous tenir aux côtés du peuple afghan dans sa lutte pour la démocratie, le pluralisme et les droits humains, ou l’abandonnerez-vous à un régime qui est l’antithèse de tout ce que vous affirmez défendre ?

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