La résistance des femmes afghanes : un combat intérieur et transnational

 

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Depuis le retour des talibans au pouvoir en août 2021, les femmes afghanes subissent un régime de répression systématique sans précédent. Interdites d’éducation, exclues du travail, réduites à l’invisibilité publique, elles sont les premières victimes de ce que l’ONU qualifie désormais d’apartheid de genre. Pourtant, dans un contexte d’oppression extrême, une résistance féminine — à la fois souterraine et internationale — s’organise avec courage, créativité et détermination.

La résistance intérieure : audace sous la menace

Protestations spontanées et réseaux informels

Dès les premiers décrets talibans bannissant les femmes des écoles, des universités ou de la plupart des emplois, des groupes de femmes ont manifesté dans les rues de Kaboul, Hérat ou Mazar-e-Sharif, parfois avec des pancartes simples : « Travail, pain, liberté ». Ces actions, souvent silencieuses ou éclairs, sont systématiquement réprimées — arrestations, tortures, détentions arbitraires, voire disparitions.

Parmi les figures de cette résistance, des noms comme Tamana Zaryabi Paryani, Zahra Mohammadi, ou Matiullah Wesa (soutien de la cause féminine) ont été emprisonnés ou contraints à la clandestinité. Pourtant, des groupes comme le Spontaneous Movement of Afghan Women, Women’s Unity and Solidarity Team ou Rawzana Movement continuent de se mobiliser via des canaux cryptés, des vidéos virales et des réseaux de solidarité.

Éducation clandestine et entraide communautaire

De nombreuses enseignantes organisent des cours clandestins à domicile, malgré les risques énormes. Rien qu’à Kaboul, plus de 300 classes secrètes auraient vu le jour selon Rukhshana Media (2023). D’autres femmes s’engagent dans des formes discrètes de résistance : soins médicaux, soutien psychologique, formation à distance, distribution de nourriture. Ces initiatives, moins visibles mais vitales, permettent de maintenir un minimum d’autonomie et d’espérance dans une société en régression.

La résistance extérieure : la diaspora en première ligne

Mobilisation politique et plaidoyer international

Les femmes afghanes exilées — réfugiées en Europe, aux États-Unis, en Iran ou au Pakistan — jouent un rôle central dans la dénonciation du régime taliban. Des figures comme Shaharzad Akbar (ancienne présidente de la Commission des droits humains), Sima Samar, ou Fawzia Koofi (ancienne députée) interviennent régulièrement dans les médias et les forums internationaux.

Elles interpellent l’ONU, les gouvernements occidentaux et les ONG, exigeant des sanctions ciblées contre les talibans, la reconnaissance de l’apartheid de genre comme crime contre l’humanité, et surtout, la non-légitimation du régime.

Campagnes médiatiques et culturelles

Des campagnes telles que #LetAfghanGirlsLearn, #StopGenderApartheid, ou #RaiseAbidasVoice mobilisent une audience mondiale. À travers des pétitions, des vidéos, des campagnes sur les réseaux sociaux ou des expositions artistiques, la diaspora féminine donne une voix à celles restées dans l’ombre en Afghanistan.

Réseaux transnationaux de solidarité

Des collectifs comme Afghan Women’s Network, Women Leaders of Tomorrow (Canada), ou NEGAR tissent des liens entre résistantes de l’intérieur et militantes de l’extérieur. Leur rôle : faciliter l’accès à l’aide humanitaire, documenter les violations des droits humains, assurer un relais politique et médiatique constant.

Obstacles et dilemmes stratégiques

Entre clandestinité et visibilité

Les résistantes doivent sans cesse arbitrer entre leur sécurité personnelle et la visibilité indispensable à leur combat. Trop d’exposition peut entraîner des représailles contre leurs proches restés sur place. Trop de silence, et leur lutte risque d’être oubliée. Ce dilemme hante chaque mot, chaque geste, chaque apparition.

Manque de soutien institutionnel

Si la communauté internationale se montre prompte à dénoncer, elle tarde trop souvent à agir concrètement. Le désintérêt croissant des médias, les hésitations diplomatiques autour d’une reconnaissance officielle des talibans, et la baisse de l’aide humanitaire compliquent le travail de plaidoyer et d’organisation — à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.

Une résistance vitale pour l’Afghanistan

Face à l’idéologie misogyne et totalitaire des talibans, les femmes afghanes opposent un courage sans égal. Leur résistance — par le savoir, par la parole, par l’entraide — constitue aujourd’hui la seule ligne de front encore active pour préserver la dignité, la mémoire et l’avenir de l’Afghanistan.

Ce combat mérite plus qu’une solidarité ponctuelle : il exige un soutien stratégique, une mobilisation internationale constante, et la reconnaissance de leur lutte comme fondement d’un Afghanistan libre, égalitaire, et digne de ses filles.

NDR :

  • Plus de 90 % des femmes sont exclues du marché du travail en Afghanistan (UNDP, 2024)
  • L’apartheid de genre est désormais reconnu comme une réalité par ONU Femmes
  • Depuis août 2021, plus de 1 000 femmes ont été arrêtées ou détenues arbitrairement pour leur activisme (HRW/UNAMA)
  • Les femmes sont interdites de lycées, universités, salles de sport, parcs, ONG et vie politique
  • Les Talibans ont remplacé le ministère des Affaires féminines par un organe de répression qui consacre 98 % de ses activités à imposer des restrictions

sources :

  • The Guardian, 6 mai 2025 – « Fouettées devant tout le monde » : témoignage de femmes afghanes punies publiquement par les talibans
    https://www.theguardian.com
  • BBC Persian / Dari – Nombreux entretiens avec des militantes afghanes en exil, dont Mahbouba Seraj et Shaharzad Akbar
    https://www.bbc.com/persian
  • 8am.media, avril-mai 2025 – Articles réguliers sur les manifestations de femmes à Kaboul, Hérat, et les arrestations de militantes
  • Rukhshana Media – Média afghan féministe indépendant couvrant la résistance souterraine, les écoles clandestines, les mobilisations
    https://rukhshana.com
  • France 24, février 2024 – « Afghanistan : les femmes défient les talibans »
    https://www.france24.com/fr



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